Chapitre 5.

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Le reste de la journée fut composé des mêmes entrainements. Harry commençait à vraiment maîtriser sa respiration et Louis décida d’en profiter pour le pousser dans sa concentration. Il refusait de recommencer à utiliser le feu sans l’assistance de Richie, mais il y avait mille autres possibilités de forcer Harry à travailler son attention. Il passa donc plusieurs heures à tout mettre en œuvre pour déconcentrer le jeune homme. Richie, de son côté continuait à pousser Niall à contenir sa rage pour ne pas finir tout simplement par exploser.

A dix-sept heures, Richie décida que l’entrainement avait été assez long et assez laborieux. Il était temps pour les garçons de rentrer, prendre une collation, et se détendre.

-       Très bien, il y a des petits pains, des fruits, et des céréales dans la salle à manger, vous pouvez aller vous servir. Niall je veux te voir dans mon bureau dans une demi-heure. Ne traîne pas.

Le jeune homme hocha la tête et partit en courant vers le bâtiment. Le pauvre avait très peu déjeuné et il était hors de question de manger dans le bureau de Richie. Louis rangea le jerrican et la boite d’allumettes dans l’abri et essaya de s’affairer autant que possible pour ne pas devoir faire face à Richie. Il savait qu’elle ne laisserait pas passer sa bourde, et il voulait retarder les choses un maximum… Histoire qu’elle soit aussi calmée que possible, quand ils en discuteraient. Harry pour sa part, resta assis sur le sol un moment. De toute évidence, il était exténué. Louis avait peut-être été un peu dur avec lui. Richie vint alors s’accroupir auprès de lui.

-       Si c’est trop difficile pour toi, il faut me le dire, et il faut le dire à Louis. Bien sûr que je suis là pour te pousser à te dépasser, mais pas pour te mettre en danger ou pour mettre en danger Louis et Niall. Si tu sens que tu as atteint tes limites, préviens-nous, on calmera le jeu, on adaptera. J’veux pas que tu sois complètement vidé comme ça, s’il t’arrive quoi que ce soit et que tu as besoin de soutien médical, tu pourrais être obligé de quitter Le Manoir et tu serais envoyé en foyer. C’est pas ce que je veux pour toi, et j’aimerais autant que personne ne vienne ici, donc ménage toi. J’ai commandé une plante spéciale, qui devrait parvenir à t’apaiser un peu, ça devrait arrêter tes cauchemars, ou au moins les atténuer. Mais en attendant de la recevoir, je sais que tes nuits ne rechargent pas tes batteries. Alors on va y aller plus doucement.

Harry regarda Richie avec confusion pendant un moment. Oui, elle lui avait montré qu’elle avait conscience de ses problèmes de sommeil, mais elle n’avait jamais abordé le sujet directement, il s’était juste figuré qu’elle ne s’occupait pas de ce genre de choses. Qu’il était adulte et que c’était à lui de gérer ce genre de désagréments, par lui-même. Richie n’était pas sa mère et elle ne s’occuperait pas de lui comme une maman le ferait. Et pourtant elle était là, accroupie devant lui, la main doucement posée sur son bras, inquiète de le voir se faire du mal, et déterminée à le garder au Manoir où elle pouvait avoir un œil sur lui en permanence. Il hocha la tête et prit appui sur le sol pour se relever. La jeune femme marcha avec lui jusqu’au manoir, le fit asseoir dans la salle à manger et lui apporta un jus de fruit, une banane, et un petit pain, l’incitant à manger un peu avant de monter dans sa chambre pour se reposer, et elle s’assit à côté de lui pour grignoter un petit pain, elle aussi. Quelques minutes plus tard, elle alla s’installer dans son bureau avant de devoir accueillir Niall.

Ces séances d’apaisement avec le jeune blond prenaient généralement la forme de profondes méditations, ou encore de longues discussions durant lesquelles Niall décrivait avec précisions les tortures qu’il comptait infliger aux meurtriers de sa famille, et Richie désamorçait ces pensées les unes après les autres, en essayant de lui faire comprendre que ces violences ne lui apporteraient aucune satisfaction, bien au contraire, elle était persuadée qu’en poursuivant ses désirs de vengeance, Niall finirait par s’auto détruire pour de bon. D’une voix calme et posée, elle lui parlait de tout le bien qu’il pouvait faire, de toutes les actions qu’il pouvait mettre en place pour, au contraire, faire en sorte que ces tueries cesse, et pas les perpétrer. Elle passait aussi une bonne partie de ce temps à s’émerveiller de la profonde différence de caractère entre Niall et Harry. Là où Niall appliquait la loi du talion, Harry n’avait qu’une envie : se cacher dans un monde de calme et de stabilité, là ou plus jamais il n’aurait à faire face à ce genre d’attaques. Peut-être était-ce simplement dû au fait qu’Harry était plus jeune, mais Richie ressentait vraiment une profonde douceur en lui, et une totale incompréhension de la violence et du mal. C’était juste un enfant, perdu, triste et exténué.

Ecrasée sous le poids de la colère et de la peine de Niall, Richie termina sa journée assise dans un fauteuil, les pieds tendus vers l’âtre de la cheminée pour se réchauffer l’âme tranquillement. Elle n’avait pas dîné avec les garçons. A vrai dire, elle n’avait pas dîné du tout. Elle était trop fatiguée pour porter une fourchette de nourriture à ses lèvres, mâcher et avaler.

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