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— Eh ! Fede ! s'exclamait Stefano, impatienté.

Cela faisait maintenant plusieurs minutes qu'il tentait de recaptiver son attention en l'appelant, en vain. Federico reprit conscience de ses faits et gestes et se força à détourner le regard.

— Qu..quoi qu'est-ce qu'il y a ?
— Mais qu'est ce qui t'a prit de faire tomber le verre ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

Federico le regarda confus, puis analysa brièvement le sol, toujours ailleurs. Il y avait des bouts de verre éparpillés partout devant lui et de l'eau sur ses chaussures. Il se déplaça légèrement. Il était présent physiquement, mais dans l'absolu, il était absent.

— Euh... je...

Il se gratta la nuque, indécis et douteux de la chose suivante à faire, tandis que tout le monde le guettait, pleins de questions en tête. Il replaça son regard sur celui de Ludmila. Désemparée, elle détourna avec difficulté le sien.

— Je...

Il perdait ses moyens... la revoir, après tout ce temps... c'était dur à concevoir pour lui. Après leur rupture, elle n'avait pas voulu le pardonner. Elle était entêtée à rester sur sa décision, de se séparer. Il avait pu le comprendre, car il la connaissait... il savait qu'elle avait du mal à donner sa confiance et encore plus à la redonner une fois trahie. Elle le lui avait dit. Donc il avait pu effectivement le comprendre, vraiment. Mais il n'avait pas pu l'accepter. En ce temps là c'était la fin des années au studio pour eux tous et il avait été temps qu'ils entreprennent chacun des chemins différents. Ça l'eut interloqué d'apprendre qu'elle avait décidé de partir à Madrid pour poursuivre ses rêves, loin de Buenos Aires, de sa mère... loin de lui. Et voilà qu'il la retrouvait subitement et accidentellement... en Italie... chez lui, avec sa famille... pour des raisons qui lui échappaient tout bonnement.
Il soupira. C'était elle. C'était elle qui lui faisait perdre tous ses moyens.

— Je vais chercher de quoi nettoyer, dit-il finalement comme prétexte pour se hâter loin de cette scène, de ce cauchemar.

Ludmila, la copine de son cousin. De son frère. De son sang ! Il réalisait à peine. Et il n'aurait préférablement pas voulu le faire...

Ludmila reprit la cadence et se remit à descendre les escaliers, lentement. Tentant d'assimiler les événements qui venaient de se dérouler. Avait-elle fait quelque chose pour mériter tout cela ?

— Ça va ? questionna Stefano, en lui empoignant délicatement le bras, une fois arrivée.

Il l'entraîna un peu plus loin des bouts de verre. Tout le monde retourna vaquer à ses occupations.

— Oui oui, pourquoi... ça n'irait pas ?

Federico revint avec un balais et une serpillère, quand sa tante vint lui proposer son aide :

— Federico, je vais le faire ne t'inquiète pas.
— Non non, tata ça va je peux...
— Non j'insiste, dit-elle en les lui prenant des mains, va avec ton cousin et son invitée pour faire connaissance.

Avant qu'il ne puisse plus insister, elle s'éloigna avec les outils ménagers et Stefano l'appela :

— Fede !

Il ferma les yeux, soupira imperceptiblement et maudit cette journée, mais finit tout de même par les rejoindre.
Stefano s'emporta un peu.

— Puttanna ci hai fatto prendere paura !s'exlama Stefano.
— È stato un incidente ! se défendit Federico.
— Un incidente ?! Che è successo affinché vi sia questo incidente ?! Sono sicura che la mia ragazza ti prende già per un matto !

RetrouvaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant