Chapitre 4

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Lorsque son réveil sonne, Léane est seule dans la chambre. Elle peine à ouvrir les yeux : les larmes qu'elle a versé pendant la nuit lui ont collé les paupières et elle a du mal à rester éveillée. Elle finit par se glisser hors du lit pour aller nettoyer son visage avec de l'eau froide afin de se réveiller efficacement. Elle s'habille ensuite : jean slim bleu, chemise blanche et souple qui lui sied à merveille. Elle appelle Maëva et peste en tombant sur son répondeur. Bien vite, ses pensées dérivent sur Clarence. Pourquoi n'est-elle pas dans la chambre ? Cette question en fait émerger mille autres de son esprit. La plus récurrente : « Pourquoi m'a-t-elle embrassée ? » et sa dérivée : « Pourquoi m'a-t-elle insultée ? »

Léane tourne dans la chambre, les yeux rivés au sol sans couleur qu'elle piétine inlassablement. Elle ne sait pas à quelle heure Clarence est sortie de la chambre. Elle était si fatiguée qu'elle n'a rien entendu. Elle s'arrête, fixe l'endroit où Clarence était assise la veille, et ses sourcils se froncent. « Pourquoi était-elle revenue dans ma chambre ? » Elle songe rapidement à une dispute entre Clarence et ses amies. Oui, mais pourquoi s'être assise et être restée là à la regarder ? Léane secoue la tête. Ça n'a aucun sens, et elle soupire en réalisant qu'elle ne saura jamais le fond de l'histoire. Clarence est étrange avec elle. Mais Clarence est étrange avec tout le monde... Souvent les gens la comparent à une voleuse : elle prend ce qu'elle veut chez les gens et puis elle s'en va, sans faire de bruit, sans laisser de traces. Léane avale sa salive. Elle a peur que Clarence lui échappe. Elle en a plus qu'assez d'espérer et d'attendre des choses – n'importe quoi – venant d'elle. Elle ferait mieux d'arrêter d'y penser. Maintenant.

Son téléphone vibre dans sa main, lui arrachant un sursaut. Le nom de sa meilleure amie s'affiche à l'écran et elle décroche aussitôt :

― Commence pas à crier, j'ai fait aussi vite que possible. On se rejoint dans le hall pour aller déjeuner ?

― Oui, j'arrive.

Léane attrape sa carte et descend les escaliers après avoir quitté sa chambre. Maëva est déjà en bas, en train de discuter avec une fille de leur classe. Lorsqu'elle la voit, elle lui sourit et la presse : elle a peur qu'il ne reste plus de pâtisseries. Quant à Léane, elle n'a pas très faim. Elle émiette son pain d'un air absent et le beurre de façon approximative. Ce comportement n'échappe pas à Maëva.

― Ça va ?

Léane relève la tête, surprise. Le début du déjeuner se passait en silence, ce qui la satisfaisait assez. Elle sourit doucement :

― Et toi ?

Sa meilleure amie l'observe en enfournant tout ce qui se trouve à portée de sa main. Léane plonge son regard dans son jus d'orange avant de le porter à ses lèvres, tâchant de se donner une contenance puisque Maëva semble avoir flairé le piège.

― Pourquoi tu ne réponds pas à ma question ? finit par demander celle-ci.

Léane hausse les épaules.

― Je suis fatiguée.

― Oh je t'en prie, tu es tout le temps fatiguée, tu n'en es pas dépressive pour autant.

Derrière Maëva, Léane reconnait la carrure de Clarence. Elle peste intérieurement, se demandant si elle ne pourrait pas échanger leurs places pour ne pas avoir à subir son sourire parfait qui n'arrête pas de se dessiner sur son joli visage.

Maëva soupire. Elle a vu le regard trouble et fixe de Léane, et elle a compris.

― Qu'est-ce qu'elle t'a encore fait ? demande-t-elle.

Pour elle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant