Chapitre 3

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« la Tanière » (voix petit garçon)

Je suis éveillé mais je n'ose pas ouvrir les yeux, de peur de voir ce qui s'opposera à moi. Je sens par ma position que l'on m'a allongé. La curiosité me tenaille. Je tente de me redresser mais mon état de fatigue extrême m'en empêche, je parviens à peine à me retourner.

Je veux rester conscient et je dois lutter pour y parvenir. J'essaye de penser à des choses agréables mais me rends compte que les seuls souvenirs que j'ai datent tout au plus de hier, bien que ma mémoire se reforme petit à petit. Je me rappelle à peine de la chanson qui me tourmentait. Je sens une odeur appétissante et je constate qu'un bol de bouillon de légumes se trouve devant moi. Je projette mon odorat un peu plus loin et une délicieuse senteur de viande bien cuite m'emplit les narines. Mais au milieu des bonnes odeurs, je sens quelque chose, de mauvais, pas mauvais au sens « dégoutant » mais plutôt au sens « cruel, méchant ». Mon odorat ne peut pas être plus précis, je vais devoir déployer une autre de mes facultés : la vue ! Normalement, je ne suis pas du genre à faire de l'espionnage (quand je dis ça, une étrange sensation de culpabilité me prends à la gorge) mais là, c'est pour la bonne cause. Mais déjà faudrait-il que je trouve la force d'ouvrir mes yeux. Dans un effort surhumain, je parviens à séparer mes paupières, que je referme bien vite : la lumière est trop forte, en fait, elle est relativement faible mais mes yeux ne sont pas habitués à une telle luminosité. Préparé, je recommence l'opération et cette fois je parviens à garder mes paupières entrouvertes.

Ma vue est bloquée par une porte, mais je sens bien qu'un regroupement d'une dizaine de personnes se trouve derrière. Je ne sais par quel prodige mais je me retrouve au sommet ma forme. Je me redresse donc et me mets debout, sur mes pieds ankylosés. Je m'approche de la porte mais ne tourne pas la poignée. Par contre, je colle le côté de ma tête pour, cette fois, utiliser mon ouïe. J'entends la voix d'une personne âgée, un homme, que j'ai déjà entendue entamer un discours totalement débile. Puis il dit :

- Des questions ? Oui Fred ?

L'intéressé, que j'ai également déjà entendu répond, sarcastique:

- Juste une question : vous intéressez vous vraiment au sujet présent ou est-ce que vous n'en avez rien à cirer ?

- Comment osez-vous ? répond le vieux, outré, bien sûr que je m'y intéresse !

Le vieil homme fait très mal l'air indigné, déjà dans la voix, mais de derrière la porte je parviens très bien à imaginer sa tête en cet instant :

-des sourcils froncés, se voulant autoritaires mais suscitant juste le ridicule-

- des yeux révulsés, comme témoins d'un meurtre ou d'une scène pornographique-

-un long nez fin recourbé vers le haut-

-la bouche que l'on a quand on est contraint d'embrasser quelqu'un que l'on n'aime pas-

-des joues creusées-

-le cou le plus allongé possible pour paraître grand alors que l'on ne l'est pas-

--- bref, la tête de McGonagall dans Harry Potter ---

Mais tandis que je plaisante, la conversation continue. Mais cette fois c'est une femme qui parle :

- Vous continuerez cette passionnante discussion plus tard, car la vraie question est : que fait un enfant au bord de la Falaise ? et qu'est-ce que l'on va faire de lui ?! il peut même déjà être éveillé et tétanisé par la peur ! Je ne sais pas vous mais moi j'interromps cette conversation de machos et je vais voir comment il va !

La Contrée des BrumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant