" Somehow, I would know " [ VERSION FINALE ]

Chapitre 13 : Étape

« Ces paroles, je les retenais au fond de moi et refusais de les exposer à quiconque. »

C'est dans un épais brouillard que nous rejoignîmes le cimetière.

Je déposai sur la sépulture de mes parents la composition florale qu'avait choisi Margaret pour moi, pour nous tous. J'essayais de rester neutre mais cet hommage pour mes parents me touchait inimaginablement.

Je me concentrais sur le bouquet. Le bouquet de taille imposante associait parfaitement la délicatesse des Lys blancs à la beauté des Roses rouges. Je frémis en me remémorant des roses rouges que mon père offrait souvent à ma mère.

Je baissai les yeux, je m'étais promise de me montrer courageuse, il fallait que je tienne.

Margaret, qui n'avait pas remarqué que je n'écoutais pas son éloge funèbre m'invita à la rejoindre.

- Je pourrais certainement comme vous tous, parler des Collins encore et encore mais je pense qu'il y a quelqu'un parmi nous qui mériterait tout particulièrement de prononcer quelques mots.

Elle se tourna vers moi qui interloquée demeurait dans un profond mutisme.

Les regards attentifs se tournèrent vers moi et je n'avais qu'une seule envie : disparaître.

Les secondes s'écoulèrent, je lus dans les yeux de Margaret toute sa déception. Je la décevais une nouvelle fois. Je m'en voulais : je pouvais le faire et je le devais.

D'une voix chevrotante j'improvisai :

- Mon père et ma mère étaient des personnes honnêtes et généreuses. Je les admirais plus que tout au monde, et les admire toujours. Mon père était la sagesse incarnée. Il avait toujours une certaine présence d'esprit, connaissait l'inanité de chaque chose et surtout la fragilité de nos existences, d'où sans doute cette humilité qu'il possédait. Et il aimait profondément ma mère. Ma mère me ressemblait davantage. Elle était caractérielle, têtue, agitée. Mais elle avait aussi une grande sensibilité. C'est ce qui la rendait unique en son genre.

Je fis une pause, sentant les regards qui s'accrochaient à moi avec insistance. Je n'avais jamais prévu de déballer mes sentiments ainsi. J'étais en train de franchir une étape importante.

J'inspirai profondément, fermai les yeux, ignorai ce monde blessant et dévastateur et poursuivis d'une voix plus assurée mon hommage improvisé qui venait du plus fin fond de moi.

- Parfois, j'ai l'impression de les entendre encore, comme on entend l'écho d'une voix et je me prends à rêver qu'ils sont toujours présents dans ma vie, à m'épauler et m'aiguiller dans mes choix. Malheureusement ce n'est pas le cas ... Je les regretterais toujours. Ils m'ont tout donnée et je leur en serai éternellement reconnaissante. Ils m'ont laissée, comme à vous tous, des souvenirs indélébiles. Je suis fière d'avoir eu des parents pareils. Je ferais tout pour leur ressembler et les rendre fiers.

Je finis sur ces paroles. La fierté. Je voulais que de la haut, ils soient fiers. L'étaient-ils en ce moment-même ? Je regardais le soleil qui se trouvait au zénith et me surpris à sourire. Un petit sourire pincé et timide, pas un sourire éclatant. Mais c'était un sourire et c'était toujours ça.