CHAPITRE 2

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Darwin

J'étais satisfait, content, énergique, frais, requinqué, motivé, remonté, ravi, fier, brave...

Tout un tas d'adjectifs auraient pu qualifier mon état psychologique à ce jour.

324 jours que j'étais ici et seulement 3 crises au compteur. Dont la dernière remontait à exactement 121 jours. Alors oui, j'étais fier. J'avais obtenu hier, l'accord du psy qui me suivait pour que nous ayons seulement un rendez-vous par mois. C'était génial car quand je suis arrivé ici, je le voyais tous les jours, puis toutes les semaines et enfin, tous les mois.

C'est donc dans la bonne humeur que je me réveillai à six heures du matin, comme un automate. Sachant pertinemment que le petit déjeuné était servit à partir de sept heures et que le personnel du centre passait à 6 heures pour déverrouiller les portes des chambres fermées à clef pendant la nuit, je pris tranquillement le temps de passer un T-shirt ainsi qu'un jean, puis d'enfiler une paire de basket qui traînait dans ma chambre. Je fis ensuite mon lit et pris le carnet à dessin qui était posé sur ma table de nuit. M'armant d'un crayon à papier, je feuilletai les pages à la recherche d'un bout de feuille vierge pour pouvoir m'exprimer, et une fois trouvée, je m'appuyai contre le mur pour dessiner une arabesque difforme.

Au bout de trente minutes de crayonnage, et après un coup d'œil à mon portable, je décidai qu'il était temps réveiller mon ami, Isaac.

Je savais qu'il n'était pas du matin et qu'il détestait pardessus tout qu'on le réveille. C'est pour ça que chaque matin depuis des mois, je prenais un plaisir fou à le réveiller.

C'est donc avec un grand sourire et une bonne humeur débordante que je sortis de ma chambre pour toquer à la sienne qui se trouvait juste en face. Et comme à son habitude, il râla en ouvrant la porte, les cheveux ébouriffés, les yeux plissés et encore remplis de sommeil.

-Bonjour à toi aussi, rigolai-je doucement.

Comme depuis quelques temps, il me laissa entrer dans sa chambre. Je m'avançai alors prudemment, veillant à ne toucher aucun meuble et à toujours me tenir à une distance respectable de lui. Il sortit soigneusement ses vêtements de son armoire, et parti s'enfermer dans la salle de bain.

Après ce qui me sembla une éternité, il ressortit enfin de cette pièce et nous sortîmes de sa chambre et partîmes en direction du réfectoire.

-Bien dormi ? me demanda-t-il en bayant.

-Ouais, et toi ?

-J'ai connu mieux, Maddie s'est mise à hurler vers trois heures du matin. Tu ne l'as pas entendue ?

Je fronçai les sourcils.

-Non, j'ai rien entendu. Tu sais si elle va bien ?

-Mathilda s'en est occupé. Je pense qu'elle l'a faite transférée ailleurs... Maddie est vraiment trop atteinte pour être gardée ici, me confia-t-il tristement.

-C'est dommage, elle avait l'air gentil, tentai-je de l'apaiser.

-Elle l'était. Mais sa maladie l'a bouffée de l'intérieur, et sans intervention radicale, j'ai bien peur qu'elle devienne complètement folle.

Isaac était au centre depuis beaucoup plus longtemps que moi, quelques années m'avait-il dit quand je le lui avais demandé. Il connaît donc presque toutes les personnes qui sont passées par ce centre ; personnel médical et patients compris. Isaac est quelqu'un de plutôt discret quand il s'agit de sa vie et de son syndrome qui lui pourrit pas mal la vie, mais je sais que malgré toutes ces années passées ici, il vient tout juste de commencer à s'ouvrir au monde qui l'entoure. C'est un type un bien.

La Thérapie du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant