Chapitre 17 - FIN

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Clarence grimpe les escaliers et dépose son sac de cours à côté de son lit. Elle s'y laisse tomber, le matelas accueille son corps pour lui offrir un semblant de réconfort. Les yeux fermés, elle se satisfait de ce moment de paisibilité avant que des pas retentissent dans les escaliers, faisant grincer les marches. La porte de sa chambre s'ouvre doucement et Titouan apparait dans son encadrement. Il reste en retrait et ne lâche pas la poignée. Son œil est noirci par un cocard foncé qui lui maintient l'œil à demi fermé. Clarence fronce ses sourcils pour l'interroger de ses yeux bleus sur la blessure qu'il porte. Il a un faible sourire.

― Papa veut te voir. Il est au salon. Toi et moi, sœurette... On est foutus.

― Qu'est-ce que t'es encore allé lui dire ? s'exclame Clarence, la voix tremblante.

― Rien. Je te promets, je n'ai pas dit un mot, c'est pour ça qu'il est en colère. Hier, il est venu me voir pour me demander si je savais que tu sortais avec Mandy. J'ai dit que Mandy, c'est ta meilleure amie.

Il baisse les yeux, pince ses lèvres et jette un regard derrière lui pour s'assurer qu'il n'y a personne. Il n'a pas l'air très à l'aise, mais il a l'air de dire la vérité.

― Et là, il a pété un plomb parce que quelqu'un, je sais pas qui, lui a dit que tu es lesbienne et que tu sors avec elle. Je comprends pas. T'es pas avec Léane ?

― Si, si, je suis avec Léane. Mandy c'est ma meilleure amie, rien de plus. Mais hier, j'ai avoué à Mandy être... enfin, tu sais. Tu crois qu'elle pourrait me faire un coup pareil ?

Titouan grimace et lève une main pour se la passer sur la figure. Il vient ensuite se frotter le front. Il a l'air nerveux et inquiet.

― Je ne sais pas, soupire-t-il. Mais papa nous attend en bas, il faut y aller. Sinon, tu sais que c'est double ration.

Clarence hoche la tête, la mine sombre, se lève et suit son frère dans la cage d'escaliers. Leur mère n'est pas encore rentrée, elle n'arrivera qu'après le dîner, trop prise par son travail. Ils se plantent droits comme des piquets au beau milieu de la pièce à vivre, devant le fauteuil en cuir brun dans lequel est installé monsieur Jane. Il les observe tour à tour, ses doigts pianotent sur l'accoudoir rembourré. Il finit par retirer ses lunettes pour les poser sur la table basse à côté de lui, puis par croiser ses mains à hauteur de son visage. Il se frotte la figure, comme s'il était fatigué par la situation, puis son regard perçant se pose sur ses deux enfants. La tension est palpable et on ressent bien la déception qu'il éprouve en voyant ces deux êtres figés devant lui. Il regrette visiblement ce que devient sa progéniture. Il en vient même à regretter de les avoir fait naître, de les avoir éduqués, nourris, logés, pour au final devenir ces déchets qui se trouvent sous ses yeux.

― Donc..., commence-t-il.

Un léger sourire sans joie vient étirer ses lèvres. Cette attitude rappelle étrangement Titouan la première fois qu'il a fait face à Léane. Cette façon d'intimider semble propre à leur sang. Clarence baisse les yeux. Elle sait que ça va être douloureux.

― J'ai appris au détour d'une conversation avec une gentille fillette que tu t'adonnes au lesbianisme avec cette petite Mandy ? Comment as-tu osé me demander de dormir chez elle hier soir ? Je ne veux même pas imaginer ce que vous avez pu faire.

Sa voix s'est élevée et roule comme un orage dans la pièce. Clarence incline encore un peu plus la tête, humiliée. Comment peut-elle démentir ? Lui dire que ce n'est pas avec Mandy qu'elle sort mais avec Léane n'arrangera pas grand-chose à la situation. Elle se contente de subir la colère de son paternel sans vraiment prendre part à la discussion.

Pour elle...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant