CHAPITRE 1

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Rose

J'étais lasse, fatiguée, triste, nostalgique, pessimiste, molle, désespérée, lâche,...

Tout un tas d'adjectifs auraient pu qualifier mon état psychologique à ce jour.

Dépression nerveuse due à un choc émotionnel. Voilà ce que les psychologues et les psychiatres avaient diagnostiqué. J'étais dépressive. Après de nombreux traitements qui m'abrutissaient chacun un peu plus et qui n'avait aucune influence sur ma pathologie, les médecins ont conclu que la meilleure chose à faire dans mon état était de me faire « intégrer » un « centre de repos » pour que je puisse bénéficier de tous les soins qui seraient nécessaires à ma guérison. « Intégrer » était les mots qu'ils avaient employé devant mes parents et moi pour ne pas nous choquer, mais je n'étais pas dupe, et encore moins naïve, je savais pertinemment que le juste mot devait être interner. De plus, sur la brochure de renseignement que les médecins avaient donné à mes parents, il était écrit hôpital psychiatrique et centre de repos, ce qui n'était pas pour me rassurer.

Mes parents étaient perdus face à mon comportement et mon état –autant psychologique, que physique. En seulement quelques mois j'avais pris douze kilos et arrêté de bosser mes cours ; j'étais maintenant en échec scolaire. Autant dire que si je voulais mon baccalauréat l'année prochaine, je pouvais toujours me gratter.

Ainsi, ils avaient pris la décision d'accepter la proposition des médecins et de leur faire confiance vis-à-vis de moi. Je ne leur en voulais pas, même si je n'avais aucune envie de me faire interner, ce n'était pas un internement forcé, il était volontaire et j'avais donné mon aval. De plus, je savais pertinemment que si je continuais comme ça, je fonçais droit dans le mur. Mais quelque part, c'était ma manière à moi d'oublier ce que j'avais vu et vécu cette nuit-là.

J'étais donc, à l'heure actuelle, dans la petite Fiat500 de mes parents qui m'emmenaient dans ce « centre de repos »–chez les fous. J'avais peur. J'étais terrifiée à l'idée de me retrouver avec des personnes beaucoup plus atteintes -psychologiquement et physiquement- que moi. J'avais peur à l'idée de vivre dans le même endroit que des fous. Et c'était égoïste, car si j'y allai moi aussi, c'était pour une bonne raison.

Mais étrangement, cette peur me fit du bien ; elle me donna un regain d'énergie étonnant, chose qui ne m'était pas arrivée depuis longtemps.

Quand la voiture de mes parents s'engagea aux alentours de dix-huit heures, sur une allée de terre menant à un grand portail de fer forgé façon American Horror Story, ma peur redoubla et je déglutis bruyamment.

Mes parents se garèrent devant une immense bâtisse de briques rouges. Rien n'indiquait que nous nous trouvions dans un hôpital psychiatrique ou un centre de repos ; pas un seul panneau aux alentours comportant une indication indiquant le lieu ou les noms de l'hôpital et du centre dans lesquels nous nous trouvions. L'environnement autour du bâtiment était très sommaire : des arbres à perte de vue et beaucoup de fleurs avec de l'herbe bien grasse. C'était plutôt joli et infiniment apaisant. Un environnement propice à la sérénité.

Nous sortîmes de la Fiat500 de mes parents quand la grande porte en bois massif de l'entrée s'ouvrit sur une femme au sourire éclatant de tendresse. Elle s'emblait avoir une quarantaine d'année et était brune. De grande taille et longiligne, elle semblait respirer la joie de vivre et la confiance en elle.  Ce qui n'était clairement pas mon cas quand j'aperçus quelques secondes mon reflet dans la vitre de la voiture.

-Bonjour, s'exclama la brune toute enthousiaste, je m'appelle Mathilda Louis et je suis la directrice de l'hôpital ainsi que du centre de repos.

Mes parents eurent un sourire timide.

La Thérapie du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant