Chapitre 7

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Gautier émergea lentement de son sommeil. Une fois tout à fait conscient, il regarda autour de lui. L'endroit – une ancienne bâtisse au plancher et aux murs humides – lui était inconnu. Une vieille table en bois trônait au milieu de la pièce ; un homme y était accoudé, dos à lui. Son épée bâtarde se trouvait aussi sur la table. Quelques choppes usées jonchaient le sol, et deux portes étaient présentes : une menant à l'extérieur et l'autre, sûrement, dans une autre pièce.

Une pièce dans laquelle se trouvait peut-être Ralph, s'ils l'avaient pris, lui aussi.

L'homme se retourna et s'approcha de Gautier. Il était grand, et sa longue cape sombre venait renforcer cette impression. A croire qu'ils portent tous des foutues capes, pensa Gautier. Un pendentif étrange, et un air mystérieux, comme ce fichu moustachu. Mais qui sont ces hommes ? L'étranger vint s'accroupir en face de Gautier. Il se racla la gorge, ouvrit la bouche, mais Gautier le devança ; il était attaché mais pas bâillonné.

« Qui êtes-vous, tous autant que vous êtes ? Que voulez-vous ? Où sommes-nous ? articula lentement Gautier.

- Ce n'est pas à toi de poser les questions, mais à moi, Gautier. »

Et en plus, ces chiens connaissent mon prénom. De mieux en mieux.

« Dis-moi ; pourquoi avoir fait cela ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Et, de fait, Gautier ne comprenait vraiment pas.

« Oh, trois fois rien... Tu pensais réellement pouvoir tuer nos frères sans craindre de représailles ?

- Vos frères ? Ah ! Les deux idiots près de la taverne ? demanda Gautier.

- Avoir tué ces deux brigands est là ta seule bonne action, répondit froidement l'homme. Non, moi, je te parle des trois hommes morts par ta faute et celle de ton charmant petit groupe. »

Gautier comprit. L'étranger et le moustachu ressemblaient d'ailleurs beaucoup aux trois autres, morts près du campement. Gautier décida de feinter l'ignorance.

« Jamais entendu parler.

- Oh, ne joue pas à cela avec moi, je t'en prie. Tu te souviens également des trois autres, je suppose ? Une autre bonne action, cela dit, même si l'un a réussi à s'enfuir.

- Je n'y étais pas, siffla Gautier.

- Peut-être qu'un doigt en moins te ferait parler davantage. Alors, quelle main ? »

Les yeux de Gautier s'écarquillèrent. Cet homme n'allait pas vraiment lui couper un doigt, si ? Gautier se mit à gesticuler, tenant de se défaire de ses liens, en vain.

« Ce sera rapide. Douloureux, mais rapide. »

L'homme sortit une petite dague, la contempla et sonda Gautier de ses prunelles d'un bleu à vous glacer le sang.

« Dernière chance. A ta place, je parlerais. »

Gautier lui cracha au visage. L'étranger lui répondit d'un coup de poing dans la mâchoire. Il s'approchait de Gautier, s'approchait un peu plus chaque seconde, lentement, s'approchait, s'approchait...

L'homme poussa un râle sourd, tomba à genoux. Gautier fronça les sourcils. Une lame était figée dans le ventre de celui qui aurait pu être son bourreau ; à quelques secondes près. Gautier leva les yeux et vit son sauveur. Ou plutôt, sa sauveuse.

Cent AnsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant