Je pleure comme si ce jour était mon dernier. Ma condition de louve me pousse à exprimer ma douleur en hurlant à la lune. Pourtant, quelle que soit la douleur que je peux ressentir, mon corps reste mué en celui d'un splendide canidé brun.
Aucun signe de « dé-transformation » en vue.
— Pourquoi ne revient-elle pas à la normale !? s'horrifie mon père.
Il s'est accroupi à mes côtés et me caresse affectueusement le dessus de la tête pour me consoler. Dire qu'il a fallu que je devienne une bête velue pour qu'il me témoigne un peu d'affection. C'en est presque risible.
— Chaperon-rouge ! Toi et les tiens, vous nous avez une fois de plus trompés ? Pourquoi ne reprend-t-elle pas son apparence normale !?
Byron semble tout aussi embêté que lui.
— Je ne comprends pas non plus, se plaint ce dernier.
Il n'arrive pas à détourner les yeux. Il me regarde hoqueter entre deux sanglots. Exactement comme j'ai tendance à le faire lors de grosses crises de larmes. Je dois avoir l'air tellement pitoyable...
— Elle aurait dû reprendre forme humaine au moment même où je lui ai brisé le cœur. C'est du moins ce que dit la légende.
— Et il n'existe pas une autre méthode pour rompre la malédiction ?
Bryon réfléchit une seconde. Il se tient le menton, comme je l'ai parfois vu le faire face à un problème un peu plus retord que les autres. Malgré le chagrin, je ne peux m'empêcher de le trouver beau, une fois de plus. Il finit par secouer la tête, désespéré.
— Je n'en ai pas la moindre idée. L'histoire de la malédiction transmise dans ma famille est exactement la même que la vôtre. Je n'en sais pas plus que vous sur le sujet.
Mon père se redresse. Il se met de nouveau à crier. Mais ce n'est plus vraiment de la colère. Il s'agirait plutôt de l'énergie du désespoir.
— Et les autres Chaperon-rouge ? Un d'entre eux doit forcément connaître une solution !
— J'en doute fort, répond Byron, amer.
Je lève la tête afin de scruter son visage. Il détourne la tête. Je dois le dégoûter au point qu'il ne veuille même pas croiser mon regard.
— Tu n'as pas le choix, lui fait remarquer Richard qui pointe toujours son arme vers lui. Conduis-nous immédiatement aux Chaperon-rouge. Je ne voudrais pas blesser le « meilleur ami » de ma fiancée, après tout.
La manière qu'il a de prononcer meilleur ami m'irrite profondément. Mais c'est surtout le sens caché qu'il y a mis en usant d'un tel ton. Byron semble du même avis, pour une fois. Il n'y a rien à faire, on ne l'aime pas.
— Comme vous voudrez, concède-t-il.
Il soupire. Il ne daigne même pas cacher ne pas être emballé par l'idée d'aller trouver les Chaperon-rouge. Mais ses états d'âme ne semblent pas intéresser les deux hommes, déjà sur le départ.
Byron marche en tête. Je reste à ses côtés. Je ne veux pas le quitter. Pas après avoir vu son expression peinée lorsqu'ils ont abordé le sujet des Chaperon-rouge. Il a été abandonné par ses parents, après tout. Et tant pis s'il en vient à me détester d'autant plus après ça. Après tout, comme il l'a si bien dit, je suis une princesse égoïste et pourrie gâtée. Ce n'est plus la peine de m'en cacher.
Les deux autres nous suivent quelques pas derrière.
Lorsqu'on arrive enfin chez lui, Byron nous abandonne deux minutes et revient avec un collier pour chien et une laisse à la main. Sans prononcer le moindre mot, il s'accroupit et me met le collier.
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Lullaby - Une histoire du Petit Chaperon rouge
Fantasi"Si un jour l'un de tes descendants vient à tomber amoureux d'un Chaperon-rouge, il sera condamné à passer le reste de sa vie dans la peau d'un loup. Le seul moyen de rompre la malédiction sera d'avoir le cœur brisé par l'être aimé, tout comme tu as...