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Le jour fatidique était survenu. De grandes funérailles étaient organisées déjà de bon matin, et un bon nombre de personnes étaient présentes.

Silvia avait toujours été philanthrope. Ainsi, avoir des amis, des connaissances plaisantes et une grande famille qui l'aimaient avait été ce dont elle souhaitait toujours. Voir un tel nombre de personnes regretter sa mort montrait que son voeu s'était exaucé.

Le ciel était gris et il gouttait légèrement tandis que le prêtre ouvrait le bal avec une prière, quand tous furent autour du cercueil. Le temps semblait aussi très amèrement regretter ce décès.

Ludmila, élégante dans son ample robe, noire comme le néant, avait son bras accroché à celui de Federico. Le rassurer par sa présence était indispensable. Il saurait qu'en besoin il avait toujours une épaule sur laquelle pleurer. Bien qu'il le savait déjà, elle tenait à toujours le lui rappeler.

Ça l'avait un peu troublé de recevoir des coups d'œil assez glaciaux quand elle essayait de croiser le regard de quelques cousins de Federico. Elle comprenait qu'ils étaient affligés au dedans, mais savait qu'il n'y avait pas que cette explication derrière leur comportement envers elle; elle sentait de mauvaises ondes.

D'ailleurs, l'impression que le monde entier était maintenant au courant de l'ancien triangle amoureux, d'où les événements d'il y a deux ans, s'était créée en elle. C'était comme si c'était la chose à savoir du moment. Et comme dans tous les commérages, les détails n'étaient pas véridiquement connus. Ils n'avaient tous que l'illusion de connaître la vérité.
Ces regards lui suffisaient à comprendre qu'ils la voyaient maintenant d'un assez mauvais oeil, et Federico n'était pas épargné.

Ludmila décida alors de se focaliser sur l'enterrement et de voir comment en parler à Federico plus tard. Surtout que le moment d'infiltrer le cercueil dans la tombe était survenu.

A ce constat, le visage de Ludmila se décomposa complètement. Elle était atterrée. Elle ne voulait pas pleurer; mais voir autant de gens le faire lui rendait la tâche difficile. L'ambiant lui donnait davantage l'envie d'extérioriser ses sentiments. En effet, l'aura était lourd et pesant. Cependant assez étonnamment, Federico, lui, restait de marbre. Il ne semblait pas le moindre affecté.

C'était cela qui préoccupait la jeune blonde plus qu'autre chose; elle doutait qu'il puisse rester ainsi indéfiniment en notant son visage empreint de souffrance. Elle resserra son étreinte autour de son bras.

A mesure qu'ils amassaient de la terre au-dessus du cercueil pour refermer le creusement, le corps de Federico tressaillait plus. Elle cadenassa ses yeux sur les siens: ses pupilles d'habitude étincelantes étaient assombries par de l'agonie. Elle avait peur; elle sentait qu'une grenade larguée en lui était à deux doigts de détoner.

Puis il lâcha prise.

Il se détourna violemment de cette perception et se réfugia abruptement dans les bras de Ludmila.
Désespoir. C'était avec désespoir qu'il avait apprit la nouvelle de sa mort. C'était dans le désespoir qu'il s'efforçait d'assister à la dissimulation de son corps. Et c'était par désespoir qu'il n'accepterait jamais son sort.
Son refoulement se faisait sciemment. Il n'arrivait même plus à nommer celle qu'il venait de perdre de peur de défaillir.

Federico cessait enfin de se renfermer sur lui-même et d'occulter ses sentiments. Rassurée par cela, Ludmila le coinçait le plus fortement possible dans ses bras, quitte à étouffer. Elle n'avait jamais aimé le voir se battre contre ses ressentis de la manière dont il l'avait fait ces derniers temps, sentant que c'était encore plus douloureux pour lui de tout garder à l'intérieur, que de tout évacuer.

RetrouvaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant