Chapitre 1.

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- Olivia !

Je poussais un petit soupir en entendant ma mère hurler mon prénom alors qu'elle se trouvait dans la cuisine, à seulement quelques mètres de ma chambre. Je posais mon téléphone sur mon lit et je me redressais avant de tourner la tête vers l'entrée de la pièce où ma mère se trouvait maintenant, une moue anxieuse dessiné sur son visage fin.

- Tu as fini ta valise, ça y est ? Tiens, je t'ai acheté quelques paquets de bonbons et du chocolat si ...

- Mam', je pars pas loin. Et dans une ville civilisée ! Arrête de t'inquiéter, tout ira bien.

Je lui fis un petit sourire, espérant la rassurer, mais je vis bien à son regard que c'était peine perdue. Ses yeux verts tirant sur le bleu me fixaient et un pli barrait son front. Je m'approchais d'elle et posais mes bras sur ses épaules pour lui déposer un bisou sur la joue.

- Je pars pas toute seule en plus, Daisy sera avec moi.

- Oui, je sais ma puce, mais ça me fait bizarre de te voir partir. Tu es si jeune et après ce qu'il s'est passé l'année dernière, je ...

- Maman, s'il te plaît, je veux mettre tout ça derrière moi, et Stanford, c'est mon rêve. De toute façon, je t'appellerai souvent.

- Tu as intérêt ! J'ai installé Skype, WhatsApp et Instagram aussi.

Je lâchais un petit rire en secouant la tête, imaginant ma mère galérer sur son téléphone et sûrement demander l'aide de mon grand-frère. En effet, ma mère n'était pas ce qu'on pouvait appeler une femme connectée, loin de là. Elle maîtrisait depuis peu l'ordinateur et quelques fonctions de base, et je lui avais appris les textos il y a quelques années, mais jusqu'à aujourd'hui, elle était totalement récalcitrante face aux réseaux sociaux. Je hochais la tête et attrapais mon téléphone en le brandissant triomphalement.

- Tu vois, ça sera presque comme si j'étais là. Et puis, Oscar est à la maison maintenant, tu seras pas seule.

Mon frère avait 22 ans, quatre ans de plus que moi, et pourtant, on s'entendait à merveille. J'avais toujours été proche de lui, et j'étais contente qu'il soit de nouveau à la maison. Après le lycée, il avait fait un an à NYC pour étudier le théâtre. Il a toujours voulu devenir metteur en scène, et à la fin de son année, il s'était envolé pour Paris, retour aux sources, où il avait obtenu un super stage. Mais honnêtement, même si j'étais très heureuse pour lui, le voir partir était un vrai déchirement. Il n'est revenu qu'il y a quelques semaines, sans doute en partie pour sa famille, enfin maman et moi, et aussi parce que son stage et les expériences professionnelles qu'il avait accumulées à Paris lui avait permis d'obtenir un poste d'assistant metteur en scène dans le plus gros théâtre de Seattle. Maman finit enfin par esquisser un petit sourire et elle passa doucement sa main dans mes cheveux blonds.

- Oui, je sais chérie. Puis, tu reviendras aux vacances. On pourra enfin passer un Noël tous les trois, j'ai déjà hâte.

- Moi aussi, maman.

Elle me serra dans ses bras et je sentis mon coeur se serrer. Bien sûr, devant elle, je tentais d'être forte et de la rassurer, mais au fond, j'avais un peu peur. Une nouvelle page de ma vie s'ouvrait et j'espérais que tout irait bien. Je savais qu'être loin de ma mère serait dur, on était tellement proches elle et moi, et plus encore depuis son divorce. Mon père ne faisait plus partie du portrait familial depuis quelques mois. Après un an à Seattle, leur mariage avait commencé à prendre l'eau. Il travaillait beaucoup, s'éloignait de plus en plus, et l'année dernière, ma mère avait fini par demander le divorce en apprenant qu'il avait une maîtresse depuis 6 mois. Elle avait beaucoup souffert de ce divorce surtout qu'il s'était installé quelques semaines après avec ladite maîtresse, une jeune brune sublime de 30 ans à peine. Elle avait tenté de gérer au mieux la situation, et nous étions devenues beaucoup plus complices, plus proches qu'avant. On se confiait l'une à l'autre, et je savais que c'est ce qui me manquerait le plus. Mais, je n'allais pas pleurer, ni la faire pleurer, alors je m'écartais doucement d'elle, un grand sourire sur le visage.

