Chapitre 6

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Cela fait maintenant deux jours que je suis ici, dans ce monde. J'ai profité de ces deux derniers jours pour en apprendre plus sur le mode de vie des humains. J'ai testé l'autobus, les magasins, l'épiceries, et j'ai observé de loin les élèves de l'école secondaire à laquelle je me rend ce matin. Vu que ce n'est pas loin, je m'y rend à pieds, une boule au ventre. 

Ce matin, il fait froid. J'ai mit un petit manteau d'automne, et un bonnet pour ne pas être complètement frigorifiée. Je marche d'un bon pas, ne cessant d'admirer la nature et les humains tout autour de moi. Je ne peux pas croire que je soit ici! C'est un rêve devenu réalité! En plus, en étant ici, je m'enfuis non seulement de mon père, mais aussi d'Albir...

Je suis devant l'école. Elle est si grande! Comment me retrouverais-je ici?

Plusieurs adolescents entrent dans le bâtiment en catastrophe. On dirais bien que je vais être en retard à mon premier jour d'école...

Dès que j'entre, la cloche sonne le début des cours. Je me rends, en suivant les directives écrites un peu partout sur les murs, au secrétariat. Je marche pendant quelques minutes, et finalement j'arrive à destination. Une femme est assise à un comptoir, et elle lit des documents. La secrétaire. Je m'approche, et elle me remarque.

-Quelle est la raison de votre absence? Je vais vous donner votre billet de retard.

Elle a dit ça sans même me jeter un coup d'œil, en parlant de la voix monotone d'un robot.

-Je m'appelle Alexa Bordeau, madame. Je suis nouvelle ici.

La dame daigne enfin lever ses yeux vers moi. Avec son chignon bien serré et ses lunettes rectangulaires, elle a une allure très sévère qui me ferait froid dans le dos si je n'apréhendais pas tant que ça ma première journée de cours.

-Oh, d'accord, je vois qui vous êtes. Ça ne sera pas bien long, je reviens avec votre matériel.

Sans attendre de réponse, elle se lève et se dirige vers un bureau dans le fond de la pièce, sans manquer de rouler ses fesses dans sa jupe bien serré. Je regarde autour de moi. Sur son bureau, il y a une pile de documents, celle qu'elle lisait avant que je n'arrive, un téléphone et un ordinateur, sur lequel se trouve une liste d'élève. Je n'ai pas le temps de l'analyser plus longtemps que la secrétaire revient avec dans les bras une pile de cahiers et de manuels, sans manquer de me lancer un regard rempli de mépris. 

-Sur le dessus, il y a ton agenda. À l'intérieur, il y a ton horaire et le numéro de ton casier. 

-D'accord, mer...

-Tenez, votre billet de retard.

Je reste un peu bête devant sa froideur, mais je me met quand même en route à la recherche de mon casier sans plus attendre. Après avoir compris comment le numérotage des rangées de casiers marchait, ce qui m'a pris au minimum trente bonnes minutes, je retrouve enfin mon casier.

Il n'est pas grand, mais tout ce qu'on m'a donné entre facilement à l'intérieur. J'accroche mon manteau et ma tuque sur un des deux crochets, et je vide mon sac à dos en plaçant soigneusement toutes mes affaires sur les  quelques étagères. Je regarde ensuite mon horaire. Je suis en cours d'histoire avec monsieur Carl. Je prend mon matériel d'histoire et le fourre rapidement dans mon sac, avant de courir vers la salle où mon cours se déroule en ce moment.

Je met tient devant la porte de la classe. Je suis si anxieuse! Et si les gens ne m'aimaient pas? Et si je finissait seule? Et si je ne menais pas à terme ma mission..? 

Je prend une grande respiration pour calmer mon cœur qui bat à la chamade, et je toque doucement à la porte. Le professeur me signe d'entrer. 

Je rejoint le professeur et lui tends mon billet de retard.

-Tu dois être Alexa? 

J'acquiesce d'un léger signe de tête.

-Bienvenu! Prend place, il y a encore une place libre juste là.

Je me rend à la dite place la tête baissée, bien trop intimidée pour affronter le regard des autres élèves sur moi. Bien sûr, la place qui restait était celle de devant, en plein milieu. La place la plus évitée par tout le monde, apparement. Super! 

Monsieur Carl continu son cours comme si de rien n'était, et je tente tant bien que mal de comprendre et de prendre en note ce qu'il dit à propos de l'histoire du Québec.


Le cours, ou plutôt la torture, prend finalement fin. Tout le monde se rue en dehors de la classe avant même que la cloche n'ait finit de sonner. Je sors à mon tour, tentant tant bien que mal de me retrouver au milieu de cette masse d'élèves pressés de se rendre à leur deuxième cours. Je continu de me faufiler au travers du monde, quand soudain, quelque chose attire mon attention.

Une tête que je reconnais. 

Mais c'est impossible: je ne connais personne ici! Peut-être ais-je croisé cette personne dans l'autobus? À l'épicerie? Non... je reconnais cette personne, mais d'un autre endroit... 

Il se retourne alors, me faisait maintenant face. Je reconnait ces cheveux châtains et ces yeux marrons. Je reconnais ce petit sourire et son allure calme et reposée...

S'agit-il vraiment de lui? Ses yeux croisent soudainement les miens. Pendant quelques secondes, ni lui ni moi ne bougeons. Puis, il se détourne tranquillement et repars dans la direction de son prochain cours. Moi, par contre, je ne sors pas tout de suite de mon état de transe. 

Mais quelques secondes plus tard seulement, je sui réveillée par des gens qui me bousculent. 

C'est lui. Le garçon que j'ai vu sur le bord du lac. Le garçon à qui j'ai lancé un sortilège d'oublis. 

Pourtant, il a eu l'air de me reconnaître... 

Aurait-il résisté à mon sortilège?

Mais comment?

ElfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant