Chapitre 1

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Il fait froid. Je vois, au travers de la brume épaisse, une silhouette menaçante s'approchant dangereusement de moi. Je tremble de peur. Pourtant, cette inconnue qui marche sans se presser est plus petite que moi: j'estime que son front m'arriverait environ à la hauteur des sourcils - c'est une grande différence de grandeur, pour les elfes - . Sa peau noire dépourvue de vie contraste avec ses cheveux blancs, qui donnent l'allure à la personne qui les porte d'être morte. L'affreuse créature lève son regard vers moi. Elle a une peau sans défauts qui me donnerait envie si je n'en avait pas moi-même. Les dernières choses que je vois, ce sont ses yeux rouge sang qui me fixent, l'air affamé, à moins d'un mètre seulement de moi.

J'ouvre les yeux, en pleine crise de panique, au son aigu d'un cris de détresse. Je m'assis, cherchant un repère dans la noirceur ambiante. Ma vue s'ajuste à l'obscurité et je sais maintenant où je suis. Je suis dans ma chambre. J'ai fais un horrible cauchemar. Le cris qui m'a réveillé, c'était le mien. Il n'y a pas de Drows dans ma chambre, je me le suis simplement imaginé. Je m'étire le bras pour allumer ma lampe de chevet. Ma chambre s'éclaircie d'une faible lueur orangé. Je regarde autour de moi, évaluant mon petit chez moi en tentant de reprendre mes esprits.

Mes murs sont en écorce - j'habite à l'intérieur d'un arbre enchanté beaucoup plus grand qu'il ne le parait - et dessus, j'y ai cloué quelques uns de mes dessins - mes préférés - et l'autre mur - celui du côté de la porte - est fait à la main de planches de bois un peu croches qui donnent un look simplet à ma chambre que j'adore.

Ma porte est faite de la même matière que mon mur et elle donne sur un escalier qui fait tout le tour de l'arbre par l'intérieur. Mon bureau, en bois de bouleau - lui aussi fait à la main - est encombré de feuilles vierges, de dessins et de crayons de plomb pêles mêles. Une chaise de bois est glissée sous celui-ci. À côté, un grand coffre rempli de mes vêtements. Dans le coin de ma chambre se trouve mon coin  préféré : mon chevalet et mes pinceaux. Ensuite il y a mon lit. Un petit lit simple - toujours fait à la main - avec une courte-pointe cousue par mon arrière-arrière grand-mère. Près de ma porte, mon arc, mon étui à flèches et mes flèches supplémentaires.

Comme il m'arrive souvent de faire ces temps-ci, je me lève jetant un rapide sortilège de discrétion extrême à mes pieds, je prend mon arc, mon étui et mon sac de dessin - dans lequel il y a mon cahier de croquis et plusieurs crayons - et j'ouvre la porte de ma chambre - bien sûr, seulement après lui avoir jeté un sortilège à elle aussi - et je descends silencieusement les escaliers tournants, passant devant la chambre de mon père, la porte de la cuisine et de la salle à manger pour finalement aboutir au salon, pièce principale de cette modeste maison. En jetant un autre sortilège de discrétion à la porte principale - c'est vraiment le sortilège que je maîtrise le mieux - je m'avance vers ma liberté. Être la fille d'un chef est beaucoup plus difficile qu'il ne pourrait y paraître. Je suis censé être un exemple pour les autres et bla bla bla... Donc je me fais un plaisir de me fabriquer ma propre liberté ainsi.

Je sors dans la nuit noire et traverse au pas de course mon petit village. Je commence à m'aventurer dans la forêt entourant mon village, une destination précise en tête. Après 5 minutes de course rapide entre les arbres géants, typiques d'une forêt enchanté, j'arrive finalement à bon port, sans aucune once de fatigue: les elfes font de très bons athlètes.

