Chapitre 5

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Aileen rentra chez elle sur le champ, afin d'ouvrir cette boîte qui l'intriguait au plus haut point.

La boîte était très sophistiquée. Elle était ornée de nombreuses gravures qu'Aileen rapprochait des motifs aztèques.
Après avoir passé quelques minutes à contempler ces arabesques de manière à être sûre de ne manquer aucun indice ; elle se décida enfin à déverrouiller le loquet en métal qui maintenait la boîte scellée.

Lorsqu'elle souleva le couvercle, une odeur bien spécifique se dégagea du contenu de la boîte. Un mélange de fleur de Lotus blanc et de pêche.

C'était l'odeur du parfum de sa mère. Aileen aurait reconnu cette odeur parmi des milliers bien qu'elle ne l'ait plus senti depuis des années.

Il s'agissait du genre de souvenirs que vous gardez enfouis au plus profond de vous, cachés aux yeux de tous, mais qui sont prêts à bondir hors de votre poitrine dès que la réalité les titille.

Aileen fut alors envahie par une sensation de tristesse et sentie les larmes lui monter aux yeux. Peut-être était-elle également susceptible de ressentir une pointe de culpabilité durant ce moment qui lui rappelait à quel point ses parents lui manquaient. Pourtant, malgré cette absence qui pesait lourd sur son cœur de plus en plus faible, elle n'arrivait pas à penser à eux spontanément ; il fallait obligatoirement que quelque chose vienne rafraîchir sa mémoire. Mais pourquoi donc ? Pourquoi était-elle incapable de se souvenir de ses propres parents d'elle-même ? Etait-ce parce qu'ils avaient disparu alors qu'elle était encore toute jeune ? C'est ce qu'Aileen cru en premier lieu, mais suite aux évènements de ces dernières semaines, elle n'en était plus aussi certaine.

Tout fût alors remis en question dans sa vie. Comme un besoin irrépressible d'ébranler tout ce qu'elle avait mis tant d'années à construire.

Après avoir été envahie par cette vague de souvenirs et de questions sans réponse, Aileen reporta son attention sur le contenu de la boîte.

Cette attention fût très vite perturbée lorsqu'elle entendit la sonnette de son appartement retentir. Sur le coup de la surprise, elle fit un bond. De plus, elle n'attendait personne ce soir.

Elle se dirigea dans l'entrée de son appartement, et déverrouilla sa porte. Cependant, lorsqu'elle l'ouvrit, personne ne se trouvait sur le palier. Ni dans les escaliers qu'elle a dévalés à toutes jambes pour voir si la personne qui s'était manifestée n'était pas encore dans le hall de l'immeuble. Mais non. Elle ne vit personne.

Un calme pesant régnait dans l'immeuble.

Elle remonta tranquillement les escaliers, afin de ne pas s'essouffler plus qu'elle ne l'était déjà. Aileen trouvait que beaucoup trop d'évènements commençaient à se chambouler tous au même moment et ils étaient bien trop surprenant pour la laisser indemne.

Arrivée au quatrième étage, devant le palier de sa porte, elle prit alors conscience que, dans l'empressement, elle avait totalement oublié de fermer sa porte. Elle se dit que, de toute manière, elle n'avait croisé personne dans l'immeuble et qu'à cet étage, il n'y avait que deux appartements ; le sien, et celui d'un jeune couple, sachant que celui de ses voisins était vide puisqu'ils étaient partis rejoindre de la famille le temps des fêtes.

Après être rentrée chez elle et avoir fermé sa porte, elle se rendit dans son salon pour retrouver son petit tête-à-tête avec sa mystérieuse boîte. Mais elle s'aperçut immédiatement que celle-ci avait disparu.

A sa place, se trouvait seulement un petit morceau de papier, probablement déchiré d'un vulgaire carnet, avec pour inscription :

« Evanesco.

PS : je te connais suffisamment pour savoir que tu sauras relier cette référence à sa signification. »

Effectivement, Aileen comprit aussitôt. Il s'agissait d'un sort dans la célèbre saga Harry Potter qui sert à faire disparaitre définitivement une chose.

Ce messager mystérieux avait donc emporté la boîte avec lui.
C'est alors que de tonnes de questions reprirent dans l'esprit d'Aileen.

Comment savait-il ce qu'elle aimait ou non ? Pourquoi avait-il pris la boîte ? Savait-il ce qu'elle renfermait ? Comment savait-il qu'Aileen l'avait en sa possession ? Et qui était-il surtout ?

Aileen commençait à se sentir anéantie et complètement dépassée par les évènements. Elle ne savait plus où donner de la tête. Elle sentit d'ailleurs en se relevant qu'elle était soumise à de nombreuses pertes d'équilibre, des tremblements, et une affreuse migraine.

Jusqu'à aujourd'hui, Aileen ne croyait pas réellement aux douleurs psychologiques qui puissent se ressentir physiquement. Mais visiblement, cela aussi avait été totalement ébranlé.

Elle décida alors d'enfiler le plus confortable de ses pyjamas, de se faire une tasse de thé, et de s'installer tranquillement devant la télé, sous un petit plaid.

Il fallait à tout prix qu'elle arrive à se reposer et à se changer les idées afin de pouvoir préparer le repas du lendemain et recevoir Calliope comme il se doit.

Malgré tous ses efforts, acharnés mais surtout vains, elle ne parvenait pas à effacer un seul des évènements de ces dernières semaines. Les conversations tournaient en boucle dans son esprit et des tonnes d'images s'entrechoquaient dans son intellect.

Au fur et à mesure que la soirée avançait, Aileen se sentait exténuée.

Il n'était que 21 heures, mais elle alla dans sa salle de bain pour se démaquiller, se brosser les dents, recommencer tous les gestes banals du quotidien qu'elle avait l'habitude de faire jusqu'à présent puis se glissa sous sa couette.

La fatigue imprégnait son être tout entier, mais ce n'est pas pour autant qu'elle réussît à trouver le sommeil.

Plus que ses pensées, c'était la peur qui l'empêchait de fermer les yeux. Elle sentait son appartement habité, comme si quelqu'un la surveillait. Quelqu'un ou bien quelque chose, elle n'en savait rien. Et tout était devenu possible.

Elle se releva de nombreuses fois pour vérifier que toutes les portes et fenêtres étaient fermées et qu'il n'y ait aucune présence ou objets suspects. Comme elle s'y attendait, là encore, elle ne trouvait rien.

Aileen avait la forte impression d'être piégée, aux milieux de diverses choses qu'elle ne pouvait comprendre, qu'elle ne pouvait pas expliquer et auxquelles elle ne pouvait pas non plus apporter la moindre réponse.

Ce ne fût que vers les environs des 4 heures du matin qu'elle parvint à s'endormir. Dans un sommeil plutôt très agité et tumultueux.

Son réveil allait sonner vers 9h30. Demain était une autre journée.


Flot de silhouettes discordantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant