Chapitre 8

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Lana faisait les cent pas dans le salon, en attendant Derek. Plus tôt, après le déjeuner, elle avait déposé Bastian chez ses grands-parents. Elle n'avait pas besoin que l'enfant assiste à l'entretien. Peu avant quinze heures, la sonnette retentit annonçant l'arrivée de Derek. Elle le fit pénétrer dans la salle de séjour.

Derek ôta son manteau et le percha sur l'accoudoir du canapé. Curieux, elle ne l'avait pas encore invité à s'asseoir. Quelque chose avait changé dans son attitude depuis la veille. Rester les bras croisés ne lui ressemblait pas non plus. Elle semblait l'étudier plus attentivement sous ses cils baissés. Que se passait-il ? Scott, était-il revenu à la charge et avait-il obtenu gain de cause ?

— Tu as bien dormi ? demanda-t-il.
— Oui, très bien, merci.

Le regard déterminé de Lana commençait à le mettre à l'aise. Il fourra les poings dans les poches de son pantalon pour se donner une contenance. Elle paraissait moins sous son charme. Il était temps de la faire craquer définitivement.

— Tu te souviens hier que j'avais une question à te poser ?

— Parfaitement.

— Voilà, Lana...

Derek esquissa un sourire conquérant quand il extirpa un écrin d'un rouge vif de sa poche et le lui présenta d'une main. De l'autre, il l'ouvrit pour révéler un solitaire serti d'un énorme diamant en son centre. Avec lui, tout était dans la démesure !

— Veux-tu devenir ma femme ? demanda-t-il, d'une voix émue.

La proposition ne reçut pas l'enthousiasme escompté. Lana attrapa la petite boîte, observa la bague à l'intérieur pendant quelques secondes, puis la reposa doucement sur la table basse.

— Derek, je ne peux pas t'épouser.

— Pourquoi ? Je t'aime, Lana. Tu éprouves les mêmes sentiments pour moi, je le sais. Ne laisse pas Scott nous séparer.

— Scott n'a rien à voir là-dedans, dit-elle, en secouant la tête. C'est à cause de toi. Ou plutôt tes paroles. Elles m'ont ouvert les yeux. Hier, tu as affirmé : « Quand on fait pleurer une femme, on ne la mérite pas. » Donc tu ne me mérites pas, Derek.

Il fut sur le point de protester quand elle réduisit la distance entre eux et posa doucement ses doigts sur sa bouche. Puis, la pulpe de son pouce traça des petits cercles affectueux sur sa joue râpeuse. Elle appuya ensuite son front contre son épaule. Une bouffée de tendresse monta en elle en se replongeant dans ses souvenirs.

— Oui, c'est vrai, je t'ai aimé, murmura-t-elle, d'une voix chevrotante. Quand j'avais seize ans, j'étais folle de toi, Derek. Un seul regard de toi m'expédiait direct au paradis. J'étais alors certaine que ma journée allait être merveilleuse. Et généralement, elle était ! Puis, un jour, je t'ai annoncé que j'étais tombée enceinte. Tu m'as rejeté. Mon cœur a saigné. Nous aurions pu en parler, mais tu as préféré fuir loin de moi. Et mon monde s'est littéralement écroulé lorsque tu as quitté la ville sans un même mot. Depuis, je n'ai cessé de pleurer. Toutes les nuits après ton départ, j'ai versé tant des larmes. Quand j'ai cru que j'étais guérie, ton retour a ranimé ma blessure. Mais c'est fini, je ne veux plus pleurer. Je veux tourner la page et laisser mon passé derrière moi. Mon avenir est avec Scott.

— Lana...

Derek la serra contre lui. Les larmes mouillèrent ses joues en imaginant cette jeune fille qu'il avait blessée au plus profond de son âme. Elle avait raison, il devait la laisser partir. Il ne la méritait pas.

— Pardonne-moi.

— Je te pardonne, Derek.

— Je pourrais continuer à rendre visite à Bastian ?

Son Premier AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant