Chapitre 8

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Eyma stoppa un instant et regarda la jeune femme avec surprise. Il y avait deux faits dans sa tête, deux faits qu'elle n'arrivait pas à connecter. L'autre, plus rapide, ne se posait déjà plus de questions. En un clin d'œil, elle avait disparu. C'est là qu'Eyma comprit à qui elle avait affaire.

- Revenez ! Vous avez des comptes à me rendre !

Eyma retomba brusquement. Elle atterrit dans une forêt. La silhouette de la sorcière rouge s'effaçait déjà dans les buissons. Eyma courut pour la rattraper et la vit traverser un espèce de disque bleu.

Eyma ne réfléchit pas longtemps et plongea à son tour. Elle ne pouvait pas laisser passer cette chance.

D'un battement de cil, elle passa de forêt dense à désert volcanique. Il n'y avait rien autour d'elle que de la cendre. Et il faisait une chaleur à mourir. Elle regarda à droite, à gauche, personne. La sorcière rouge avait disparu

- Mais pourquoi diable a-t-elle fuit ?

Eyma n'arrivait pas à se l'expliquer, pas plus que la façon dont elle était arrivée là. Le disque avait disparu.

- Elle ne doit pas être bien loin...

Eyma se mit à chercher, mais les environs étaient vraiment déserts. Il n'y avait rien pour se cacher, rien que des cailloux et de la poussière... Et elle n'était même pas sur le flanc d'un volcan ! C'était à rien n'y comprendre. Pourquoi la sorcière rouge était-elle venue se cacher là ? Tout à coup, Eyma comprit de quelle façon elle était tombée dans le panneau qu'on lui avait tendu. Elle avait dû créer un autre cercle, caché derrière le premier et le temps que cette idée vienne à l'esprit de la poursuivante, il avait disparu.

- Génial. Qu'est-ce que je fais maintenant ?

Elle regarda autour d'elle. Elle avait un peu marché et elle apercevait alors une ville, minuscule à cause de l'éloignement. Eyma n'avait pas d'argent, elle ne savait pas où elle était, elle n'avait personne chez qui aller, alors elle marcha résolument vers cette ville qu'elle ne connaissait pas et dont les environs étaient si austères.

Elle n'était pas aussi près qu'elle ne le pensait au premier abord. Elle était arrivée au milieu de la journée, elle marcha jusqu'à la nuit. Quand le dernier rayon de soleil tomba, elle commença à se demander ce qu'elle pouvait bien faire. C'était la première fois qu'elle se retrouvait dehors à la nuit tombée. Dans l'obscurité, elle distingua quelque chose qui ressemblait à un feu de camp. Peut-être qu'elle pourrait obtenir une petite place à côté, au moins pour continuer à voir... Elle était à peu près sûre de ne pas pouvoir s'endormir ; il fallait surveiller les environs, au cas où. Elle s'approcha doucement, très doucement, d'abord car elle ne voyait pas où elle mettait les pieds et ensuite parce qu'elle voulait vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un dangereux malfrat – ou pire, d'une bande de maraudeurs sur les routes depuis trop longtemps.... Elle observa de derrière un rocher ; c'était un jeune homme, d'un peu plus de vingt ans peut-être, assis, seul. Il avait des vêtements de ville. Il n'avait pas l'air armé. Il faisait cuir une saucisse au bout d'un bâton. Eyma s'approcha discrètement et finit par se montrer. Elle lui demanda timidement si elle pouvait s'asseoir.

Le garçon était gentil et lui offrit volontiers un siège. Dans la fraîcheur de la nuit, elle apprécia rapidement la chaleur du feu. Il lui demanda ce qu'elle faisait là et Eyma répondit laconiquement qu'elle s'était perdue et qu'elle tâchait de rejoindre la ville. C'était justement la destination du jeune homme, alors peut-être pourraient-ils faire le reste de la route ensemble le lendemain matin ?

- Pourquoi pas ?

Il avait l'air vraiment gentil, mais il y avait chez lui quelque chose de bizarre. Il était seul au milieu de ce paysage désert. Il n'avait pas d'arme, même pas pour se défendre. Et pour finir, il n'avait aucun bagage, à part un petit sac. Eyma remarqua une carte qui traînait à côté. Elle joua les curieuses et demanda ce que c'était que cette carte. Le jeune homme alla la chercher et la déplia. De nombreuses villes étaient indiquées avec un point rouge, mais il en manquait beaucoup. Il lui montra la ville où ils allaient et elle lui fit remarquer qu'elle n'avait pas de point rouge.

Il lui expliqua avec une simplicité déconcertante qu'il était à la recherche de la sorcière rouge et qu'il avait mis un point rouge pour chaque ville où elle avait frappé.

Eyma, piquée au vif par cette explication, demanda son nom au jeune homme. Il répondit avec un sourire.

- Éni.

Au Mépris des dieux [Cycle 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant