Chapitre 9

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Pour ceux qui pensaient que les choses allaient enfin rentrer dans l'ordre, je suis désolée d'annoncer que ce n'est pas le cas. Clarence a fait ce qu'elle sait le mieux faire : fuir. A peine le réveil avait-il sonné le matin qu'elle s'était enfuie de la chambre pour échapper à Léane qui, elle, n'a rien compris à la situation.

Nous sommes désormais lundi, et Léane est sur un banc en face du foyer des élèves. Maëva se plaint de la reprise en avalant un sachet de Granola, et Quentin enlace Léane en lui ébouriffant les cheveux pour lui signifier qu'elle lui a manqué. Ils sont amis depuis bien cinq ans maintenant, et si parfois leurs gestes l'un envers l'autre peuvent paraître ambigus, tout est clair à leurs yeux : ils sont amis. Rien de plus, rien de moins...

Mais au moment où Léane se glisse sur la pointe de ses pieds pour venir arranger la coiffure de Quentin qui a été ravagée par le port de son casque audio, Clarence passe dans le couloir. Flanquée de ses copines habituelles, elle marque un arrêt devant les portes du foyer, la mâchoire crispée, les poings serrés.

Léane se sent observée et tourne imperceptiblement la tête. Tennis plates, jean, blouson bleu, écharpe rouge, cheveux attachés. Léane sent bien que Clarence a eu une flemme infernale ce matin, et pour une raison qu'elle ignore, cela lui donne envie de sourire. Pas parce qu'elle espère être la raison de ce trouble que subit la jeune fille, mais parce que même habillée de façon je m'enfoutiste, Clarence reste d'un charme à lui en couper le souffle. Elle a l'air épuisée et énervée, mais cela ne l'attire que plus encore. Lorsque Quentin décide de la prendre dans ses bras à nouveau, Léane voit Clarence plisser les yeux, attraper Pauline d'une main et tourner les talons pour se glisser dans le foyer.

Léane reprend sa respiration et profite de l'étreinte rassurante de son ami en le pressant plus fort contre elle. Mais l'échange silencieux entre Clarence et elle n'a pas échappé à Maëva qui commence à s'impatienter. Elle sourit à Quentin, tire sa meilleure amie par le bras :

― Tu permets que je te l'emprunte deux secondes ?

Bien sûr, Quentin hoche la tête, de toute façon la question n'était que pour la forme. Maëva écarte un peu Léane dans le couloir, croise ses bras et lui fait face. Léane lève les yeux au plafond. Elle en a un peu marre de se faire remonter les bretelles à chaque fois. Un peu marre parce qu'elle est flinguée plus qu'elle ne le laisse paraître et elle essaye de se sauver comme elle le peut. Elle arrive très bien à faire sans Clarence, mais lorsqu'elle la voit... C'est comme si elle la voyait pour la première fois. Elle en retombe amoureuse, encore et encore. Elle chute inlassablement pour cette fille qui n'a rien à lui offrir, et elle s'en désole intérieurement, mais elle n'y peut pas grand-chose.

― Ne me dis pas que tu es en train d'utiliser Quentin pour rendre Clarence jalouse, parce que c'est inutile. Non seulement tu ne vas faire que la perdre davantage, mais en plus tu risques de faire du mal à Quentin. Et s'il y a bien quelqu'un qui ne mérite pas ça, c'est lui. C'est à cette garce qu'il faut faire du mal.

― Arrête, elle ne mérite pas de souffrir.

― Parce que Quentin oui ? Et toi, Léane ? Tu le mérites, toi ?

Léane baisse la tête, fuit le regard insistant de sa meilleure amie. Bien sûr que non, elle ne le mérite pas, mais que peut-elle y faire ?

A ce moment, son téléphone affiche un nouveau message.

Numéro inconnu : Tu n'as pas cours, là ?

Décidée à esquiver la discussion, elle décide de répondre au message.

Léane : Non. C'est qui ?

Numéro inconnu : Rejoins-moi aux casiers, près de la bagagerie.

Pour elle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant