Elle marchait doucement et d'un pas volatile dans cette station de métro bondée.
Vers quelle destination allait-elle ? Aucune idée, mais son allure était déterminée, à l'inverse de son regard.
Elle contemplait le décor, ses dalles inégales et ses ennuyeuses affiches publicitaires,
Rien ne lui échappait, rien ne la déconcentrait, pas même les nombreuses bousculades dont elle était victime.
Y faisait-elle même attention ? elle donnait l'impression d'être à la fois partout et nulle part. C'était déroutant.
Tantôt ses yeux étaient vifs et aguerris, tantôt ils étaient voilés par une brume mystique. Aussi déroutant que le sentiment qu'elle faisait naître dans ma tête.
Hortensia. Elle portait une fleur d'hortensia dans la main. Voilà pourquoi je la suivais depuis dix bonnes minutes.
Inconsciemment, cette fleur, si insignifiante puisse-t-elle paraître, avait réveillé des milliers de souvenirs.
Nostalgie, voilà ce qui me poursuivait depuis ce matin, nostalgie que cette jeune fille avait provoqué en moi.
Grandis un peu, pensais-je soudainement. Arrête de suivre de parfaites inconnues sous prétexte qu'elles te rendent nostalgique.
Il était malgré tout plus fort que moi. Ce souvenir floral encore confus me hantait et je ne pouvais arrêter de la suivre.
Soudain elle se stoppa en plein milieu du quai, provoquant les injures de quelques parisiens pressés.
Sa vie et la mienne semblait s'être suspendues en même temps que ses pas. Comme si l'univers entier dépendait d'elle et de son hortensia.
Trente secondes plus tard, la vie reprenait.
Renversant fut le seul mot qui me vient en tête pour décrire ce sentiment.
A vrai dire, c'était étrange. Bien trop pour être réel, bien trop étrange la manière dont l'air s'était solidifié.
Non pas que l'hortensia soit moins étonnant mais cet arrêt était trop brutal. Merde.
Géraniums et hortensias étaient les fleurs de la tombe de ma mère. Voilà pourquoi tout me semblait irréel. Parce que les cauchemars le sont.
Etrange, la manière dont votre cerveau s'amuse à vous torturer jour et nuit, finit-il par penser.
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Les mots perdus
PoetryQuelques textes qui traînent au détour d'une note ou dans une boulette de papier. Des mots en bordel et des idées qui pourraient (ne jamais) servir.