Chapitre 15.

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La semaine suivante sembla se dérouler parfaitement. Harry dormait enfin. Il faisait toujours autant de cauchemars, mais ils le traumatisaient moins et ses nuits étaient à nouveau reposantes. Il lui faudrait énormément de temps pour que les terribles images  de son passé cessent de le hanter, il ne serait peut-être même jamais capable de retrouver une vie normale. Mais pour le moment, au moins, il reprenait des forces. Et, comme Richie l’avait supposé, il contrôlait beaucoup plus son énergie et progressait à une vitesse incroyable. Bientôt, sa maîtrise du feu fut complète et il put rejoindre Louis et Niall dans leurs tentatives de maîtrise de la terre. Ils n’avaient pas faits d’énormes progrès. Louis savait que cette technique n’était pas son point fort et, parce qu’il ne parvenait pas à la maîtriser totalement, il était proprement incapable de la transmettre. Bien évidemment, Niall n’était pas non plus l’élève le plus discipliné. Il était toujours sur-vitaminé, toujours impatient. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour réaliser que Louis tâtonnait. Il avait alors cessé de lui accorder le moindre crédit et mettait en doute la moindre chose qu’il puisse dire. Lorsque Richie et Harry décidèrent de les rejoindre, ils les trouvèrent au bord de l’affrontement. Niall riait à gorge déployée, se tapant les cuisses et se moquant ouvertement de Louis qui se tenait à quelques mètres de là, appuyé contre un arbre. Ses yeux bleus lançaient des éclairs en direction du blond alors qu’il lui répétait de la fermer et jurait comme un charretier, la mâchoire et les poings serrés. A tout moment, il semblait capable de bondir sur Niall et de le massacrer. Norah se précipita vers lui, traversant à grands pas les quinze mètres qui les séparaient pour aller poser la main sur l’un des poings serrés du jeune homme avec bienveillance. L’espèce d’un cinquième de seconde, elle planta son regard dans celui de Louis, sans dire le moindre mot, et il sembla se détendre automatiquement, comme si elle venait de lui administrer une dose de morphine. Elle se tourna alors vers Niall, curieusement sans lâcher le poing de Louis. Elle eut l’air de prendre un instant pour se calmer et fit simplement un mouvement de la tête ordonnant silencieusement à Niall d’aller s’asseoir.

Il y avait des moments, comme ça, où Norah n’avait rien à dire. D’abord parce que si elle ouvrait la bouche, elle finirait par les insulter comme une damnée, et puis parce que de toute façon, son visage transmettait sa colère et c’était largement suffisant pour tous les intimider. Elle n’avait même pas à faire quoi que ce soit, vraiment. Bien sûr, elle leur avait fait faire des pompes pour leurs retard, faisait régulièrement courir Niall jusqu’à l’épuisement, mais finalement… S’ils refusaient de se plier à ses règles, ils n’avaient aucune certitude qu’elle fasse quoi que ce soit. Pourtant le doux ciel bleu de ses yeux les terrifiait lorsqu’il passait au gris acier. Un simple regard suffisait à les discipliner.

Reportant son attention sur Harry, elle laissa les deux autres dans leur coin, l’air ahuri, à se demander ce qu’elle allait bien pouvoir faire d’eux. La réponse était simple : rien. Elle n’allait rien faire d’eux, puisqu’elle comptait aider à Harry à rattraper bien vite l’avance qu’ils avaient tous les deux prise sur la maîtrise de la terre. Avec un large sourire, et sans plus se soucier le moins du monde des deux autres, elle invita le grand brun à s’asseoir sur le sol et lui fit poser les deux mains à plat par terre, de chaque côté de lui. Une fois de plus, le guidant d’une voix douce et posée, elle l’aida à se calmer, à se concentrer, à prendre conscience de la force qu’il pouvait tirer de la terre, à réunir cette force et à la mobiliser. Les bras du garçon tremblaient comme si on venait de l’enfermer dans un congélateur et son cou était complètement rouge. Il essayait de toutes ses forces, mais rien ne se produisit. Louis et Niall eurent alors un sourire, satisfaction pour l’un et moquerie pour l’autre. Louis, à vrai dire, était rassuré. Il n’était pas le seul, finalement, à ne parvenir à rien avec cette technique. Niall, qui s’était assis à l’ombre d’un chêne, bondit sur ses jambes et se précipita à côté d’eux. Sans un mot, mais regardant Richie comme pour avoir son approbation, il prit une grande inspiration et ferma les yeux. Rien ne bougea pendant quelques secondes, et puis, soudainement, il se mit à trembler et rougir lui aussi sous l’effort. Ses muscles gonflèrent, et ses poings s’encrèrent dans le sol, comme sous un poids que la terre pouvait à peine soutenir. Harry écarquilla les yeux avec une exclamation de surprise et Richie eut un léger sourire en coin. Après cette démonstration, il se remit à respirer profondément et les muscles de ses bras reprirent une forme normale. Il rouvrit les yeux et regarda Richie avec une immense fierté. Elle souriait toujours.

--       Je me doutais que ce serait plus ton truc. C’est bien tu as vite progressé. En revanche, précisa-t-elle en voyant son sourire s’élargir, ce n’est pas une raison pour manquer de respect à Louis.

Mais un profond sentiment de satisfaction la remplit. Elle était bien contente d’avoir mis le doigt sur l’exercice pour lequel Niall avait le plus de facilité. Et tant mieux si ce n’était pas le même que Louis. Chacun pouvait s’entraîner dans son propre domaine et quand elle pourrait les laisser travailler seuls, ils ne seraient pas obligés d’être ensemble. Evidemment, elle avait remarqué les tensions entre eux, et elle espérait sincèrement pouvoir éviter que cela s’envenime, autant que possible.

Elle pourrait alors faire travailler Harry tranquillement, et si la terre n’était pas son élément, il passerait à l’air… Peut-être même serait-elle capable d’organiser trois petits ateliers qui lui permette de passer les voir l’un après l’autre pour les coacher et les cadrer tout simplement. Oui, Richie était ravie.

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