Le fameux älvringar qui me téléportera dans le monde humain se trouve devant moi. Aussi appelé cercle d'elfes, c'est un cercle de champignons qui, quand on se trouve à l'intérieur et qu'on dit la formule magique en langue elfique, nous envoi dans le monde humain, dans un des rares älvringar que l'on peut y trouver. Rares sont les elfes qui connaissent l'existence de ces cercles et encore plus rares sont ceux qui savent où les trouver, mais moi, en fouillant dans les papiers de mon père, j'ai trouvé où se situait le plus près.

Je m'avance au milieu de l'älvringar et je récite ces vers que je connais si bien (je les murmure évidemment en langue elfique) :

Entend mon murmure,

Celui qui demande à la nature,

Une faveur considérable,

Une requête inavouable,

Celle d'un privilège,

Accordé par un sortilège,

À voyager,

Entre ces deux mondes opposés

Dès ces paroles prononcées, je me sens en apesanteur dans le vide. J'adore cette sensation: je me sens légère comme une plume et autour de moi, silence. Mais ce magnifique moment prend fin trop tôt selon moi: mes pieds sentent à nouveau la dureté du sol et je réapparaît dans une forêt complètement différente de celle d'où je viens. Elle n'est pas enchanté (les arbres sont beaucoup plus petits et maigres et l'ambiance est complètement différente) , mais je m'y sens comme chez moi. Je connais mes environs, et, transportant mon arc avec moi - question de sûreté - je me rend vers le bord d'un lac que j'adore.

L'ambiance est paisible, sans pour autant être magique: la raison pour laquelle j'adore cet endroit. Je m'assis sur le sable terreux et sur les galets de la petite plage et je sors mes crayons et mon cahier de mon sac, gardant mon arc tout près de moi. En fouillant encore une fois dans les papiers de mon père (je suis assez curieuse...), j'ai appris qu'ils avaient des pistes qui leur apprenait que les Drows s'incrustaient (ou avaient le plan de le faire) dans le peuple humain, prenant leur apparence grâce à des sombres maléfices. Rejetant ma paranoïa de côté, je commence à dessiner ce que je vois, dans les moindres petits détails. Sans même m'en rendre compte, je commence à chantonner une mélodie elfique, comme en transe.

Ma voix se mouvant aux bruits de la forêt - les chants d'oiseaux, le chuchotement du vent dans les arbres, le doux clapotis de l'eau - je ne fais qu'une avec elle, ne cessant de la dessiner. Je suis tellement dans mes pensées que je ne remarque pas le garçon qui s'est assis non loin de moi, attendant  que je le remarque. Évidemment que, si je ne fais pas attention, les humains viendront m'aborder: les elfes possèdent une beauté troublante et surnaturelle qui attire les humains comme des mouches. Je sors finalement de ma transe quand le garçon toussote gentiment.

- Tu as l'air perdue dans tes pensées, toi! qu'il me dit amicalement.

Sans broncher, je coince mes longs et ondulés cheveux roux derrière mon oreille. Mauvaise idée: le jeune garçon d'environ 17 ans remarque mes longues oreilles pointues et mes yeux blancs comme neige. Il balbutie et baisse les yeux sur mes vêtements. Je détonne, ici, avec mon habit d'elfe. Instinctivement, je croise les bras, tentant de cacher au mieux possible les dessins sur mes bras, représentatifs des Sylvains Du Lac, mon village. Le pauvre garçon parait effrayé. Exaspérée, murmure un simple sortilège d'oublis, et je m'enfuis au pas de course, rapportant avec moi mon sac, mon arc et mon étui. De toute manière, je devais rentrer bientôt: il faut que je commence tôt les préparatifs pour les fêtes bacchanales, qui adviendront dans une demi semaine.

Quand je suis de retour au village, le jour va bientôt se lever (le temps est différent chez les elfes et les humains, ils sont opposés, donc chez les hommes, c'était presque le soir)

ElfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant