Amour/Amitié : texte 1

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Parce qu'un chagrin d'amour n'est pas " rien ".

— Ana ! Ana où es-tu ma chérie ? Ana c'est l'heure de déjeuner ! 

Je grinçais des dents en entendant ma mère crier mon prénom. Je n'avais pas faim, je n'avais pas envie de bouger. Je voulais juste m'enfoncer un peu plus dans le matelas de mon lit, disparaître sous ses draps de soie, ne plus jamais avoir à en ressortir. Mais non. Non, je n'en avais pas le droit. Ma seule possibilité était de continuer à me morfondre sur mon sort en me rappelant sans cesse que je détiens la vie la plus pourrie au monde, essayant de battre le record des plus longues minutes passées à pleurer seule dans ma chambre. Étant bien obligée, je répondais d'une voix à peine audible :

— Je suis dans ma chambre, j'arrive maman ! 

Et je me suis levée, puisant au fin fond de mon petit être frêle toutes les forces qu'il me restait, pour me diriger vers la salle à manger de notre maison. Là où se trouvait, maman et papa, papi et mamie, et tous les autres...

À peine avais-je débarqué dans la pièce en question, qu'une pluie de confettis et de rubans multicolores, s'abattit sur moi. 

— Joyeux anniversaire Anaëlle ! criait en cœur toute ma famille.

Anaëlle ? C'est moi. Plus communément surnommée Ana, et je soufflais ce jour-là mes quinzièmes bougies. 

Sauf que j'avais la tête à tout faire, sauf à faire la fête.

Je me forçais pourtant à sourire, pour ne pas que mes proches s'inquiètent de trop. Bien évidement je savais que mes parents avaient remarqué que je n'allais pas bien ces derniers temps, mais je souhaitais tout de même éviter les questions gênantes du genre "C'est quoi cette tête de déprimée, Ana ? Souris un peu !" ou bien "Que se passe t-il ma chérie, tu t'es fait larguée par ton petit ami ? Il va avoir affaire à moi !", d'autant plus que, non, je n'avais pas de petit ami pour l'énième fois que je le répétais. Je m'assis donc à table entre Tante Soizic et Papi Jojo, de son véritable prénom, Joël, et mangeais en silence mes spaghettis à la bolonaise. Je savais très bien que ma mère avait cuisiné ce plat exprès, car il était mon favori, mais je n'avais même pas la joie de savourer mes pâtes. Non, la seule chose - ou plutôt personne, à laquelle je pensais, étaitlui. 

C'était, et ce sera, toujourslui. Malgré le fait qu'il me détruisait intérieurement.

— Alors Ana, comment se passe ton année de troisième ? m'interrogea ma grand-mère.

Ça y était. L'interrogatoire habituel lors des repas de famille venait de débuter.

— Hmm, ça va.

— Tu es sûre ? Ta classe te plaît ? Tu as de bonnes notes ? 

Je détestais ces questions sur le collège. De plus, j'étais sûre et certaine d'être reprise par ma mère assise en face de moi, à chaque fois que je mentais sur mes résultats scolaires. Et je n'avais pas du tout envie de dire la vérité. Non, je redoutais de voir les expressions étonnées que feraient mes proches, en m'entendant dire que ma moyenne a baissé et que les notes que j'obtenais étaient de plus en plus mauvaises. Ils se demanderaient alors ce qu'il arrivait à leur Ana chérie, leur protégée, la petite dernière de la famille. Car oui, dans la famille Le Bihan, nous ne n'étions que trois petits-enfants âgés d'entre 15 et 22 ans. Et j'étais la plus jeune. Du moins jusqu'au mois de juillet, là où ma cousine Gwen - l'aînée de 22 ans, allait accoucher d'une merveilleuse petite fille, qui lui ressemblerait sûrement. Elle s'appellerait Nolwen, Maëlle, ou bien Gaëlle. Du moins, ce serait forcément un prénom breton, on parle tout de même de notre famille. Nous étions tous bretons depuis l'époque de la Préhistoire, et chacun de nous vivait en Bretagne et parlait au moins quelques phrases de breton. De mon côté, ces traditions familiales ne m'enchantait pas et d'ailleurs, le seul mot que je savais traduire en breton était " Kenavo ", autrement dit, " Au revoir " en français. Vous voyez comme je m'intéressais à tout cela ?

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