- Je vais boucler ma valise, merci pour les bonbons maman.

Elle me sourit et hocha la tête avant de me laisser de nouveau seule dans ma chambre. Il ne me restait que quelques heures avant de quitter la maison, Seattle et ma vie ici. Et ce n'était peut-être pas plus mal. Mon regard s'attarda un instant sur une photo accrochée au miroir de ma coiffeuse. Daisy et moi, et deux garçons qui nous tenaient par les épaules, sourires aux lèvres. Le visage de mon cavalier était rayé de noir, et j'esquissais un mince rictus en me rappelant à quel point j'avais pris plaisir à barrer son visage de mon stylo. Un bip se fit alors entendre, et je sursautais en sentant mon téléphone vibrer dans ma main.

De Daisy :

Hey poulette, je viens te chercher à 16h ! Sois prête !! XxXx

Je souris et lançais un coup d'oeil autour de moi. Il était temps que je m'active si je voulais être prête. Je terminais rapidement de remplir ma valise, ravie à l'idée de pouvoir enfin me servir de tous ces maillots de bain et robes que je n'avais que rarement l'occasion de mettre à Seattle. Quelques photos de ma mère, mon frère, mes amies que je laissais derrière moi, mon journal intime et bien entendu mon Macbook.

Lorsque la sonnette retentit, j'étais fin prête. Vêtue d'un jean bleu clair et troué aux genoux, ma paire de converse rouge fétiche et un sweat aux couleurs de la maison de Harry Potter, que je continuais de vénérer encore à mon âge. J'avais attaché mes cheveux blonds en un chignon désordonné et j'avais juste mis un peu de crayon histoire d'agrandir mon regard. Je ne me maquillais que très peu en général.

- Olive, Daisy est là. Tu descends ?

- J'arrive maman !

J'attrapais mon sac à main et ma valise, mais Oscar interrompit mon geste en pénétrant dans ma chambre, un petit sourire aux lèvres.

- Salut ma petite Olive.

- Oscar !!! Tu es là !!!

Je me jetais dans ses bras et il me serra contre lui quelques instants avant de s'écarter et de me sourire.

- J'allais pas rater le départ de ma petite soeur chérie pour sa nouvelle vie quand même. Allez, je porte ta valise, descendons vite avant que Daisy ne pète un cable.

Il connaissait bien Daisy à force et il savait que la patience n'était pas son fort, tout comme moi d'ailleurs. Je le suivis dans l'escalier et un soupir de soulagement s'échappa de la bouche de mon amie.

- Liv ! J'avais peur que tu ne sois pas prête à l'heure et qu'on rate l'avion, et ...

- Day, respire, je suis là.

Je lui fis un bisou sur la joue et ébouriffais ses cheveux bruns. Day est tout mon contraire : elle est aussi brune que je suis blonde, sa peau est toujours hâlée alors que je ressemble à une poupée de porcelaine comme elle me le dit si souvent, et ses yeux sont sombres alors que les miens sont verts. Elle est aussi plus grande que moi, elle est aussi plus caractérielle et pourtant, on s'adore toutes les deux. Elle me sourit et acquiesça d'un petit signe de tête, et après avoir salué son père et chargé ma valise dans sa voiture, je me tournais vers ma famille. Oscar entourait maman de son bras musclé et ils souriaient, tentant l'un comme l'autre de cacher leur émotion.

- Bon, bah ... C'est le moment de se dire au revoir alors.

Ma mère hocha doucement la tête et elle quitta l'étreinte de mon frère pour me serrer dans ses bras, et Oscar nous rejoignit rapidement. Je sentis mes yeux s'humidifier mais je retins de mon mieux les larmes qui menaçaient de couler.

- Je t'aime ma puce, et je suis très fière de toi. Tu m'appelles demain, d'accord ?

- Promis maman. Je vous aime tous les deux, vous allez me manquer.

Oscar déposa un baiser sur mon front et maman fit de même, les yeux embués. Je leur fis un dernier signe de la main et je grimpais dans la voiture, à l'arrière, tandis qu'ils rentraient dans notre maison. Je soufflais doucement et Day se retourna vers moi.

- T'en fais pas, on rentrera à Noël, ça va vite arriver.

Elle me tendit la main et je la serrais doucement en lui adressant un petit sourire.

Une nouvelle page se tournait et j'étais bien décidée à profiter de chaque moment qui s'offrirait à nous. Stanford était notre rêve à toutes les deux et on allait le réaliser, ensemble.

Love Game : fall in love with the devil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant