Chapitre 7

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J'appose ma signature sur la feuille et tend une pile de papiers à Stefan. Après avoir mûrement réfléchi, il m'a appelée il y a deux jours pour m'annoncer la meilleure des nouvelles. Il a décidé d'acheter l'une des premières bâtisses que je lui ai fait visiter, avec une vue merveilleuse sur l'océan et des arbres qui empêcheront sûrement des paparazzis avides d'informations de venir traquer la vie d'un bel homme milliardaire aux nombreuses frasques amoureuses.

Sur le coup, je me suis sentie vexée, car il m'a clairement dit que ça ne lui plaisait pas lorsque nous y sommes allés. Je suis persuadée qu'il l'a fait exprès, qu'il me faisait mariner, mais je n'y pense plus. Tout ça est derrière moi, et désormais, je vais pouvoir reprendre le cour normale de ma vie.

Stefan ne m'adresse pas un seul regard, à mon grand désarroi. Je ne lui ai pourtant rien dit de mal, et je me sens blessée d'être ignorée à ce point. Mais après tout, c'est un homme, et il est bien connu que les hommes ne savent jamais ce qu'ils veulent. Non?

Il signe la dernière feuille et me tend le tout, toujours sans me regarder.

- On a terminé? me demande-t-il sur un ton sec.

- Oui, monsieur White. C'est terminé.

J'insiste sur le dernier mot afin qu'il comprenne le double-sens de cette phrase. C'est la dernière fois que nous nous voyons, et même si j'en suis heureuse, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi glacial avec moi. Je me suis quand même démenée pour lui trouver ce bijou, il pourrait au moins avoir la politesse de faire semblant d'être content.

Il se lève et j'en fais de même, et je lui tends la main, par pure politesse. Il a l'air surpris par mon geste mais il saisit tout de même ma main, en faisant durer un peu trop longtemps cette poignée de main. Il s'éloigne, mais après quelques pas, il rebrousse chemin et revient dans ma direction. Et vu la façon dont il me regarde, je sens que je ne vais pas aimer ce qu'il va me dire.

- Mademoiselle Wright, je tenais à vous dire que mon offre d'emploi ne tient plus. Je n'ai pas besoin de vous, finalement.

Je me fige en entendant cela. Je me fiche totalement de son offre d'emploi, mais qu'il me dise cela sur un ton aussi blessant, je ne le supporte pas.

- Comment aurais-je accepté de travailler pour quelqu'un comme vous, monsieur White? Je suis outrée de savoir que vous imaginiez une seule seconde que je puisse quitter ce travail pour.. vous.

J'utilise un ton hautain pour accentuer les mots qui sortent de ma bouche. Même si je ne pense pas vraiment mes paroles, je me devais de lui balancer ça à la figure. Et maintenant que tous les papiers sont signés et qu'il n'est officiellement plus mon client, je peux lui dire tout ce que je pense sans subir de représailles de sa part.

Il baisse les yeux et fait demi-tour, mais je n'en ai pas terminé avec lui.

- Oh, au fait, monsieur White, saluez Eva de ma part. Et dites lui de faire attention lorsqu'elle se dorera la pilule au soleil.. je n'aimerais pas que son corps se mette à fondre.

Je fais évidemment allusion à toutes les prothèses qu'elle a dû se payer grâce à ses ex-petit amis millionnaires, parce que ça se voit comme un nez au milieu du visage. Elle ressemble plus à une poupée qu'à un être humain.

Il écarquille les yeux et s'apprêtait à répliquer, mais il est interrompu par l'arrivée de quelqu'un dans l'agence. Je souris quand je vois qu'il s'agit de Bastien. Nous avons prévu de déjeuner ensemble après qu'il m'ait appelée pour s'excuser une énième fois, et j'ai accepté parce que ça me permettra d'oublier à quel point les dernières semaines ont été tendues.

Stefan jette un regard sur moi, puis sur Bastien, puis il revient vers moi. J'aimerais beaucoup savoir ce qu'il pense, là, tout de suite. Il est sûrement en train de faire le lien entre Bastien et moi, et ma conscience est en train de trépigner de joie à l'idée de le vexer, lui et son ego de mâle surdimensionné. Peut-être qu'il redescendra sur terre après ça.

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