Cinquième lettre.

230 94 12
                                    

Maman.

Il paraît que c'est le premier mot qu'on prononce et le dernier dont on se souvient.
Mais avec toi, je ne l'ai jamais prononcé.
Parce que je ne t'appelle pas, jamais.

Maman.

Il ne faut jamais dire jamais, mais c'est facile pour toi.
Tu ne parles pas.
Pas à moi, jamais, jamais.
Tu me bouffes. Je ne veux pas m'énerver contre toi,
quand tu ne dis rien,
quand tu te recules quand j'approche,
quand tu te tais,
quand tes yeux se détournent,
quand tu disparaîs dans ta chambre,
quand je dois faire à manger seule,
quand tu ne manges pas.

Maman.

Je t'en prie. Les larmes coulent, dégoulinent, étalent l'encre et tâchent ma feuille.
Je t'en supplie.

Maman.

Je ne sais plus ce que je dois faire pour que tu te rendes compte que, putain, ne m'oblige pas à être vulgaire, bordel, que j'existe !

Maman.

Aime-moi.

FirmamanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant