Chapitre 13

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Lundi. Un pas aussi léger et maîtrisé qu'un pas de danse, et Clarence se jette au cou de Mandy pour la saluer. La brunette est surprise, mais ne dit rien. Elle répond à l'étreinte et affiche un sourire fier en lançant un regard arrogant à Pauline qui se tient en retrait. Les bras croisés sur sa poitrine, celle-ci lève les yeux au plafond. Voilà, Clarence est redevenue elle-même. La fille dure à cerner, manipulatrice et pas respectueuse pour deux sous. Elle s'adresse à Mandy et Sophie en ignorant royalement son amie qui lui a prêté main forte durant la dernière semaine. Mais là, plus rien.

― Je suis désolée pour ces derniers jours, ça devait être parce que j'étais malade.

― Ouais, lui répond Mandy. On sait que t'étais pas dans ton état normal. L'espace d'un instant j'ai vraiment cru que t'étais tombée amoureuse de cette fille !

― Qui ça, de Léane ? fait-elle mine de s'étonner. Où est-ce que tu es allée chercher ça, enfin ?

Elles échangent un rire complice qui fait soupirer Pauline. Cet air hautain ne prend pas avec elle, elle lit sans peine dans le regard de Clarence. Et ce qu'elle y voit lui fait un peu peur. La souffrance nage dans les pupilles de son amie, et Pauline sait très bien que la seule réaction de Clarence à la douleur, c'est la cruauté. Elle déglutit difficilement, n'ayant pas du tout hâte de voir ce qu'il se trame dans la tête de sa camarade. Elle a envie de se frapper le front. Bien sûr, ce besoin de contrôle... Quelle conne, j'aurais dû savoir plus tôt qu'elle ne se laisserait pas faire si facilement. Léane va en baver.

Elle se demande si elle ne ferait pas mieux d'aller la prévenir ; rien qu'à voir les sourires et les regards pétillants de Mandy et Sophie, elles prévoient un plan pour remettre la terminale à sa place. Pauline, quant à elle, aimerait bien comprendre pourquoi Léane a tourné le dos à Clarence. Sait-elle au moins combien elle a été anéantie ?

Au détour d'un couloir, voilà justement la blonde qui s'avance en compagnie de Maëva. Discrètement, Pauline s'éclipse de son groupe d'amies, entre gros guillemets, et se rend dans le hall où elle attend patiemment. Léane et Maëva ne parlent pas et Pauline en profite pour attraper le bras de la blonde qui se retourne vers elle avec un regard surpris et effrayé.

― J'ai respecté les contraintes ! s'exclame-t-elle en levant les bras, signe universel d'apaisement.

Pauline fronce les sourcils.

― De quoi tu parles ?

Léane regarde tout autour d'elles, puis baisse le ton :

― Ce n'est pas Titouan qui t'envoie ?

― Titou... Oh, non, tu as eu des problèmes avec lui ?

Léane se mordille la lèvre et baisse les yeux sans répondre. Pauline jette un regard à Maëva qui soupire et s'avance vers elles, décidant de venir épauler sa meilleure amie.

― Tu crois vraiment qu'elle aurait décidé de ne plus parler à Clarence par pur plaisir ? demande-t-elle de façon assez agressive.

― Je...

Pauline recule d'un pas, le visage figé. Elle semble en pleine réflexion, puis toutes les pièces du puzzle s'assemblent et elle écarquille les yeux d'un air effaré.

― Merde ! Il faut le lui dire ! Tout de suite !

Elle attrape Léane par le bras mais Maëva la repousse violemment et elle se cogne contre le mur. Sonnée, elle regarde le visage terrifié de la blonde, qui serre à présent la main de sa meilleure amie dans la sienne comme pour s'y accrocher.

Pour elle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant