Noël : texte 2

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Ephémère

 

-       Je suis une femme maintenant, plus besoin de décider pour moi comme avant !

-       Arrête Léa, dit mon père, tu n’as que 17 ans.

-       Et alors ? dis-je excédée. J’étais montée à un point de ma colère qui était presque au maximum. 

-       Et bien je vois que ça ne va pas ! Je veux simplement t’aider. Je comprends ce que tu ressens.

-       Tu ne peux pas m’aider ! dis-je, redescendant un peu la pression.

Je montais dans ma chambre en claquant la porte derrière moi. Ce que je ressens ? Personne ne peut savoir. J’ai constamment cette impression d’être seule au monde, de connaître à la fois tout le monde, mais personne ne me connaît. Et j’ai beau hurler comme une folle, personne ne prête attention à moi. J’ai l’impression de ne pas être vivante.

Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi faut-il que dans toute bonne histoire, il y ait toujours besoin d’un drame avant ? Je ne comprends pas ? Mais si je déduis bien, je suis donc la victime de cette histoire, ou suis-je plutôt une héroïne ?

Je m’assieds sur le rebord de la fenêtre, le rebord extérieur. J’ai besoin de sensation forte pour me sentir encore un peu vivante, une bribe de moi serait-elle seulement encore en vie ?

J’ouvre un livre de John Green, Nos étoiles contraires. Je le lis tout le temps. J’aime la façon dont c’est écrit, mais je ne suis pas une experte en lecture, c’est juste que celui là, il me donne des frissons à chaque fois que je le lis. D’ailleurs, j’en ai retiré quelques enseignements, de ces lectures. Tout d’abord, le métier d’écrivain, je crois que c’est ma vocation, ensuite, il y a une phrase de Cet auteur qui me plait vraiment : «  Ca fait mal parce que ça comptait ». Je ne sais même plus ce qui compte ou non, c’est ça le problème. J’ai besoin de quitter cette vie, de partir loin, de changer d’air, seulement je ne peux pas. Je n’en ai pas les moyens, et puis, mes parents ne voudraient pas.

Je n’ai pas ouvert la bouche au souper. Je n’avais pas envie de parler avec mes parents, j’avais juste envie de remonter et de me poster de nouveau près du vide. Si près qu’il pourrait m’atteindre, il suffirait d’un petit mouvement, mais je ne lui laisserai pas cette chance, pas encore, pas maintenant que j’ai cette vocation, cette foutue envie de devenir écrivain, cette envie dont je ne peux me défaire.

J’ai à peine fini de manger que je remonte déjà. Ma mère se demande ce qu’il y a, mais je ne lui dis pas, je lui dis simplement que ça va, qu’elle ne doit pas s’inquiéter. Et puis, tant que je réussis mes examens, elle est contente. Seulement, cette année, c’est difficile. Je crois que j’ai tout raté. J’étais prête, et puis je ne l’étais plus. J’ignore pourquoi ça n’a plus été, tout d’un coup, comme ça.

Mais les vacances approchent, au moins, je pourrais passer mes journées dans ma chambre, au bord du vide, avec de la musique dans les oreilles et un  bon livre dans les mains.

D’ailleurs, c’est là que je suis actuellement, et je pense encore et encore. Demain, je recevrai mon bulletin de notes. Quelle horreur,  ma mère va me tuer ! Mais bon, je n’ai plus le choix, je dois assumer maintenant.

Je m’endors très tard, comme d’habitude. Seulement, j’en viens à me demander pourquoi je suis si différente des autres jeunes de mon âge. La plupart des gens normaux ont des amis et passent leurs temps sur les réseaux sociaux.

Moi, je n’ai qu’un groupe d’amis très restreint, pour ne pas dire que je suis seule, et je suis sur les réseaux sociaux, mais je n’y vais jamais. Mes soirées, je les passent dans les livres, une lampe de poche à la main alors que mes parents croient que je dors.

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