Chapitre 8

7 2 0
                                    

Une réunion.

Ça commence presque à être une tradition de se rassembler à « la Tanière » pour débattre.

Mais cette fois-ci, tout le monde est d'accord.

Leur idée est venue d'un coup. Ils se demandent même si c'est eux qui l'ont vraiment pensée, ou si on la leur a soufflée à leur insu.

Peu importe, un groupe partira sur Wallala, pour examiner la Balise.

.

. .

L'ascension ne s'est pas effectuée sans périls, mais ils sont arrivés au sommet de la montagne.

Le spectacle qui les attend est peu commun : un bloc de granit poli comme un miroir et haut de cinq mètres s'oppose à eux. C'est de lui que sort cette lumière verte, dirigées vers le ciel.

- Et encore un tour d'escalade ! bougonne Fred.

A vrai dire, ce n'est pas le plus doué de la petite équipe (Robert, Mrs. Stone et son fils, Mlle Ivanova et le doc). Il a beau être un jeunot plein de vigueur il a perdu la souplesse de l'enfance. Mais il s'en tire quand même mieux que Mr. Curli ! Ce dernier est complètement dépassé par le vertige et la facilité des enfants et des femmes l'a poussé à bout.

- Et oui, encore un tour, pff.

- Mais la surface est lisse comme du verre, aucune corniche où s'accrocher. Comment allons-nous escalader ? remarque Bob.

Le vieux, sous le regard du reste de la troupe réfléchit un instant. Ses yeux se fixent sur un caillou mais on voit bien que ce n'est pas ce qu'il regarde. Sa vue s'enfonce bien plus loin dans sa mémoire.

- Dans ma jeunesse, déclare-t-il finalement, nous nous amusions à faire la courte échelle pour grimper aux étages des maisons. A mon avis, nous pourrions former une échelle humaine suffisamment grande pour que Billie et Bob puissent atteindre le haut de la Balise. Et là, on avisera.

Option adoptée à l'unanimité. Avec aisance, ils s'installèrent les pieds sur les épaules pour faire monter les deux enfants jusqu'au somment du bloc de granit.

Une fois en haut Billie pris une voix étrangement grave :

- C'est toi qui as pris papa !

Robert ne le compris d'abord pas car il était captivé par la lumière verte.

- Pardon ? répondit-il en détournant son regard du halo lumineux.

Ce qu'il vit l'effraya : le blanc des yeux de son ami avait disparu, seul un trou occupait ses orbites.

- C'est toi le méchant qui as pris papa ! répéta-t-il dans un accent de colère.

En disant ses mots, il avait découvert une rangée de dents aiguisée comme des rasoirs.

- Et c'est toi le méchant qui m'as fait mal avec les trucmuches blanches !

- Mais non, protesta Bob ce n'est pas moi !

L'enfant commençait à avancer d'un pas lent en direction de son ami apeuré.

Dans un râle, il reprit :

- Si c'est toi ! menteur ! MENTEUR !

Il continuait à avancer. Bob fit un pas un arrière mais il s'arrêta quand il sentit sa chaussure bruler au contact de la lumière verte. Il était coincé. L'effroi l'envahissait de plus en plus.

- MENTEUR !!!

Et dans un cri déchaîné, Billie sauta sur Robert, le poussant dans la lumière.

- MENTEUR !!! VAS EN ENFER !!!

Comme propulsé vers le haut, le pauvre enfant s'éleva d'un mètre puis s'immobilisa. Il poussa un hurlement de douleur : ses habits avaient pris feu. Sa chair commença à grésiller sous l'effet de la chaleur. Sa peau dégoulina de ses membres et ses yeux liquéfiés jaillirent de ses orbites.

Il se désintégra.

La lumière de la Balise devint noire comme le sang de sa victime.

- Ça va ? demanda la voix insouciante de Mlle Ivanova, restée en bas et qui ne savait rien de la scène.

Billie ferma les yeux, et pris de malaise, chuta de quatre mètre au pied de la Balise !

.
. .

PRISE DE TETE

La mort.

Sujet délicat entre tous, mais parlons-en sans pudeur, comme si les Lumières blanches nous avaient contaminés.

Certains disent que c'est le départ vers un autre monde, l'abandon d'un corps physique pour que l'esprit en trouve un astral.

D'autre pense que c'est la fin d'une vie d'homme, pour se réincarner en animal.

Une chose est sûre, quand on meurt, notre souvenir reste dans le cœur de certains, pour disparaître au fil du temps. Personne n'a peur de partir, ou de ne plus pouvoir prendre une grande bouffée d'air avant la fin des temps.

Mais chacun a peur d'être oublié.

La Contrée des BrumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant