Chapitre 1 : Le commencement

46 5 2
                                    

Pour que vous compreniez mieux mon histoire, je dois vous raconter ce qui m'est arrivé il y a de cela 2 ans. J'avais alors 12 ans et j'étais en classe de 5e dans un autre collège de celui où je suis actuellement. Et vous l'aurez compris, je n'avais pas beaucoup d'amis; à part une petite blonde nommée Liliana qui me soutenait et que j'appréciais énormément. Mais un jour, alors que nous étions au self, un garçon que tout le monde appelait Jordy s'est levé en claquant ses mains sur la table, ce qui a surpris tout le monde. Jordy était un élève que tout le monde connaissait ou dont on avait déjà entendu parler au moins une fois. Il n'était pas forcément apprécié de tous, ni des professeurs d'ailleurs car il était imprévisible et turbulent. Mais ce jour là, l'ambiance dans le self fut tout à coup calme, et même pesante. Tout le monde le fixait, ils semblaient tous attendre que Jordy fasse quelque chose à la suite de cette réaction, mais cette attente était longue et devenait angoissante. Liliana et moi nous nous sommes regardées du coin de l'œil, elle semblait tout aussi surprise que moi. Après un long silence de quelques minutes qui semblait interminable, il pointa son doigt vers moi, et fronça les sourcils. Son regard devint noir et son visage empli de haine. Ces yeux marrons disparaissaient sous ces sourcils noirs mais je sentais qu'il me regardait dans les yeux. Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne pus détourner mon regard, comme si Jordy m'envoûtait. Puis d'un seul coup, tous se retournèrent vers moi avec une sorte d'incompréhension sur leur visage. Puis il cria:
- TOI!!
Je ne pus même pas lui répondre, j'étais pétrifiée, incapable de bouger le moindre petit doigt. Il reprit:
- SALE MONSTRE!
Tout le monde fut surpris par ses mots, certains même sursautèrent. Il reprit mais cette fois sans hurler, sur un ton sec :
- À ce qu'on m'a dit tu es hantée par le diable! Parce que tu as les cheveux roux!
Je ne comprenais pas ce qu'il me racontait mais je réussis à tourner les yeux vers Liliana pour chercher du réconfort. Je vis son visage se décomposer. Elle fixait l'ensemble du self, sans dire un mot. Je tournais alors mon regard vers le reste de la pièce, et voyais tout le monde, tous mes camarades me regardaient, mais cette fois, avec un regard méprisant et menaçant. Puis, Jordy regarda Liliana et lui dit:
- Si tu es son amie tu seras toi aussi hantée! Tu seras contaminée par sa couleur de cheveux et tu deviendras rousse à ton tour!
Je la regardai les yeux au bord des larmes. Elle était mon unique soutient, je ne pouvais compter que sur elle à présent. Elle était la seule à pouvoir les résonner. Ce que Jordy disait était absurde! On ne peut pas contaminer les autres par notre couleur de cheveux! Tout comme les blonds ne peuvent pas contaminer les autres! Je la regardais, j'attendais sa réaction, j'attendais qu'elle me serre dans ses bras et qu'elle dise aux autres que ce n'était pas vrai! Mais elle baissa la tête et me chuchota:
- Vas t'en.
- Pardon? lui dis-je.
- Vas t'en je t'ai dis, me répéta-t-elle.
- Mais enfin, Liliana!
Mes larmes commençaient à monter, mon cœur se serrait, une boule s'installa dans mon ventre et me retourna l'estomac.
- VAS T'EN! TU N'ES PLUS MON AMIE C'EST CLAIR?! cria-t-elle.
Je n'attendis pas qu'elle me le dise encore une fois, je pris mon sac et courus le plus loin possible. Des larmes coulaient sur mon visage, le vent tiraillait mes joues. Je courus le plus loin possible sans m'arrêter, mes jambes me faisaient mal, je ne les sentais plus, ce sont elles qui me transportaient. Après de longues minutes de course, je m'arrêtai dans la forêt située au bout de la ville. Il n'y avait personne. Je me souviens ce jour là être restée des heures adossée à un arbre à pleurer toutes les larmes de mon corps et à ressasser ce qui c'était passé. Ma mère était venue me chercher après de longues heures de recherches. Les policiers aussi étaient là. Ma mère ne manqua pas cette fois là de me punir pour m'être échappée du collège. Puis je changeai de collège car je dis à ma mère que je ne pouvais pas bien travailler là-bas. Depuis ce jour, je ne me suis pas faite d'amis. J'ai toujours mis une distance avec les autres car je ne voulais pas être de nouveau humiliée. Donc on peut dire que mes relations amicales et sentimentales se maintiennent à 0. Je n'ai pas eu beaucoup d'amis dans ma vie et encore moins de petit ami.

Actuellement je suis dans un autre collège, qui se trouve plus loin de chez moi. Je suis donc obligée de prendre le car tous les matins et tous les soirs, seule. Je regarde tranquillement le paysage et je dessine quand je vois quelque chose d'intéressant. Mon bloc de dessins ressemble à une superposition de croquis et de traits de crayon sans signification particulière. Mais j'aime bien ça. J'ai l'impression de relier des objets qui n'ont naturellement aucun lien entre eux. C'est une vision fantastique et fictive du monde qui m'entoure. Par exemple, il y avait une parabole posée sur la tête d'un homme, ou encore un cookie dans le bec d'un oiseau. Pleins de choses comme ça qui me permettent de m'évader du monde réel. J'ai l'impression que ce monde est si cruel et machiavélique, les gens ne pensent qu'à leur réussite et leur bien être personnel. L'Homme est un éternel égoïste.

Comme tous les jours, je vais au collège. C'est le lundi, le pire jour de la semaine car c'est le premier jour d'un enfer de cinq jours. Je prends le car, comme d'habitude en regardant le paysage. Ce paysage toujours identique : les grands arbres, les pleines et leurs chevaux, les morceaux de villes au loin et les nuages changeants avec d'étranges formes. Je regarde par la fenêtre, puis, le car s'arrête à un des arrêts prévus par l'itinéraire. Des inconnus montent les uns après les autres en montrant leur titre de transport et en scrutant l'intérieur du car pour trouver des places libres. Je les regarde passer, le regard dans le vide, mon bloc de dessin à la main et mon crayon à papier dans l'autre ; je cherche l'inspiration. Puis, mon inspiration revient d'un coup... Face à moi se trouve un homme grand, beau, avec un regard perçant et profond à la fois. Je commence donc à dessiner ces beaux yeux cendrés aux nuances violettes. Puis, je regarde du coin de l'œil vers l'allée du car, il se trouve face à moi, me fait un sourire et me demande gentiment:
- Je peux m'asseoir?
J'enlève mon sac et rougis.

CaramelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant