Chapitre 10

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          À mon plus grand étonnement, mon grand-père décrocha à la deuxième sonnerie. Habituellement, l'ancêtre adorait me faire poiroter pendant de longues secondes avant de me répondre, ce qui avait le chic de me foutre en rogne. Aujourd'hui, il ne semblait pas décidé à me faire tourner en bourrique, tant mieux, je n'avais pas de temps à perdre.


— Je t'écoute Casper.

— Est-ce que tu savais que les disparus de Fredericksburg étaient tous des loups-garous ? Demandai-je sans formalités.

Les longues conversations aimables n'étaient définitivement pas le fort des Evans. Il n'était pas dans nos habitudes de prendre des nouvelles des uns des autres, voilà pourquoi nous restions rarement plus de quelques minutes d'affilées au téléphone. Ce n'était pas forcément une mauvaise chose, dans le fond. Après tout, cela nous permettait d'économiser un temps précieux.

— Je n'en avais pas la confirmation, mais je le craignais en effet, répondit le chasseur.

Surprise par le ton détaché de mon parent, je fronçai les sourcils, et pinçai les lèvres.

— Tu n'en avais pas la confirmation, mais c'était ce que tu craignais ? Répétai-je les dents serrées. Tu m'expliques, parce que là, je suis perdue. Pourquoi ne pas m'avoir fait part immédiatement de tes suspicions dans ce cas là ?

— Comment as-tu découvert la nature des victimes ? S'enquit-il.

Je grognai.

— Ne change pas de sujet Al, répond à ma question. Pourquoi avoir gardé tes doutes pour toi ? Tu aurais pu me faire gagner un temps considérable en m'en informant !

L'homme soupira.

— Si je t'avais fait part de mes doutes, tu en aurais parlé à Teller, qui t'aurait à coup sûr empêché de te pencher sur cette affaire, s'expliqua t-il. Je ne voulais pas laisser les lycans s'approprier cette enquête, il me fallait quelqu'un de confiance sur les lieux.

— Une seconde papy, ralenti, dis-je en me pinçant l'arête du nez entre mon pouce et mon index. Je ne comprend rien à ce que tu racontes. Premièrement, tu sais très bien que même si Nick m'avait demandé de rester à l'écart, je ne l'aurais pas écouté, ensuite, pourquoi ne pas vouloir laisser les lycans se charger de l'affaire ? Après tout, ça les regardent plus que nous il me semble, non ?

— Non, cracha mon interlocuteur avec fermeté, Poppy, c'est à toi que j'ai confié la tâche de découvrir ce qui se passe à Fredericksburg, pas aux loups qui composent la meute de ton petit-ami.

La véhémence que mon confrère manifestait à l'égard des membres de la Meute du Soleil me piqua au vif, mon froncement de sourcils s'accentua.

— Et j'ai bien l'intention de mener à bien cette traque, rétorquai-je sèchement. Cependant, si tu pensais pouvoir évincer les loups-garous, tu te trompais. Ils sont au courant depuis plusieurs mois de ce qui se passe ici, Nick est déjà sur place et il ne compte pas s'en aller de sitôt.

Sur l'autre ligne, le vieil homme poussa un juron.

— Pourquoi cette affaire est-elle si importante pour toi ? Le questionnai-je, curieuse et intriguée par l'intérêt qu'il semblait porter à cette chasse.

Tout le monde savait, à Rogers, que le vieux Al Evans n'aimait pas partager. Lorsqu'il bossait sur un projet, il n'aimait pas en faire part à son entourage, ses chasses, c'était son territoire. Et mieux valait ne pas empiéter sur ses plates bandes si on ne voulait pas se retrouver avec une balle de Colt coincée dans le derrière. Les petits boulot qu'il me confiait parfois n'égalaient en rien les traques qu'il menait à son compte, c'était d'ailleurs pour cela que lorsqu'il m'avait demandé de m'occuper de celle-ci, je m'étais méfiée. Aujourd'hui, avec le recul, je constatai que je ne m'étais pas trompée. Cette histoire puait les problèmes à plein nez, et les emmerdes étaient encore pour ma pomme.

Alpha : Le chant MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant