CHAPITRE 3

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Rose

Je ris.

Je ris tellement que j'en ai la gorge en feu.

Mes amis sont aussi hilares que moi et nous hurlons en cœur les paroles de la musique assourdissante.

Nous sommes insouciants. Nous sommes jeunes.

Soudain, nous nous figeons. L'atmosphère change.

Nous comprenons.

Le chaos règne. Le sang gicle sur les murs. La cervelle et les boyaux aussi.

Mes amis sont aussi terrifiés que moi et nous hurlons en cœur notre terreur.

Nos cris se perdent et se mêlent dans les ténèbres de la mort qui ravage toute vie autour de nous.

Nous sommes impuissants. Nous sommes conscients.

***

Je me réveille en sursaut, tremblante et dégoulinante de peur.

Ce cauchemar revient inlassablement. Toutes les nuits. Depuis cette nuit-là. Non-stop. En boucle.

Si bien que parfois, je suis terrifiée à la simple idée de m'endormir.

J'étouffai, si bien que je repoussai la couette à mes pieds et m'assis en tailleur dans le lit, en tentant de reprendre une respiration régulière. Le réveil posé sur ma table de nuit indiquait vingt-trois heures.

Depuis deux jours que j'étais ici, j'essayais vainement d'éviter Mia, Isaac et Darwin ; chose sans succès jusque là. Ils me suivaient partout, où que j'aille. Comme des chiens. Je savais qu'ils essayaient simplement de m'intégrer à leur groupe, mais comme j'avais pu le dire à Hekamiah le jour de mon arrivée ; ils étaient sympas, mais je ne voulais pas faire ami-ami avec eux. Tout simplement car je préférais la solitude pour ne pas être emmerdé par le monde extérieur. Et ça, ils ne semblaient pas le comprendre. Alors, chaque soir, j'allais me coucher directement après le dîner pour avoir la paix le plus tôt possible. Malgré mon caractère de cochon, je restais polie avec eux ;  le matin, je leur disais « bonjour » et le soir, « au revoir ».

Ressentant un soudain besoin d'air frais, je décidai de passer les premiers vêtements qui me passaient sous la main : une petite veste et de vieilles baskets, et de tenter le tout pour le tout : sortir d'ici et prendre un bol d'air.

A ma grande surprise, la porte de ma chambre n'était pas verrouillée ; hier soir, aux alentours de trois heures du matin, alors que je m'étais réveillée dans le même état que présentement, la porte était fermée à clef.

Profitant de cette aubaine, je sortis discrètement sur la pointe des pieds de la chambre. Ne sachant pas où aller, je pris les escaliers de secours qui se situaient à droite de ma chambre. Sur le plan du bâtiment, il n'y avait qu'un seul étage, pourtant les escaliers de secours continuaient de monter après l'étage des chambres. Par curiosité, je décidai d'aller voir ce qu'il se trouvait au bout.

C'était une porte de secours qui se trouvait en haut des escaliers. Un peu déçue de ne pas trouver quelque chose de plus exaltant mais décidée à prendre mon bol d'air, j'ouvris la porte pour atterrir sur le toit de l'hôpital, plus précisément sur l'hélisurface.

Le vent me fouetta le visage et je pris enfin une grande bouffée d'air et marchai doucement, les yeux fermés. Cela m'apaisa.

-Salut.

Je sursautai violemment et ouvris les yeux sur la silhouette de Darwin qui se tenait devant moi. Mon cœur battait à toute allure dans ma cage thoracique.

La Thérapie du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant