CHAPITRE 5

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Rose

Mes jours n'étaient en rien passionnants. Enfin si, la nuit l'était ; mon moment avec Darwin l'était. Nous ne parlions pas beaucoup mais c'était suffisant. Le plus souvent, soit il parlait pour deux, soit il me sondait avec des questions auxquelles j'évitais souvent de répondre. Mais moi aussi, j'avais quelques questions le concernant ; j'avais depuis toujours remarqué qu'il prenait des médicaments et cela m'intriguait de plus en plus. Il faisait donc parti de ceux pour qui le traitement médicamenteux était nécessaire, mais pourquoi les prenait-il ? Qu'avait-il ?

Isaac et Mia étaient de bonne compagnie même si je ne leur disais pas, mais avec Darwin c'était différent. Il était si... compréhensif.

Toute la journée qui avait suivi notre deuxième soirée sur le toit du centre, je l'avais passé à la salle commune avec Mia qui déblatérait sans cesse sur différents sujets. Oh, on avait le choix : la Mode, la Politique de notre pays qu'elle jugeait comme inefficace, ou encore sa grande nouvelle passion pour les plantes parce que : « Elles ont une reproduction asexuée, ce qui veut dire qu'elle se reproduise toute seule. Tu te rends compte un peu ? Tu te vois toi, seulement grâce à tes doigts avoir des enfants sans partenaire ? Les pauvres plantes, ça doit vraiment être une vie de merde. »

Enfin bref, cela faisait maintenant deux semaines que je rejoignais Darwin sur le toit pour notre discussion ou plutôt non-discussion comme il aimait l'appeler car parfois nous échangions quelques mots, et d'autres fois non.

Ce soir-là, j'étais particulièrement enjouée à l'idée de le rejoindre sur le toit après une journée de plus à écouter Hekamiah louer les louanges des biens faits de son activité peinture car elle pouvait ainsi exprimer son âme d'artiste, me disait-elle. C'est vrai que la dernière fois qu'elle m'avait montré un tableau, j'avais trouvé la glace qu'elle avait peinte très réaliste.

Pressée de rejoindre Darwin sur notre lieu de rendez-vous habituel depuis deux semaines, je montai les marches avec une énergie que je ne n'avais pas vue chez moi depuis des mois. Dès l'instant où je passais la porte métallique qui donnait sur le toit, je m'empressais de rejoindre Darwin qui était déjà assit au sol. Je pris naturellement place à ces côtés.

Je nous surpris tous les deux à chantonner un joyeux :

-Salut !

Il se retourna vers moi avec un grand sourire et me dit simplement :

-Salut.

Je rougis légèrement malgré moi ; plus je voyais Darwin, plus je me rendais compte à quel point il était beau avec son imposante carrure rassurante et cet éternel sourire charmeur.

-Dis, je peux te poser une question ? demanda-t-il en interrompant le flux de mes pensées.

Je hochai la tête, peu sûre. A chaque fois que Darwin me posait une question à laquelle je ne voulais ou ne pouvais répondre, celle-ci restait en suspens ou bien je me débrouillais pour changer de sujet.

-La dernière fois, que voulait Mathilda quand elle t'a convoqué ?

Je voyais que poser cette question le mettait légèrement mal à l'aise et je ne voyais absolument pas pourquoi.

Ce n'est pas comme si elle vendait des sextoys ou des préservatifs, pensai-je.

-Elle voulait seulement savoir si je m'intégrais bien dans le centre et je lui ai répondu que je n'avais pas vraiment eu le choix avec vous, lui expliquai-je, honnête.

Il hocha la tête avec un air soulagé et un petit sourire en coin.

Le silence prit place entre nous, sûrement trop longtemps au goût de Darwin, car celui-ci sortit de sa poche son Ipod ainsi que ses écouteurs. J'avais compris que c'était son moyen de communiquer avec moi quand il n'avait pas forcement les mots ou quand il avait des questions auxquelles il savait que je ne répondrais pas, mais peu importe, cela me plaisait. Il me tendit un écouteur et une fois que j'eus mis ce dernier dans mon oreille, il enclencha la musique et « About Her » de Malcom Mclaren résonna dans mon oreille. Au moins une demi-heure passa sans qu'aucun de nous deux ne parle quand soudain, il retira son écouteur et me fit signe d'en faire de même. J'obtempérais, curieuse de savoir ce qu'il se passait, mais sans que je m'y attende, il me déclara de but-en-blanc :

La Thérapie du BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant