Chapitre 7

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En cette nouvelle matinée, Aileen se sentait quelque peu déstabilisée. D'ailleurs, cela se faisant grandement ressentir dans sa façon de marcher. Elle était un peu bancale, et manquait d'assurance ; de loin et sans la connaître nous aurions pu penser qu'elle était ivre.

Elle avait toujours été d'une personnalité plutôt très ambivalente, et assez instable. Elle était partagée entre de multiples voix dans sa tête qui lui changeait sa personnalité comme elle changeait de vêtements.

Les derniers évènements n'avaient pas arrangé cette sensation qui la tiraillait.

Après s'être préparée, Aileen avala un morceau entre deux, en réfléchissant à la conversation qu'elle avait eu hier avec Calliope.

Elle était dédoublée au milieu de deux de ses voix criardes dans son encéphale. La première lui clamait d'être déterminée, ambitieuse, de partie tête baissée chercher les réponses aux questions qu'elle se posait, afin de probablement espérer prendre la situation en main et ne plus se laisser dominer par les mésaventures de sa vie.

La seconde, au contraire, lui préconisait de rester sur la réserve, car elle ne savait pas ce qu'elle pouvait trouver derrière tout ce chaos de suppositions ; la vérité pouvait belle et bien l'achever.

Aileen se décida à faire un compromis entre les deux. Elle trouverait les réponses qu'elle voulait, cependant, elle réfléchirait avant d'agir pour que ses impulsions ne lui fassent pas faux bon.

Elle commença alors par prendre l'annuaire qui se trouvait dans le petit meuble en bois dans son entrée. Elle nota dans un carnet toutes les personnes du prénom de Colin qui se trouvait dans un rayon de 10 kilomètres autour de sa ville. C'était déjà un bon début. Ou disons plutôt qu'Aileen souhaitait trouver une ébauche à tout cela et que c'est la seule idée qui lui est parvenue. Son cerveau avait quelques problèmes d'irrigation ces derniers temps.

Après avoir relevé 7 noms dans son carnet, Aileen enfila un manteau, une écharpe et une paire de bottes. Elle reposa l'annuaire dans le meuble en bois, glissa le carnet dans sa poche, pris ses clefs dans la coupelle qui triomphait sur le mobilier et elle sortit de chez elle.

Elle marchait lentement, arpentant les rues de cette ville qu'elle connaissait tant pour essayer d'y trouver de nouveaux détails. Puis elle prenait des bus, pour se rendre aux adresses qu'elle avait relevées. Elle essayait de faire cela avec une banalité extrême. Elle ne voulait pas accorder d'importance à des choses qui n'auraient jamais dues en avoir.

Les deux premiers lieux dont les propriétaires se nommaient Colin n'étaient pas celui qu'elle recherchait avec tant d'assiduité. Il en restait donc encore 5. Aileen commençait déjà à se sentir fatiguée, lessivée même. Toute cette histoire commençait à l'entraîner dans un cercle vicieux d'éreintement psychologique et non dû à un surmenage de travail ou encore de mauvaises nuits de sommeil ; bien que tout pouvait se combiner.

Cela dit, elle ne perdait pas espoir. Elle comptait bien parvenir à ses fins. Après s'être reposée quelques minutes dans un parc, elle reprit le cours de son périple.

Echec sur échec, elle était allée aux 7 adresses relevées, avait demandé des informations à chacune d'elle, et cela ne menait nulle part. Aileen se sentait prise au piège dans le jeu dans lequel elle était rentrée sans n'avoir aucune carte en main.

Elle prit le chemin qui la ramènerait chez elle, se sentant un peu bredouille. Son immeuble devait se situer à 30 minutes environ, cela lui laissait le temps de réfléchir au sens de l'univers.

Soudain, quelqu'un l'interpella. Une voix masculine, qu'elle reconnaissait parfaitement malgré qu'elle l'ait peu entendu.

Colin.

