Chapitre 2

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La semaine de préparation se déroule rapidement, ne laissant que très peu de temps à mon village pour se préparer. Je dois aller cueillir des petits fruits tous les jours pour qu'il y en ai assez pour tout le monde. Avant que je ne m'en rende compte, nous sommes déjà le jour J et je me tient droite aux côtés de mon père, vêtue d'une petite robe verte toute mignonne que je me suis cousu moi-même, inspirée des robes des humaines que j'ai croisé lors de mes nombreuses visites dans leur monde.

Je suis si impatiente de revoir Virto. Cela fait un an que je n'ai eu aucun signe de vie de lui. C'est mon meilleur ami. Mon seul ami.. Sera-t-il heureux de me revoir? Aura-t-il changé? Ça, j'en doute. Les elfes, nous prenons beaucoup plus de temps que les humains à vieillir. Par exemple, du haut de mes 1302 ans, j'ai l'apparence d'une fille de 16 ans pour les humains. Mais à chaque année, cette peur revient sans cesse me hanter... Me laissera-t-il tomber, comme l'ont fait tous ceux que je croyais être des amis?

Une quinzaine de minutes plus tard, le village des Sylvains de la Vallée fait son entré dans notre place. Je serre la main du chef, celle de sa femme et celle de ses deux fils en prenant un air intéressé par l'agitation qui se déroule autour de moi. Ce village est de loin le plus énergique de tous et il donne l'impression qu'une tornade passe à chaque fois qu'il se déplace d'un endroit à un autre. Mais toutes mes pensées restent tournées vers Virto.

Une heure plus tard, je suis de retour à ma place, attendant impatiemment l'arrivé des Sylvains de la Coline. Ce n'est que 30 minutes plus tard qu'ils font leur entré. Je cherche vivement des yeux mon ami, mais je ne peux mieux le chercher sans que ça paraisse. C'est en voyant approcher le chef de ce village que je me rappelle le point négatif de ces retrouvailles : Albir. Il est là, avançant, la tête haute aux derrières de son père, au devant de son village, un sourire charmeur sur le visage. J'avais presque oublié à quel point il est grand. Les elfes sont plutôt grands à la base - en excluant les Drows - , mais lui, il dépasse tout le monde, et il en est fier, ça se voit.

Il marche d'un pas décidé et suivant ses parents, il serre la main de mon père. Quand mon tour arrive, il s'attarde et me fait un baise-main qui me donne aussitôt l'envie de vomir... Certe il est beau, et toute les elfes filles rêveraient de se trouver à ma place, de pouvoir avoir pour soit ses cheveux châtains en bataille, ses yeux bruns noisettes, sa mâchoire carrée et ses muscles si biens sculptés... Mais mon cœur appartient déjà à quelqu'un d'autre que je n'ai toujours pas aperçu au milieu de tous ces gens.

Vient ensuite l'heure du repas. Je suis assise entre mon père et le chef des elfes Sylvains de la Vallée, et, bien sûr, face à Albir, à qui cela n'a pas l'air de déplaire. Mon père s'en est sûrement assuré, il aime beaucoup Albir. Comme un fils. Il rêve qu'un jour je l'épouse... Juste l'idée de passer le reste de mes jours aux côtés de ce garçon me rend malade.

Le reste du souper ne se déroule pas aussi mal que je ne me l'était imaginé. Un peu de viande de lapin et de caribou accompagné de délicieux fruits, et de bribes de conversations ennuyante venant de Albir que j'ignore royalement, ne me concentrant que sur mon assiette. Quand j'ai fini de manger, je m'excuse et sort de la table avec comme excuse une envie pressante. Dès que je suis hors de vue, je cours jusqu'à la forêt, ne m'arrêtant que lorsque je n'entend plus rien, plus un son mis à part le chant de la forêt.

Ces moments paisibles me font toujours le même bien. Je m'assied aux pieds d'un arbre et je ferme les yeux, laissant la paix m'envahir. Mais voila que seulement quelques minutes plus tard, un bruit de pas lointain vient troubler ma paix. Dès que j'ouvre les yeux, je sens cette présence si familière... Cette présence que j'ai tant attendu : Virto! Je cours à sa rencontre et dès que je le voit, je ne prend pas le temps de le saluer que je lui saute directement dans les bras.

Les larmes me montent presque aux yeux. C'est lui, enfin il est là! Il a l'air autant heureux que moi, ce qui ne fait que me rendre encore plus joyeuse. Je me sépare, ne le lâchant pas pour autant, afin de pouvoir l'admirer. Il est un peu plus grand que moi et il a des cheveux brun foncés. Il n'est certainement pas le garçon le plus musclé, mais il reste selon moi le plus beau. Je plonge mon regard dans ses yeux verts. Comme je voudrait pouvoir l'avoir pour moi... Mais si je lui dit, notre amitié sera gachée.. Avant que ça ne devienne trop dur, je me sépare de lui en baissant les yeux. C'est lui qui engage la conversation. On parle en s'asseyant sur une souche morte. Je passe au moins une heure avec lui dans la forêt. Une chance qu'il m'a vu sortir de table. Il me connait tant qu'il savait d'avance où j'irais.

Virto et moi, après avoir longuement parler, on retourne au village. Les célébrations ont commencés. Tout le monde est autour d'un grand feu de joie. D'un côté, les tambours, chants et danses, et de l'autre côté, les gens qui discutent à la lueur orangé du feu, un ver de vin de chêne à la main. Je laisse Virto rejoindre ses amis et je vais chercher mon cahier de dessins.

Sur mon chemin de retour au feu, Albir m'accoste... Et c'est repartit pour un tour! Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi collant! Il me parle de lui tout au long de la soiré et tente sans arrêt des rapprochements. De toute la soiré, pendant que je ne l'écoutais que d'une oreille, assise dans le gazon sur le bord du feu, dessinant tout ce qui me passait par la tête. Jamais de toute la soiré il ne s'est intéressé à moi, à ma vie, ni même à ce que je dessinais. Et après mon père voudrait que je l'épouse... Quelle bonne blague!

La fin de la première soiré approche enfin, et les trois chefs arrivent sur la place, demandant l'attention de tout le monde. Ils ont une annonce sérieuse à faire. Tout le monde s'approche et mon père et les deux autres chefs montent sur un petit piédestal pour pouvoir parler à tout les elfes présents. Que peuvent-ils bien vouloir annoncer?

Mon père a l'air tout sauf enchanté, et les deux autres ont l'air serein. Mon père, m'apercevant, me fait signe de m'approcher du piédestal... Que se passe-t-il? Lui, qui est à la tête de notre village et des deux autres - le grand chef comme plusieurs l'appelle - toussote. Il a le bout des oreilles rouges, signe qu'il est en colère... Mais qu'est-ce qui se passe??

ElfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant