ELSA

85 6 2
                                    

J'en arrive au dernier passage du livre que j'ai entamée depuis plus de deux heures maintenant, la lettre d'Augustus à Hazel, ce passage résume entièrement leurs histoires en démontrant tout l'amour que lui portait Gus, les deux héros bien que condamnés tous les deux se sont aimés d'un amour immense, celui qu'on ne rencontre pas aux coins de chaque rues, celui qui est tellement sincère qu'il nous parait presque irréel ,je crois bien que c'est pour ça que je ne m'en lasse pas, j'ai beau l'avoir lu une centaine de fois mais à chaque fois que j'en entreprends la lecture, page par page j'en dévore chaque mots et m'en délecte, en l'espace de ces heures de pure bonheur je suis transportée comme qui dirait dans une autre sphère.

On me catégoriserait sûrement parmi ces filles fleurs bleues,qui rêvent incessamment du prince charmant en se gavant de romans d'amour mais ce n'est pas le cas. ce livre en parle certes, mais révèle toutefois quelque chose que certains auteurs oublient de mettre en avant dans leurs ouvrages : la réalité, et qui dit réalité nous ramène à tout ce qu'elle nous apporte: Tristesse, larmes, malheur.... C'est cette alarme là,qui doit sûrement être la raison pour laquelle il fait parti d'un de mes livres favoris.

Lorsque j'en eus entamée la dernière page, je descendis pour prendre mon petit déjeuner l'odeur alléchante des pan cakes parvenait déjà à mes narines me procurant une énorme boule d'énergie aussi bien que je devala les escaliers en un rien de temps.

-Enfin sortie de ton terrier petit lapin?m'interpella mon grand frère,Ethan.

-Tu n'arrêteras donc jamais avec ce petit surnom ridicule? J'ai grandi je te signale

- Et alors ?Même à soixante ans quand tu seras toute moche et toute défraichie tu seras toujours mon petit lapin adoré, me dit il en pinçant le bout de mon nez.

À ces mots, ma mère qui était jusque là silencieuse se mit à rire en déversant un coulis de chocolat sur les pan cakes.

- Tout de même il faudrait que tu arrêtes Ethan ,elle est grande, c'est devenu un petit bout de femme notre Elsa

-Arrête ,c'est encore un bébé, elle n'a rien des femmes que j'ai l'habitude de côtoyer, mon Elsa n'est pas remplie de vices comme les serpents qui rodent dehors

- C'est à croire que tu as reçu le plus gros râteau de ta vie pour te mettre à parler de la sorte,dis -je en versant quelques morceaux de sucre dans ma tasse de café.

Il est vrai que chaque fois que ma mère et moi avons eu droit à ce genre de conversations sur les femmes et ce qu'elles comportent,remonte au jour où une fille qui lui plaisait énormément avait gentiment décliné son invitation lorsqu'il lui avait proposée d'aller dîner.

Après le petit déjeuner ma mère est allée se réfugier dans sa chambre,sans doute pour passer quelques coups de fils et s'assurer que les comptes de sa boîte ont parfaitement été établis,Ethan lui, venait de partir pour son boulot il travaillait dans la télécommunication depuis maintenant 4 mois, je le trouvais beaucoup plus mature depuis quelques temps, indépendant et autonome, il songeait même à quitter le cocon familial et prendre un appartement qui serait près de son lieu de travail et pour tout dire j'appréhendais son départ, j'ai toujours détestée le changement quel qu'il soit, depuis ma tendre enfance je me suis toujours forcée à me mettre dans un état de confort, j'ai toujours rempli chacune de mes habitudes , j'ai toujours respectée chacun de mes horaires avec exactitude.

Tout en astiquant le frigo qui était déjà propre je me laissais aller encore plus loin dans mes pensées, qu'allons-nous devenir maman et moi après son départ? Depuis la mort tragique de mon père il y'a de cela deux ans nous nous étions forcé tous les trois à maintenir un train de vie stable et équilibré, et Ethan y est pour beaucoup, il était jeune à l'époque mais a tout de suite pris les choses en main, il est devenu l'homme de la maison.

Je me rappelais de ces nuits blanches qu'il a passé à nos côtés, de ces réveils lorsqu'il entendait maman pleurait, des plats qu'il a mitonné pendant des mois pour nous lorsque ma mère déprimait, des ses bras m'enlaçant tendrement lorsque je me sentais faillir et que je repensais à papa qui me manquait terriblement, des vannes qu'il lançait lorsque un silence assourdissant pesait à table lors de nos repas, son soutien indéfectible durant cette sombre période l'a rendu beaucoup trop indispensable pour moi, un besoin essentiel se présentant sous une forme humaine, 5 lettres qui me redonnaient le sourire chaque fois que j'avais l'âme en peine, j'aime énormément mon frère, et je ne veux pas qu'il nous laisse toutes seules, Non! Je n'y arriverai pas, pas sans lui.

Je suis sûrement égoïste mais je n'y peux rien, devrais je lui envouloir d'avoir été trop présent pour chacune de nous? Cela nous a rendu vulnérables et c'est peut être de sa faute.

J'astiquais encore et encore, sentant ma main faiblir, je reposa l'éponge à sa place et me mit à songer de plus belle:< je suis une fille pourrie gâtée qui ne pense qu'à elle>. Je devrais être heureuse pour lui mais au lieu de ça je me morfond,et pire encore, c'est à lui que j'incombe la faute, je suis une soeur détestable !Je pense qu'il est grand temps pour lui comme pour moi, de s'envoler et de s'épanouir,les oisillons quittent bien le nid un jour, et je dois l'accepter.Il a bien le droit de vivre sa propre vie.Le mieux que je puisse faire c'est de lui montrer à quel point je suis heureuse pour lui, je me dois de l'être.En ce qui concerne maman et moi, je sais que toutes les deux nous arriverons à passer au dessus de tout ça, ce n'est pas une douloureuse épreuve qu'il nous inflige, bien au contraire. Nous saurons nous débrouiller je le sais, ma mère est une battante, je me montrerai également forte pour elle, je les rendrai tous les deux fiers de moi.

C'est sur ces pensées positives que je me mis à préparer les ingrédients pour un bon gâteau au chocolat.





**********


Deux semaines se sont écoulées et bien des choses ont changés depuis, c'est fou ce qui peut se passer en l'espace de 14 jours, Ethan avait emménagé dans son nouvel appart, ma mère avait repris son boulot, elle travaillait dans une grande entreprise en tant que conseillère financière ce qui est rare pour une femme et qui plus est une femme de couleur, quant à moi je faisais mon entrée à l'Université.

-Prends un casse croute chérie!

-Arrête, je déjeunerai dans le café du coin avec un bon livre.

- J'espère que tu ne te sentiras pas trop oppressée , dit elle en posant sa main sur ma joue

- Tu t'inquiètes beaucoup trop je ne suis plus une gamine je te rappelle.

- Et c'est bien ça qui m'inquiète

- Tu vas être en retard maman

- Mais c'est que le temps file, tu veux que je te dépose?

- Non ça va et puis j'ai fait le plein hier je peux y aller seule.

-Tu es sûre parce que.....

-Je vais bien maman, allez bonne journée! Lui dis je en déposant un bisou sur son front.

Je pris mon sac d'un geste rapide et me rendit à l'Université.

Je marchais à pats rapides et grandes enjambées en regardant droit devant moi, non pas que je sois en retard mais je n' avais aucunement envie de croiser le regard d'une quelconque personne encore moins lui adresser la parole.

Ça y' est j'y suis! C'est bon respire, c'est que le premier jour ça ne se passera pas si mal...Enfin j'espère.

Our little infinityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant