Chapitre 13.

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Louis caressa du bout des doigts l'épaule blanche de Norah avant d'y poser le bout des lèvres. Mais elle fronça les sourcils, visiblement contrariée d'avoir été prise sur le fait. Quel genre de légitimité pouvait-elle espérer avoir, maintenant? Elle pinça les lèvres, ouvrit le sachet de haricots verts et commença à les équeuter.

- Tu veux bien faire bouillir de l'eau? demanda-t-elle, mais c'était clairement plus un ordre qu'une requête. Alors, Louis s'exécuta. Et il ne dit plus un mot.

Après le repas, Richie emmena Harry à la cuisine pour lui montrer où elle avait rangé sa tisane et lui en préparer une. Elle lui demanda tout de même de l'économiser parce que c'était une plante très difficile à obtenir et qu'elle ne souhaitait pas mettre Ed en difficultés. Bien sûr, il accepta d'être prudent, et emmena sa tasse au salon. Louis n'y était plus, probablement déjà sorti faire ses corvées, il avait échangé avec Niall pour s'occuper du jardin. C'était plus de travail, mais au moins il ne serait pas enfermé à l'intérieur. Cela n'arrangeait pas vraiment Richie, en revanche. elle espérait que s'occuper du jardin fatiguerait assez Niall pour qu'elle ne soit pas obligée de passer la deuxième moitié de son après-midi avec lui. Chacun s'affaira à désherber, ranger, nettoyer... La bâtisse demandait énormément d'entretien et Richie refusait d'engager le moindre personnel de nettoyage. Plus il y avait d'étrangers allant et venant dans son manoir, plus il y avait de risques que l'on trouve une faille dans son système et mette en danger son organisation. Harry, pour sa part, se réfugia dans sa chambre et sombra dans un sommeil réparateur bien mérité.

Vers seize heures, Richie convoqua Niall dans son bureau. Le samedi, elle passait toujours plus de temps avec lui.

- Si tu veux bien, j'aimerais qu'on commence par des exercices de relaxation. Allonge-toi sur le sol.

Après avoir protesté que le bureau possédait un canapé et que, franchement, il ne voyait pas quelle différence cela ferait de s'allonger par terre, et puis le parquet n'avait rien de bien relaxant, il s'exécuta. Richie lui fit fermer les yeux et commença par l'aider à réguler sa respiration, l'un de ses plus grands points faibles.

-       Ferme les yeux. Inspire profondément. Remplis tes poumons, prends ton temps, dit-elle doucement, d’une voix calme et posée, presque un murmure. Inspire… Inspire… Inspire… Bloque l’air à l’intérieur… Encore… Et on souffle par la bouche, longtemps. Vide tes poumons, vide tout ton corps. Souffle… Souffle… Et on recommence, inspire, inspire, remplis tout ton corps d’air, il fau que ton ventre gonfle comme un ballon… Bloque… Et souffle… Souffle… Souffle… Okay, Maintenant, tu vas prendre conscience de chaque partie de ton corps, on commence par les pieds. Les yeux fermés, concentre toi sur te pieds. Ils sont lourds, très, très lourds et le sol est mou, comme de la pâte à modeler. Tes pieds s’enfoncent dans le sol, doucement, comme dans des sables mouvants… Tes mollets sont lourds aussi et ils s’enfoncent ave tes pieds, et maintenant tes jambes toutes entières, et le reste de ton corps : le bout de tes doigts, tes mains, tes coudes, tes bras, tes épaules… Et maintenant ta tête… Ta tête s’enfonce dans le sol mou… Respire toujours profondément…

Après plus d’une demi-heure de relaxation de ce genre, elle lui demanda de se lever et l’invita à s’asseoir au bureau, en face d’elle. Niall se sentait léger, presque aérien, comme s’il flottait dans la pièce et son corps était presque anesthésié. Il pensa que ces exercices de relaxation étaient un peu ennuyeux, mais que finalement il aimait bien les sensations qu’ils lui donnaient. C’était comme un puissant tranquillisant. Il réalisa qu’après une demi-heure à respirer profondément et se concentrer sur les réactions de son corps à son environnement, il n’avait plus la moindre envie de violence. Au contraire, il avait plutôt envie de manger et se prélasser au soleil. Richie lui expliqua que ses envies de vengeance n’étaient, finalement, rien d’autre qu’une réaction à une expérience traumatisante. Ce qui l’avait enfermé dans un cercle de violence incontrôlable. Que ces exercices simples lui permettaient de se recentrer, non plus sur sa colère et son esprit de vengeance, mais sur lui-même et les réels besoins de son corps, comme la nourriture et le repos. Petit à petit, il comprit que la violence ne faisait pas partie de ces besoins et qu'il alimentait lui-même ces pulsions sans se fier aux signaux que lui envoyait son corps. C'était un grand pas pour lui vers une existence plus calme et tranquille, et Richie s'en réjouit. Mais après un certain moment elle le vit faire sautiller son genou frénétiquement, signe immanquable d'agitation. La partie était loin d'être gagnée.

-En voyant que tu ne t'en sortais vraiment pas, j'ai pris une décision. C'en est fini du feu, pour toi. Je vois bien que tu ne t'en sors pas. je voulais te faire travailler là dessus parce qu'Harry venait tout juste de s'y mettre quand tu es arrivé et que j'ai voulu faire d'une pierre deux coups, mais je vois bien que tu ne parviens pas à maîtriser cet élément et c'est trop dangereux pour que je continue à te pousser. Harry commence à vraiment s'en sortir donc tes petites explosions deviennent de moins en moins dangereuses pour lui, mais j'ai peur que tu te blesse toi-même. Donc, ce qu'on va faire, c'est qu'on va échanger. Toi, tu vas bosser avec Louis sur la maîtrise de la terre, pendant que je continuerai à entraîner Harry sur le feu. Je vous superviserai toujours, bien sûr, mais je pense que ce sera plus pratique que vous bossiez en paires.

Niall n’avait pas particulièrement envie de travailler avec Louis, mais quelque part, il état soulagé de pouvoir arrêter de s’entraîner avec le feu. Lui aussi se rendait compte qu’il ne parvenait à rien, et ça finissait par l’énerver encore plus. Complètement contre-productif. Lorsqu’il sortit du bureau de Richie, il était 20 heures et Louis avait rapidement préparé une soupe rapide, qu’il avait engloutie avant de monter se coucher, probablement exténué de ses corvées. Niall et Richie se servirent chacun un bol, qu’ils burent en regardant la télé puis ils allèrent se coucher à leur tour. Harry, pour sa part, n’avait cessé de ronfler de l’après-midi, et semblait bien parti pour continuer. Richie passa rapidement la tête dans sa chambre pour s’assurer que tout allait bien, et le trouva étalé de tout son long sur le matelas, la couette à moitié par terre et la bouche grande ouverte. Ca faisait plaisir à voir et c’est le cœur léger qu’elle se glissa dans son propre lit, pour une bonne nuit de sommeil bien méritée.

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