Elle se retourna, et avança en direction de lui. Il sortait d'une boutique d'antiquités. Il avait dans ses mains une boîte. Ou plutôt, LA boîte. Exactement la même, trait pour trait, Aileen la reconnaissait parfaitement.

« - Que fais-tu avec cette boîte ?

- Je viens de l'acheter dans cette boutique, jolie n'est-ce pas ?

- Ne te moque pas de moi. Qu'est-ce que tu cherches ? Que me veux-tu ? Et pourquoi avoir déposé cette boîte devant chez moi si c'était pour me la reprendre ensuite ?

- Tu ne trouves pas cela ironique de me demander ce que je cherche alors que tu as passé l'après-midi à ma poursuite ? Je ne comprends strictement rien à ce que tu dis Aileen, je t'ai déjà expliqué pourquoi j'étais venu à ta rencontre, je ne suis pas ici pour te nuire.

- Alors comment se fait-il que la boîte se soit retrouvée dans cette boutique, et que ce soit toi qui l'ai acheté ? Et comment peux-tu savoir que j'ai essayé de retrouver ta trace toute l'après-midi ? Tu avoueras que cela est quand même fort étrange, et relativement déplaisant de mon point de vue. »

Colin fit part à Aileen de son incompréhension. En effet, il n'avait jamais vu cette boîte auparavant, et il s'était retrouvé dans cette boutique par le pur des hasards, même s'il sentait une force intérieure le guider.

Aileen lui expliqua alors l'incident avec la fameuse boîte, cet artefact qui lui pourrissait la vie jusqu'à présent, celui qui était à l'origine d'une grande partie de toutes ses questions.

Ils décidèrent tous les deux d'un commun accord d'aller s'asseoir dans un café afin de pouvoir discuter plus longuement.

Après avoir marché environ 5 minutes dans un calme accablant, s'être assis, avoir commandé une boisson sans toutefois n'avoir prononcé un seul mot, l'un des deux se lança. Ce fut Aileen.

« - Tu ne m'as laissé aucun moyen de te contacter, de te joindre. Tu aurais bien dû te douter que j'aurais encore un bon nombre de questions, et que je ne pouvais pas rester seule face à tout cela.

- C'est à toi de régler les choses. Cependant, l'histoire que tu m'as conté face à cette boîte qui a subitement disparu me fait prendre conscience que ce n'était pas la meilleure des solutions et que, je t'ai probablement mise en danger. J'en suis navré.

- Quelle hypocrisie ! Tu penses réussir à me faire peur ? Avec tes histoires de fantômes comme quoi Malia t'est apparue et ensuite, t'introduire chez moi pour me faire croire qu'il y a dans cet appartement des fantômes également pour ensuite me suivre, m'espionner et faire balancer la situation comme si tout était de ma faute ? J'en ai plus qu'assez de tes mensonges. Je ne sais comment tu peux en savoir autant sur ma vie ni pourquoi est-ce que tu t'en prends à moi, mais, Colin, crois-moi que ton petit jeu ne va pas durer longtemps. Il est même terminé désormais. »

Aileen déposa un billet sur la table pour payer sa boisson, pris sa veste en coup de vent et sortie à toute allure du café.
Colin n'essaya pas de la rattraper, il restait là, assis, totalement impassible face à la situation.

Sur le chemin du retour, Aileen essuya quelques larmes. Elle n'était pas fondamentalement triste, mais peut-être était-ce des larmes d'incompréhension ou bien parce qu'elle se sentait légèrement persécutée.

Après être rentrée chez elle et avoir pris un bain relaxant, il se faisait tard. Elle décida de s'installer sur son lit, et appela Calliope.

Les deux jeunes femmes passèrent environ 2 heures au téléphone, durant lesquelles Aileen lui raconta les moindres détails de sa journée.

Peut-être restait-il une option qui s'offraient àelles, afin de dénicher toute la vérité.     

Flot de silhouettes discordantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant