CHAPITRE 8

26 4 0
                                    

Darwin

Putain de bordel de merde.

Cette fille m'a grillé le cerveau.

Assis au sol dans la chambre, mon carnet dans la main et un crayon dans l'autre, je me remémorai notre repas.

Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant notre pique-nique pour qu'elle se rapproche autant de moi, mais c'était génial. Après avoir tout rangé, nous sommes retournés dans le bâtiment main dans la main sous le regard des autres patients tantôt intrigué, tantôt envieux. Nous n'avons pas prononcé un seul mot, et quand j'ai ressenti ce besoin de m'isoler pour faire le point, je lui ai simplement embrassé le front et suis parti me réfugier dans ma chambre.

Ma sœur avait raison.

Je suis amoureux.

Mais merde, comment est-ce que ça a pu arriver ?

Je n'ai que 17 ans, merde ! Et puis, je connais Rose que depuis quoi ? Quelques semaines ?

On ne peut pas tomber amoureux en quelques putains de semaines.

Pourtant, je suis la preuve vivante que si.

Sa fragilité et son manque de confiance en elle m'a retourné. Je ne sais pas ce qui lui ait arrivé pour qu'elle fasse une telle dépression, mais je ne tarderai pas à le savoir. J'en suis certain.

Et puis quelque part, peut-être naïvement, j'étais convaincu d'être l'antidote de son mal être.

Je soupirai, pris mon carnet et commençai à dessiner tout et n'importe quoi.

Je ne me rendis même pas compte que plusieurs heures s'écoulèrent jusqu'à ce que Mia ne vienne toquer à ma porte.

-Je peux entrer ? demanda-t-elle doucement.

Pour toute réponse, je grognai. Elle prit cela pour un oui, entra et referma la porte de la chambre avant de venir s'installer un tailleur sur mon lit.

-Qu'est-ce que t'as, grand couillon ?

Je soufflai.

-Je n'ai pas envie d'en parler.

J'avais envie d'en parler.

-Oh, allez, fais pas le con avec moi, je sais que t'as envie d'en parler.

Bon, OK, j'avais oublié que ce n'était pas n'importe qui ; c'était Hekamiah,et elle me connaissait trop bien.

-Je crois que je suis amoureux de Rose, marmonnai-je... Non, pire, je suis amoureux d'elle.

Mia poussa un cri semblable à celui d'une truie et se tapa dans les mains en sautillant sur mon lit.

-Mais c'est génial, Darwin ! s'exclama-t-elle, les yeux pétillants. Avec Isaac, on se demandait quand tu allais enfin admettre que tu avais un faible pour elle. On a même parié sur ça !

-Pardon ? lui demandai-je en posant mon crayon et mon carnet et en me retournant vers elle, incrédule. Vous avez parié sur le moment où je me rendrai compte de mes sentiments pour Rose ?

Hekamiah leva les yeux au ciel, sourit et hocha joyeusement la tête.

-Hmm, hmm.... Même que c'est moi qui ai gagné ! Lui était complètement à la ramasse ; il pensait que tu te rendrais compte de tes sentiments pour elle quand elle quitterait le centre.

A la seule pensée qu'elle puisse me quitter, mon ventre se noua. Sans même m'en rendre compte, ce petit bout de femme était devenu mon leitmotiv de tous les jours ; je me levais en pensant à comment je pourrais la faire sourire dans la journée, passais ma journée à la regarder s'ouvrir un peu plus à moi que la journée précédente et me couchais en me remémorant notre rendez-vous sur le toit. Et c'était terriblement flippant de penser que maintenant, je devais me soigner pour moi, pour ma famille, mais aussi pour elle, pour qu'un jour nous puissions envisager une relation stable et plus ou moins normale. Parce que c'est ce que je voulais : une relation durable avec elle.

La Thérapie du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant