Chapitre 12 : Héritage

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« Comment pouvais-je réellement faire mon deuil sans réponses ? »

Les amis de mes parents me bombardèrent de questions le restant de l'après-midi.

J'avais tenté de garder mon calme, d'ignorer tout ce que leurs questions ravivaient en moi.

Peu de temps après l'enterrement de mes parents, je n'avais plus souhaité répondre aux lettres ni même donner de nouvelles à qui que ce soit. Je me pensais mieux seule. A présent je réalisais combien j'avais pu être blessante et été dure avec tous ces gens.

J'avais longtemps refoulé ma culpabilité mais cet après-midi là je la sentais m'envahir.

Finalement, Margaret nous guida vers nos chambres respectives. Par malchance, je partageais une chambre avec Audrey. J'avais peur de ne pas savoir garder pour moi ma rencontre avec Cameron. Devais-je faire comme il me l'avait demandé ?

Andrew nous laissa avec le minimum vital qu'il avait prévu pour notre court séjour. Il commençait à remonter dans mon estime.

Le repas fut plaisant et les conversations abondantes. Je me pris cependant à étouffer à force d'entendre continuellement parler de mes parents, au centre de toutes les conversations. Je me prétendis fatiguée et rejoignis ma chambre avant les autres. Quelques minutes plus tard, Andrew me rejoignit.

- Tout va bien ?

Je haussai les épaules en guise de réponse. Il prit place sur mon lit et me regarda longuement.

- Ce jour n'est évident pour personne. Je sais ce que tu ressens.

- Andrew, t'es gentil mais non tu ne sais pas.

- Pourquoi je ne te comprendrais pas ?

Je le regardai dans les yeux cette fois-ci, ces derniers brillaient. Je m'en détournai. Je ne le comprenais pas lui non plus. Mais j'aurais aimé qu'il me laisse.

Ce jour représentait une année d'échecs, de non-réponses. A la mort de mes parents je m'étais pourtant promis de comprendre ce qui s'était réellement passé, coût que coût. Or, je n'avais rien découvert du tout. Comment pouvais-je réellement faire mon deuil sans réponses ?

Andrew me perturba dans mes réflexions en prenant mon menton dans sa paume de main.

Ce brusque contact me rebuta.

- Andrew, tu peux me laisser s'il te plaît ? Lui demandai-je d'une voix hésitante.

- J'aimerais vous apporter davantage, tu sais, déclara-t-il en esquivant ma demande.

- Tu ne changeras pas, Andrew. Tes paroles, ce sont du vent.

Mes paroles parurent le blesser, il cogna son poing contre le mur.

- Non, souffla-t-il.

Nous tombâmes dans un long silence, où nous étions tous les deux mal à l'aise, coupables.

- Ça fait longtemps qu'on attend des efforts qui ne viennent pas. J'ai fini par me dire qu'on s'en sortirait sans toi.

Andrew ricana nerveusement.

- Y'a un moment déjà, ta mère me fuyait comme la peste. Pour briser la distance qui s'était installée entre nous j'ai essayé de changer mais c'était trop tard.

J'ai fait de même avec Julie mais elle avait déjà demandé le divorce. Elle n'y croyait plus.

Je me suis emprisonné tout seul dans un cercle vicieux. Jace n'en peut plus lui non plus de mes silences. Audrey trouve que je suis complètement largué. Toi aussi.

Il baissa la tête visiblement confus. Les larmes dégoulinèrent de mes joues.

- Je vous offrirais davantage mon écoute et j'essaierai d'être de meilleur conseil. J'essaierai de regagner votre confiance.

Je me mise à trembler et ne fut pas à même de répondre. Cette distance qu'il avait placé entre nous depuis des mois avait ruiné notre relation. Je ne pensais pas que cela soit réparable.

Me sentant pleurer, Andrew me souhaita bonne nuit et quitta la pièce.

Je me réveillai quelques heures plus tard, totalement désorientée. Je me levai péniblement de mon lit et marchai à pas lourds dans les couloirs de la bâtisse.

Je m'apprêtai à regagner ma chambre lorsque je perçus quelques chuchotements venant d'une chambre voisine. Ma curiosité habituelle me fit aussitôt réagir.

Je reconnus les voix des deux personnes qui parlaient. Il s'agissait d'Edène, la meilleure amie de ma mère et d'Andrew. Ne parvenant pas à comprendre quoi que ce soit je poussai doucement la porte déjà entrebâillée.

Cette fois-ci j'entendis sans difficulté leurs propos.

- Tu n'étais pas censé lui donner ce soir ? demandait Edène.

- Elle était tellement distante que je n'en ai pas eu le courage.

- Tu comptes toujours les lui donner j'espère ?

- Je verrai.

- Ce bijou, elle voulait qu'il appartienne à Charly tu le sais bien ! Tout comme le carton de bibelots.

- Je ne veux pas qu'elle s'enfonce dans les souvenirs, la mort de ses parents est déjà assez dure pour elle, alors si je l'encombre avec les vieux souvenirs n'en parlons même pas !

-Andrew !

- Je ferai ce qu'il y a de mieux pour elle.

Sur ces mots, Andrew sortit de la chambre. Je ne pus que bondir et retourner à tâtons dans ma chambre. Par chance il ne me vit pas. La conversation que j'avais surprise m'agita une bonne partie de la nuit.

J'étais persuadée que le carton de bibelots dont parlait Edène était celui que j'avais trouvé en dessous du lit d'Andrew. En ce qui concernait le bijou, je n'avais aucune idée de ce dont elle voulait parler.

Ma colère parvint à son paroxysme au petit matin. J'en voulais à Andrew de me priver de mon héritage, de m'avoir faite perdre une année et d'avoir par la même occasion tenté de m'amadouer.

Je traînais le plus tard dans ma chambre pour ne pas avoir à lui parler. Je n'étais pas en mesure de me contenir.

Margaret vint néanmoins me chercher et m'expliqua que nous allions tous prier sur la tombe de mes parents.

" Somehow, I would know " [ VERSION FINALE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant