Chapitre 8

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Ce chapitre contient des scènes explicites non adaptées à des lecteurs/trices de jeune âge.

Le soir même, je trouvais mon père sur le palier de mon appartement, sa veste sous le bras et le visage inquiet. Je savais qu'il finirait par venir pour parler, et je m'en réjouis, même si je ne suis pas certaine de la tournure que celle-ci prendra. Cependant, je suis prête à discuter de New-York avec lui.

- Tu as les clés, tu sais, dis-je en passant devant lui.

Il hausse les épaules et embrasse mon front.

- J'ai l'impression d'entrer dans ton intimité, je n'aime pas ça.

Je déverrouille la porte et l'invite à entrer. Il s'assieds sur mon sofa gris et me regarde, gêné. Je connais par cœur mon père, il ne veut pas en parler. Mais il va le faire, pour moi.

- Kacey, je sais que cette idée ne te plaît pas, mais..

- Pars à New-York.

J'ai dit cela sur un ton calme, posé. Mon père me fixe, ébahi. Il ne s'attendait certainement pas à ce que j'abdique aussi facilement, mais j'ai beaucoup réfléchi. Après avoir mangé avec Stefan, je suis allée sur la plage et j'ai marché pendant près d'une heure. J'avais besoin de me vider la tête, et quoi de mieux que le bruit de l'océan pour cela? Même la foule environnante ne m'a pas perturbée dans ma réflexion. Et en repartant, je savais ce que je voulais.

Je prends place à côté de lui et le regarde dans les yeux :

- Tu as tout sacrifié pour moi, et c'est à moi de te rendre la pareille aujourd'hui. Je sais à quel point cette agence compte pour toi, papa. Alors va à New-York et fait ce qu'il faut.

- Mais si tu penses que je t'abandonne, j'annule tout. Je ne veux pas que tu sois malheureuse.

- Lili et Ryan sont là, tu sais. Ils sont de la famille, alors je ne serais pas toute seule. Je suis désolée de m'être emportée dans ton bureau, mais sur le coup, New-York ne me paraissait pas être une bonne idée.

Il hoche la tête et me prends dans ses bras. J'aime mon père plus que tout, et c'est pour cela que je dois le laisser partir. Il a passé les dix-huit dernières années à ne penser qu'à moi, alors il est temps d'en finir. Je ne serais jamais seule ici, et je pourrais toujours aller lui rendre visite.

- Maintenant, il faut fêter ça, m'exclamais-je en me relevant. Je t'emmène dîner !

- Je suis totalement d'accord, réplique-t-il. Ça ne te dérange pas si j'invite monsieur White ? Après tout, c'est grâce à lui si cette opportunité se présente.

J'aurais aimé lui dire que ce n'est pas vraiment grâce à lui, mais à son envie de me rendre dingue qu'il a fait cela, mais je me contente de sourire. Il l'appelle tout de suite et lorsqu'il raccroche, il me dit :

- Il a dit qu'il avait hâte de nous voir.

Je hoche la tête et invite mon père à sortir de l'appartement. Je verrouille ma porte à double-tour et nous descendons.

- On prend ma voiture, déclare mon père. Il faut que tu reposes tes poignets.

Je n'essaye pas de répliquer. Mes poignets me font terriblement mal depuis quelques jours et les calmants n'y font rien. Je grimpe du côté passager de la voiture sportive de mon père, qui s'amuse à faire vrombir le moteur avant de démarrer plus vite que la loi ne le permet. Il nous conduit tout droit vers un restaurant chic, sûrement à la demande de Stefan. De l'extérieur, la façade en briques blanches ne laisse certainement pas présager ce qui se passe à l'intérieur. Des tables carrées placées au millimètre près, des nappes d'un blanc immaculé..  Et des couples de vieux bourges qui ne s'adresse pas le moindre mot et qui mange leurs plats d'un air hautain, chose qui a le don de me rendre dingue. Ce n'est pas parce qu'on est riche qu'on a besoin d'être aussi coincé!

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