Recule !

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  15 novembre 2008, j'avais 8 ans. Aujourd'hui je lis ton texte et il me tord les entrailles, il me chamboule l'âme, je me retrouve le cul par terre et les jambes nouées autours du cou. Toutes ces émotions, toute cette ardeur, toute cette haine qui secoue mon corps ; je suis une poupée de chiffon froissée et abandonnée dans le tourbillon de ses sensations. Mes yeux se sont fermés brusquement, j'ai pris une claque dans la figure. Un bonne grosse claque qui me coupe le souffle, qui me chatouille le ventre et qui me pique les doigts. Tu m'as troublée par ton chagrin, je vois dans tes yeux les larmes. Elles ne veulent pas couler, elles sont coincées entre tes cils, embuant tes iris. Tu m'as troublé par tes remords, ils te prennent à la gorge comme la fumée âcre qui s'échappe de ta colère. Elle se consume dans un panache noir et eux, ils te vrillent le crâne. Et tes doutes, on peut les entendre résonner dans ta poitrine serrée. Ils crient, chacun de plus en plus fort, ils te crient de reculer. Recule ! Recule ! Ils crient et tu souffres, je le vois bien, à travers tes mots amères, je le vois bien que tu souffres. Ta lèvre tremble, tes joues sont rouges, tes yeux aussi. Ton corps tressaute, tu oublies qui tu es et tu enrages contre toi-même. Et je la sent. L'odeur de la peur, je la sent. Ça empeste. Tu as peur parce que tu es complètement perdu, debout, immobile, les membres paralysés comme pétrifié, tu as peur parce que tu n'arrives plus à penser. Tout est flou autour de toi, tu as peur de comprendre, de savoir qui tu es, tu as peur de bouger, comme quand je suis seule chez moi. Mais tu n'es pas seul et c'est ça le plus effrayant. Parce que tu es avec toi-même.  

Petits bouts de vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant