C'est en ces moments que l'on voit la vie entière passer sous nos yeux...
BomBobomm...
Un picotement léger sur son bras le tire de sa torpeur un bref instant
BomBobomm...
Un instant assez long pour entrevoir quelques personnes debout face à nous, en quête de réponse. Ce picotement est une injection de morphine.
BomBobomm...
Cet antidouleur de la même composition que l'héroïne, il n'en n'a pas besoin. Il ne souffre pas. Mais l'effet de la drogue lui procure une sensation de légèreté intense.
BomBobomm...
Le lieu est facile à identifier : le labo du Doc Curli.
Tout y est reconnaissable, des ustensiles médicaux au papier peint décoloré. Inutilisé depuis bien longtemps, ce bloc opératoire était empli de poussière lorsqu'il est arrivé.
BomBobomm...
Mais la chose qui marque le plus son regard comateux est le fin trait vert en deux dimension sur un écran, qui décrit son rythme cardiaque. Il se souvient. La Balise... le sang noir...
BomBobomm...
Oui, ce n'était pas un rêve, il a bien été l'auteur d'un meurtre.
Et puis cette sensation horrible qui l'avait pris à la gorge. Cette colère incontrôlable et inexpliquée.
La régularité des pics verts s'est rompue.
Son cœur s'est arrêté à nouveau.
Il reste conscient juste assez de temps pour entendre un bruit de pas pressé, désespéré.
BipBipBiiiiiiiiiip...
- On le perd !
C'est le propriétaire du labo qui a hurlé. Son cri est vite suivi par des sanglots étouffés.
Si le cœur de Billie ne reprend pas rapidement, son cerveau ne sera pas assez approvisionné en oxygène et pourra subir des séquelles irrécupérables.
BipBipBiiiiiiiiiip...
Heureusement que le Mr Curli est, contrairement à ce qu'insinue Mlle Ivanova, un bon docteur en médecine. Deux bouche-à-bouche et une dizaine de massages cardiaques plus tard, l'aiguille verte effectue un bond.
Son cœur a repris.
BomBobomm...
Le stéthoscope autour du coup, le Doc ausculte rapidement le rythme cardiaque de William et effectue à nouveau une série de massages cardiaques. Comme pour tout bon Docteur, son calme est parfait. Mais on ne peut pas en dire autant de la mère du blessé.
Mais le plus stressé de la salle est surement Fred Mallory. Il se tient coupable de l'état du petit garçon. Après tout, c'est lui qui n'est pas parvenu à le rattraper à temps. Mrs. Stone a beau lui dire qu'il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider, rien n'y fait.
BomBobomm...
L'état du blessé se stabilise à nouveau, mais son avenir reste incertain. Il sera dans le coma pendant trois heures.
.
. .POST-IT
Dans des moments de stress intense,
Le monde se referme sur nous.
C'est la sensation d'impuissance la plus pénible au monde.
Mais une fois quitté, c'est comme après des pleurs :
On est relâché, décontracté.
Et cette sensation,
Même les Lumières Blanches ne peuvent pas nous l'ôter.
.
. .Il ouvre les yeux. Sa torpeur accentuée par l'effet de la morphine n'a pas encore disparu. Il reste entre le rêve et l'éveil, dans cette dimension où les ténèbres sont maîtresses. L'impression d'évoluer dans un monde mou et incompris est l'effet même de la drogue. Je ne sais pas si vous avez essayé, mais à très forte dose, cela peut être mortel. Un excès de dose, littéralement « overdose ».
Le risque était persistant, mais nécessaire. Contre une mort certaine, mieux vaut toujours une mort probable. Surtout que, injecté sur un enfant, les drogues ont un résultat fort néfaste sur la santé et peuvent laisser des séquelles à vie.
Je ne vous dis pas tous les risques possibles : interruption de la croissance cérébrale et physique, cancer à gogo... et j'en passe !
La vie de Billie est peut-être sauvée, mais l'intervention médicale laissera des traces dans son organisme.
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. .Domicile Mr Curli
Boites de mouchoirs après boites de mouchoirs, les pleurs ont passé. Mais pas parce que le chagrin avait disparu. Il ne leur restait simplement pas de larmes en leurs corps.
Seules les femmes ont pleuré. N'allez pas dire que je suis sexiste. C'est comme ça. Ce sont les larmes d'une mère et d'une jeune femme affectueuse qui ont coulé.
Les hommes sont restés résignés et ne se sont pas laissé aller aux pleurs. Ce n'est pas pour autant qu'ils étaient sereins en leur esprit. Surtout un, qui s'autoproclamait responsable de l'état de Billie.
J'ai nommé Fred.
Le seul plutôt fier est Mr Curli. Il a quand-même réalisé l'impossible en sauvant la vie de son patient.
Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus pratiqué son métier comme l'en témoignait l'état du bloc opératoire. Il aimait le goût du risque, l'adrénaline. C'est une manière peu commune de se plonger dans l'action, mais elle était tout de même réaliste. Sauver des vies en bonus. C'est pour ça qu'il avait choisi ce métier.
.
. .Deux salles plus loin se trouvait le labo. Et installé sur un siège médical reposait le corps malmené de Billie.
Quelque part entre les ombres.
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La Contrée des Brumes
ParanormalTout se passe dans une vieille île, au large de la Norvège, surnommée « Viking Island ». Ce qui va y arriver va vous surprendre...