Noël : texte 4

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Assise sur une chaise devant son bureau, elle regardait par la fenêtre. La petite pièce, qui ressemblait en tout point à une chambre, était plongée dans l'obscurité.

Seuls les quelques lampadaires qui ornaient la rue, éclairaient une partie de la pièce, d'un faible halo. La jeune fille avait posé devant elle, un carnet. La couverture était simple ; seul le noir était présent, tandis que les reliures étaient d'une teinte se rapprochant de l'argenté.

L'adolescente avait dans sa main droite, un critérium, qu'elle faisait tourner entre ses doigts fins. Elle avait des mains de pianistes. Le piano qui se tenait d'ailleurs, à l'opposé de là où elle était, attestait la crédibilité de l'interprétation.

La jeune fille avait des cheveux sombres, liés en un magistral chignon, d'où plusieurs mèches s'échappaient. Sa tête reposant contre sa main gauche, elle observait les étoiles briller loin d'elle. Elle n'avait jamais été d'une nature très rêveuse, mais cette nuit, plus que les autres, les pensées affluaient dans sa tête, sans qu'elle ne cherche à les arrêter.

Une larme glissa le long de sa joue. Elle se rappellait d'Elle. Comme chaque année, dès que venait Noël, elle ne pouvait s'empêcher de repenser au visage rayonnant de joie de celle-ci. Et comme chaque fois, que la période des fêtes de fin d'année, se rapprochaient, elle rêvait d'Elle... Encore et encore. Comme une ronde de souffrance qui s'étendait à l'infini.

La jeune fille baissa les yeux sur le carnet posé sur son bureau. Délicatement, elle l'ouvrit. Sans un mot, elle fit tourner les pages, toutes remplies d'une écriture similaire à la Vivaldi du logiciel World, jusqu'à atteindre une double page vierge. Là, elle sécha ses larmes et commença à déposer traits et courbes sur le papier, formant lettres, mots, et phrases.

*Chère Diane,

Encore pour cette nouvelle soirée de Noël, je ne peux cesser de m'écrier "Pourquoi", au fond de mon esprit. J'ai envie de te répéter, combien je trouve cela injuste.

Si ça n'était pas arrivé, on serait là, toutes les deux, riant et souriant, nous remémorant, verres à la main, toutes nos anecdotes passées.

Mais tu n'es pas là. Et tu ne le seras plus jamais.

Excepté dans mon cœur.

Dans mes souvenirs.

Si j'avais le pouvoir de modifier les aiguilles du temps, je serai revenue en arrière, lors de cette soirée de ce mois de décembre, où tu avais insisté pour te rendre à ce marché de Noël.

Tu disais que que les sucres d'orges, les barbes à papa, et l'ambiance étaient les meilleurs.

Si j'avais su, je t'aurai empêché d'y aller. Je t'aurai dit que rien ne pressait, et que le marché serait toujours à sa place le lendemain.

Sauf que je ne l'ai pas fait.

Et par ma faute, par la leur, tu es partie.

Tu as disparu de ce monde, emportant avec toi, bonheur et magie, laissant pour le monde, douleur et silence.

Ce camion, j'aurai fait n'importe quoi pour ne pas qu'il te renverse. Tu vois, j'aurai même préféré que ce soit moi, qui n'ait pas survécu.

Sauf pour te laisser endurer à ma place, cette vague de tristesse qui m'étreint dès que je pense à toi.

Diane, ma sœur, pour cette énième nuit de Noël, qui ne sera pas encore la dernière, je ne t'oublierai pas.*



[ Texte de Esylwen ]

Concours d'écritureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant