Chapitre 3

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Il attend patiemment que tous se taisent... Tout le monde chuchote entre eux, c'est tellement rare qu'on interrompe les fêtes Bacchanale... Il doit se passer quelque chose d'horrible!

Je reste sage, attendant la suite des événements. Pourquoi m'a-t-il fait signe d'approcher? Pourquoi est-il en colère? C'est si étrange de voir un elfe en colère car nous sommes de nature très patiente... La seule et unique fois que je l'ai vu ainsi, c'est quand ma mère s'est fait attaqué par ce Drows...

Au travers de toutes les têtes qui m'entourent, j'en remarque une en particulier. Une tête insupportable dotée d'un sourire charmeur des plus écœurant : Albir, qui, une fois de plus, vient me coller au derrière... Quelle plaie! Je me retourne rapidement, et l'ignore. Ce qu'a à dire mon père est d'un importance suprême, je ne prendrai même pas la peine de le repousser.

-Pardonnez-moi, chers Elfes Sylvains, d'interrompre ces festivités, mais l'annonce que j'ai à vous faire est de la plus haute importance et je ne pouvait me permettre de vous l'annoncer après la fête. Vous savez tous que depuis la Grande Guerre, nous cherchons des renseignements sur le Drows mais sans jamais avoir eu de nouvelles, de signe de vie de leur part. Eh bien sachez que ce temps d'attente est terminé!

-C'est pas trop tôt, me chuchote Albir, tentant en vain de me faire rire.

Je me tourne vers lui et lui lance un regard meurtrier. Il ne peut pas se la boucler un peu? Il ne voit pas que cette annonce est importante pour tous? Si nous retournons en guerre, tout le monde sera en danger...

-La semaine dernière, reprend mon père, nous avons chacun reçu des informations de leur part, et nous les avons rassemblé après le souper... Il se trouve que les Drows sont de retour! Mais cette fois-ci, ils ont décidé d'adopter une tactique différente et de directement s'attaquer au monde humain. Ils ont envoyé quelques uns des leurs elfes dans ce peuple, mais c'est tout ce que nous savons pour l'instant. Nous n'avons aucune idée de leur plan d'attaque et de leur effectifs, mais nous travaillons là-dessus.

Quoi? Les Drows sont dans le monde humain? Mais comment ont-ils fait? Comment ont-ils appris l'existence des Älvringars et leur utilisation? Je jette un coup d'œil à Albir, toujours à mes côtés, mais maintenant silencieux. Si j'avais su qu'en parlant de ça, il se tairait, je l'aurais fait bien avant!

-Bref, après mûre réflexion, le moyen le plus sécuritaire de garder un œil sur eux là-bas est d'envoyer l'un de nous en tant qu'espion...

Envoyer l'un des notres... Mais c'est une mission tellement dangereuse! D'abord, les humains ne doivent pas être au courant de notre vrai nature, mais de plus, si il y a effectivement des Drows là-bas, que pourraient-ils faire en se rendant compte de la présence d'un elfe, surtout Syrien? La personne qui sera désignée devra être très vigilante... je la plaint déjà.

-Et une personne d'entre vous a été sélectionnée... Nous avons choisit la personne qui se fondrait le mieux dans le décor au milieu des humains, celle qui diffère le moins de ce peuple éloigné... Je dois prévenir la personne, avant de la nommer, qu'il s'agit là d'une mission très dangereuse et risquée, et que si elle refusait, il n'y aurait pas de honte, et on trouverait une personne pour la remplacer. Alors oui, la personne désignée est...

Il marque un temps d'arrêt. Ses oreilles sont maintenant rouge écarlate... Il n'a pas l'air heureux du choix de la personne... Peut-être s'agit-il d'Albir? Il veut que je l'épouse... C'est peu être le fait qu'il puisse mourir pendant cette mission qui le fâche à ce point?

-...Alkayna

La pauvre, tout ce qu'elle va dev... Quoi, moi? Tous les visages se tournent vers moi. D'un coup, je me sens claustrophobe, je doit sortir de cette foule au plus vite. Je me met à courir vers la forêt. J'allais m'enfoncer plus loin, question d'avoir le silence pour réfléchir à tout ça, quand une poigne de fer s'accroche en mon bras, arrêtant d'un coup sec ma course. Serait-ce Virto? Mais quand je me retourne, je tombe plutôt nez-à-nez avec Albir. Quelle déception..

-Étais-tu au courant? dit-il sèchement entre ses dents.

Je ne trouve pas la force de parler à cet enfoiré. Sa poigne est de plus en plus forte, me faisant affreusement mal. Mon poignet va casser, s'il continu.

-Non, je murmure.

¸Il ne me lâche pas pour autant. Sa poigne se serre toujours de plus en plus.

-Lâche-moi, je lui dit d'un ton sec et tranchant.

-Non, pas tant que tu ne me diras pas la vérité!

Cet idiot croit que j'ai décider de partir. Et il est en colère après moi pour ça. Je tente de secouer le bras afin qu'il me lâche, mais il le serre toujours plus. Sans m'en rendre compte, je lui jette un sortilège et il revole contre un arbre, avant de tomber sur le sol. Quelle idiote je suis... Maintenant, Albir a l'apparence d'un taureau prêt à se ruer sur moi.

Alors qu'il commençait à s'approcher, nous entendons des bruits de pas s'approcher. Une voix se fait entendre.

-Alkayna, tu es là? Je dois te parler.

C'est la voix de mon père. Avant qu'il ne nous aperçoive, Albir change tout à coup de comportement, affichant un sourire hypocrite qui dupe tout le monde sauf moi sur son visage.

-Grand chef, nous sommes içi! l'appel-t-il.

Mon père nous rejoint et me ramène à la maison, non sans avoir parlé un peu avec Albir, dont le comportement face à mon père avait changé de furie à lèche-botte. Pendant qu'on marche pour rentrer, je me retourne et vois Albir qui me lance un regard meurtrier. Et voilà une nouvelle personne qui me déteste... Quoique venant de lui, c'est plutôt réjouissant.


Mon père et moi sommes assis à la table de la cuisine.

-Je te demande pardon, j'ai tout fait pour qu'ils acceptent de prendre quelqu'un d'autre, mais ils n'ont pas acceptés... Je pense déjà avoir trouver quelqu'un pour te remplacer...

-Papa, je l'interromps.

-Peut-être Vartish? Ou bien Tropjoké, ça ne serait pas plus mal...

-Papa!

Il ne m'écoute pas et continu son monologue. Parfois, ses habitudes de chef m'exaspèrent.

-PAPA!

Il me regarde avec de grands yeux. Maintenant j'ai son attention.

-Je vais y aller.

-P-pardon?

-Si c'est moi qui ai été désignée, c'est que ce serait préférable que ça soit moi qui y aille...

-Mais on peut trouver quelqu'un d'autre! Ce n'est pas obliger d'être toi, on peut..

Et c'est repartit pour un tour! Avant qu'il ne me fasse un énième discours, je l'interromps à nouveau.

-Je sais! Je sais que ce n'est pas une obligation. Mais c'est mon devoir. Ce que je ferais là-bas pourrait sauver tant de vies! Je ne peut pas être égoïste au point de rester içi!

-Je comprends... Mais quelqu'un d'autre peut sauver ces vies! J'ai déjà perdu ta mère, je ne veut pas te perde toi...

Je me lève et fait le tour de la table pour l'entourer de mes bras. Il est rare qu'il laisse transparaître ses émotions...

-Ne t'inquiète pas, je reviendrai en un morceau, c'est promis, que je lui chuchote à l'oreille.

-...Ton départ se fera demain matin.

Dire cela ne le réjouit aucunement, je le vois bien. Mais il me connait: il sait que quand je veut faire quelque chose, je le fait.


Mon père est allé se coucher. Moi, par contre, je n'ai pas la tête à ça. Je dois prendre l'air. Je sors dehors et fait bien attention à ne pas me faire remarquer des gens qui fêtent encore autour du grand feu. Dès que je me suis éloigné, je commence à courir dans la grande forêt .

Après quelques minutes, je m'arrête et m'assoies aux pieds d'un gigantesque arbre. Je ferme les yeux. L'air frais de la nuit me fait tant de bien. Le chant de la forêt ralentit ce tourbillon de pensées qui fait rage dans ma tête.

Confortablement assise et complètement dans mon élément, je me laisse partir dans un état second. Cet état dans lequel on est, juste avant de s'endormir. Cet état qui nous rend tous serein et nous apporte la paix.

Je pourrais rester ici éternellement, bercée par le chant de la nuit.

ElfeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant