Mes pas résonnent, se percutent aux bâtiments, s'entrechoquent sur le goudron. Ma capuche me tombant sur les yeux, ma silhouette se fondant dans la nuit. J'avance jusqu'à sa voiture et m'assois dans la remorque, sur la bâche aussi noire que le ciel.
-"Je t'attendais, dit-il simplement.
-Je sais, Josh.
-Tu sens l'alcool. Lâche cette bouteille. Et d'après ta voix, c'est au moins la troisième.
-C'est tout ce qu'il me reste depuis que t'es parti."
Je n'aimais pas cette voix, celle trop neutre pour être simple, celle sans timbre cachant ses sentiments. Elle resta assise, et alluma une cigarette. Encore une. Je lui aurais bien arrachée, mais elle avait son flingue, chargé.
"-Pose ça.
-Tu peux rien faire Josh, j'suis armée. Et je garderais cette clope en main jusqu'à ce que la dernière cendre vienne brûler et se consumer sur mon bras.
-Ça t'as pas réussi la prison.
-Toi non plus."
Trop neutre, sans timbre. Elle éteint sa clope en l'écrasant dans ses mains, habitude depuis de nombreuses années. Elle relève sa capuche, laissant un instant apercevoir les nombreuses cicatrices demeurant sur ses mains. Elle lève les yeux.
"-J'aurais dû faire attention et arrêter, mais c'était plus fort que moi.
-C'est juste que t'as pas envie d'arrêter, parce que ça te plait de te voir mourir à petit feu.
-C'est pas l'alcool qui me fait crever, c'est le fait que tu sois partit mais qu'une infime part en toi tienne à rester. Que tu te forces à t'éloigner, alors que tu sais très bien que si t'étais toujours là, j'aurais pas replongée. T'es coupable Jess. C'est pour ça que tu restes."
Elle rabattit sa capuche, et partit, laissant deux bières, un paquet de clopes et ma culpabilité.
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Les mots perdus
PoesíaQuelques textes qui traînent au détour d'une note ou dans une boulette de papier. Des mots en bordel et des idées qui pourraient (ne jamais) servir.