Chapitre 4

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Mais quelque chose, un bruit sourd, vient troubler ma paix. Un bruit de pas se rapprochant met fin à mes réflexions. Qui peut bien venir dans la forêt à cette heure si tardive? Tout le monde est couché, et sinon, ils sont autour du feux...

Le bruit de pas se rapproche de moi. Je ne veut parler à personne : j'ai besoin de réfléchir à tout ce qui va m'arriver... Mais une voix familière me fait aussitôt oublier tous mes problèmes.

-Al! Je sais que tu es la, répond moi, je dois te parler...

Al. Le surnom que Virto m'a donné, étant enfants... Il est la seule personne au monde qui m'ait jamais donné de surnom.

Je me lève et il m'aperçoit. Sans me poser de question, je cour à sa rencontre et le sert dans mes bras. Il n'est peut-être qu'un peu plus grand que moi - le dessus de ma tête arrive à la hauteur de ses sourcils - et il n'est peut-être pas très musclé, mais dans ses bras, je me sens en sécurité.

Pendant un court instant, il reste surpris et ne me serre pas. Mais son temps d'hésitation prend fin et il m'entoure de ses bras protecteurs.

Quelques secondes plus tard - ou même quelques minutes, j'ai perdu la notion du temps - je desserre mon étreinte et m'éloigne juste assez pour le regarder. Ses cheveux roux en bataille dansent sur sa tête au même rythme que le vent, et ses yeux verts me fixe d'un regard indéchiffrable. Ses lèvres esquissent un petit sourire qui ne me donnent qu'une envie : les embrasser...

Mais à quoi est-ce que je pense? Il s'agit de mon meilleur ami, je ne sors pas avec! Je me recule d'un coup, feignant un sourire. Dans les yeux de Virto, une petite étincelle s'éteint, mais je ne m'y attarde pas. Un léger malaise nous fait garder le silence pendant des secondes qui me paraissent une éternité.

-Est-ce que... est-ce que tu vas y aller? me demande Virto, une expression triste peinte sur son visage.

-Oui... écoute, Virto, ne m'en veut pas! Je ne peux pas laisser tomber tout le monde comme ça... c'est mon devoir.

-Mais ton père l'a bien dit, quelqu'un peut te remplacer! Ce n'est pas obligé d'être toi! Tu sais, ce n'est pas parce qu...

Je ne lui laisse pas le temps de finir. Il est comme mon père : un vrai moulin à parole!

-Virto, veux-tu bien arrêter? C'est moi qui hériterai du pouvoir que mon père possède... Il s'agit de mon peuple, et je me doit de le protéger, coûte que coûte! Si tu ne veux pas comprendre, il vaudrait mieux que tu me laisses...

Je me tourne dos à lui, blessée. Personne ne comprend que j'ai peur, moi aussi? Personne ne comprend que c'est ma décision et non la leur? J'allais m'éloigner quand une main se pose sur mon épaule...

-Je suis désolé... C'est juste que je tiens à toi, et je ne peux pas envisager que quelque chose t'arrive là-bas, sans que je ne puisse rien faire pour te protéger... Ne m'en veut pas!

Je ne me retourne pas et je retourne m'asseoir où j'était avant qu'il n'arrive. Il s'installe près de moi. Toujours là pour moi...

-Je.. j'ai peur, Virto... Je serai seule, et je ne connais rien du monde humain, que je murmure.

Je suis effrayée, désorientée, accablée, et je tremble comme une feuille. Virto passe son bras autour de mes épaule comme pour me consoler. Je ne le repousse pas, c'est exactement ce dont j'ai besoin. Je me colle tout contre lui et j'oublie tous mes problèmes... Il sent l'automne : ma saison préférée...

-N'ai pas peur... Je serai là à ton retour, et tout se passera bien, qu'il me chuchote tout bas dans le creux de l'oreille, essayant visiblement d'être positif pour m'encourager.

ElfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant