L'école : l'enfer vu par une autiste

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J'ai déjà parlé plusieurs fois de mon horreur pour l'école, mais je n'ai jamais détaillé pour quelles raisons. Maintenant je vous explique :

Pour commencer je me lève crispée, les passages  des voitures me rappellent le passage des élèves dans les couloirs.

Mon dos et mes muscles souffrent à cause du stress enduré pendant la nuit , des fois je me réveille avec des nausées.

Ensuite je me prépare, et traîne mon lourd sac à dos vers le couloir, avant de déjeuner et préparer mes tartines.

Avec un peu de chance, je peux éviter un de mes frère qui dès le matin passe son temps à être désagréable avec nous. Si je ne vais pas assez vite, je ne mange pas de la journée, le stress prend le temps de me ronger l'appétit.

Une fois que c'est fait, je continue de me préparer et sors pour rejoindre mon arrêt de bus. Il fait froid, les voitures ont  déjà allumé leurs phares et viennent me brûler les yeux. Quand ils passent sur la route, j'ai l'impression d'avoir les oreilles qui saignent tellement le bruit de leurs roues est strident.

Une fois je me suis fait percuter en traversant un passage pour piéton. J'ai de moins en moins confiance aux automobilistes..

Quand je n'ai pas de chance, les bus arrivent bondés à l'arrêt, je décide dans ces cas-là de les passer même si je suis en retard. Jusqu'à ce que le prochain soit un minimum dégagé de l'intérieur, si c'est le cas je monte à bord.

Mais quand mon frère de tout à l'heure est au même arrêt, il m'attrape par mon manteau et me ''force'' à rentrer dans le 1er bus venu (qui est comme par hasard, bondé).

Si tout se passe bien, je suis assise en train d'attendre mon prochain arrêt, je suis toujours stressée. Dans le 2e cas, tout le long du trajet, je respire bruyamment et transpire par ce que je me sens pas bien, et  par ce qu'en ce moment  beaucoup trop de gens  me frôlent. Je perds le contrôle, attrape le vertige et commence à avoir la nausée.

Avant hier au même endroit, mon frère m'a dit que je puais de la gueule.

Le bus arrive près de l'école, il s'arrête, les passagers quittent celui-ci formant une masse d'où nous nous échappons.

Je me dépêche alors d'aller en cours, signaler mon retard et subir le brouhaha matinal des couloirs qui me donne un début de migraine, ma tête devient lourde, j'ai encore un peu le vertige, mais j'arrive encore à tenir debout et ne perds pas courage.

Les cours  du matin défilent dans mon agenda, et lorsque arrive la récréation de 10 heures je suis déjà épuisée. Je tente de rester concentrée jusqu'à midi, mais ma migraine de tout à l'heure refait surface,  je pense à rentrer chez moi mais continue quand même à subir cette journée..

Vers l'heure du repas je cherche un endroit tranquille dans l'école, pour éviter toute conversation, ces moments de partage sont vraiment épuisants. Si c'est le cas, je m'installe et dors contre un mur si le besoin se fait sentir.

Si non, je m'installe près d'autres personnes et évitent de les regarder afin de ne pas enclencher une quelconque discussion. Lorsque je suis vraiment épuisée, je dors pendant que les autre regagnent leur classe respective. Si tout va bien, personne ne me remarque et je continue à dormir jusqu'à être complètement reposée. Si non, je me fais harceler par des gens qui me demandent de rejoindre mes collègues. Si je suis encore un peu en forme, je rejoins mon groupe d'option.

Puis je termine ma journée, complètement morte. Les élèves sont de plus en plus excités. Et je deviens de plus en plus stressée à mesure que la journée avance.

Après le retour en bus qui peut s'avérer parfois harassant, une fois chez moi je mange. Tout le monde est occupé à ses activités, j'engloutis telle une boulimique toutes les choses sucrées que je trouve. J'ai honte, la nourriture ne me rendra pas plus heureuse, mais je le fais quand même.

C'est con hein ?

Puis je pleure, j'appelle mes parents et commence à raconter ma journée, comme je meugle ma mère ne comprends rien. Alors elle me demande de recommencer quand je serais en mesure de parler correctement.

Le repas du soir est horrible, mes frères parlent fort et bougent partout, ce qui me fatigue davantage.

Et le cycle recommence, je me couche tard par ce que je stresse pour la journée de demain. La nuit tombe mais je suis encore éveillé..



Paroles d'Autiste (archivé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant