Chapitre 9

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• CHAPITRE 9 •

Mars 1413


Voilà deux mois qu'ils étaient à Ardon.

Ils avaient tous décidé, après mûre réflexion, de rester encore quelque temps dans le village. Ils étaient donc installés dans l'ancienne taverne, là ou personne ne venait les déranger. Enfin, installés était peut-être un bien grand mot ; ils avaient juste construit une table, quelques chaises et trois lits de fortune.

Qu'en pensaient les habitants d'Ardon ? Ils s'en fichaient bien, d'après Gautier.

Et puis, les habitants n'étaient pas vraiment un souci de toute manière. Gautier songeait bien plus au possible retour de leurs « amis Templiers ». Car oui, ces derniers n'avaient pas encore effectué leur grand retour. Il songeait aussi aux Assassins, bien qu'ils n'avaient encore rien tenté.

Qu'ils reviennent, tiens, pensa Gautier. Tous autant qu'ils sont, Assassins comme Templiers. Nous les avons déjà battus, et nous recommencerons si l'occasion se présente.

« Je les préfère tout de même loin de nous, intervint Thomas.

Tu sais lire dans les pensées maintenant ? répliqua Gautier, étonné.

Tu pensais à voix haute, lâcha le jeune homme dans un rire moqueur.

C'est cela, fiche-toi de moi. »

Gautier lui donna une petite claque – qui se voulait affectueuse - sur l'arrière de la nuque. Ils se mirent à rire.

Le temps se voulait doux, pour un mois de mars. Les rayons du soleil passaient au travers des grands arbres qui peuplaient la forêt. Une petite brise venait, de temps en temps, caresser les quelques feuilles présentes sur les maigres branches.

Gautier, assis contre un tronc massif, tout comme Thomas, se mit à contempler son épée, posée sur ses genoux. Puis, il repartit dans ses pensées.

Que s'était-il passé depuis la dernière visite des Templiers et, surtout, la menace étrange du mystérieux archer ? Pas grand-chose, en fait. Gautier et Ralph gagnaient assez d'argent en offrant leurs services pour nourrir la petite troupe quasiment à sa faim - ce qui constituait un véritable exploit en ces temps troublés - et c'était le principal. Thomas, quant à lui, progressait de jour en jour, sous le regard attentif de Gautier, Alix et Ralph. Il savait à présent correctement manier une épée – bâtarde de surcroît ; Gautier avait finalement réussi à convaincre Alix.

Alix, qui, d'ailleurs, s'absentait de manière... récurrente. Gautier n'avait aucune idée de l'endroit où elle se rendait et, dans un premier temps, il s'en était bien fichu. Cependant, au fur et à mesure, il avait commencé à se poser des questions.

Et Gautier n'appréciait guère les questions sans réponses. Malheureusement pour lui, Alix semblait penser le contraire. Il lui avait demandé, une fois. Une unique fois, qui avait suffi à lui faire passer l'envie de recommencer.

« Mais où vas-tu donc, à la fin ?

Explorer le fondement d'une catin. »

Et elle était partie. Ralph et Thomas avaient bien ri ce jour-là ; Gautier, pas vraiment. Il avait aussi songé à la suivre, mais avait vite abandonné cette idée. Après tout, qu'est-ce-que cela pouvait bien lui faire à lui, Gautier du Lac, qu'Alix s'absentât de temps à autre ?

... Sûrement bien plus qu'il ne le pensait, mais qu'importe.

« Bon, reprenons » lâcha Gautier.

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