De glace ou de feu

CHAPITRE 3

Des larmes froides, si froides, glacées... Glacées?
     Mes larmes n'ont pas coulé, je ne les ai pas senties s'écraser sur le sol... Elles se sont figées... Figées comme de la glace... En passant mes doigts sur mes joues, je retirai la pellicule froide et rigide afin de l'observer. C'est abasourdie et inquiète que je scrutai cette fine plaque translucide et en forme de goutte. Étonnamment, je ne ressentis pas sa fraîcheur... Mes mains ne sont pas refroidies par ce contact, j'ai l'impression d'avoir gardé ma température corporelle. Une si fine couche devrait normalement, fondre sur ma peau... Mais rien n'y fait ma larme n'a pas bougé...
  Après avoir repris mes esprits, je me levai avec empressement,et ne pris même pas la peine de ramasser ma couverture. Je courais déjà vers mon logement... J'entrai brusquement, regardai autour de moi, il n'y a personne... J'appelai en vain, ma grand-mère en criant, en hurlant, je ne m'autorisai plus aucun pleur après cet événement.
Au bout de 10 minutes, je réalisai que personne ne viendra à mon aide. Je suis alors montée dans ma chambre pour démarrer mon ordinateur portable et commencer mes recherches. J'ai épluché alors tous les cas qui pourraient, de près ou de loin, ressembler à ce qu'il m'est arrivé quelques minutes auparavant. Je suis passée par toutes sortes d'aventures  aussi sordides les unes que les autres: d'une jeune femme schizophrène, à un enfant exorcisé en passant par un médium qui a mal tourné. Une multitude d'histoires abracadabrantes qui n'ont rien fait de plus que m'affoler.
Vers 20h, j'entendis la porte se claquer, Helen entra, les mains pleines de provisions.
Je dévalai les escaliers en hurlant :
-- Helen!!!! Helen!!!! Je... Je ... Ne comprends pas ce qu'il m'arrive... m'époumonnai-je.
-- Quoi?! Ambre, calme-toi et explique moi ce qui se passe, intervint-elle pour m'apaiser.
Au fur et à mesure que je lui contais ma mésaventure, je vis son expression changer. Elle passa de la compréhension, à l'inquiétude, l'affolement et enfin l'angoisse...
   Au bout d'une longue minute de silence, elle entrouvrit la bouche, remua les lèvres mais aucun son ne sortit. Après encore une minute de reflexion, elle parvint à prononcer une phrase en détachant chaque mot:
-- Est ce que quelqu'un t'a vu?
-- Non...non... Je ne crois pas...balbutai-je, il n'y a jamais personne à l'étang... Mais c'est tout ce que tu...
-- Bien c'est l'essentiel, me coupa-t-elle.
-- Helen? Qu'est ce qui m'arrive ? soufflai-je en sentant la migraine me monter à la tête.
-- Eh bien, jeune fille,dit-elle en s'asseyant lentement, je crois que l'heure est venue pour toi de connaître la vérité...