ALFONSO HERRERA
Il était déjà 10h. Je n'étais pas encore aller voir le proviseur, mais rien que l'idée d'y aller me rendait nerveux. J'y serais tout de même allé ce matin-là – c'était du moins ce que j'aimais me dire – si sur le chemin en direction du bâtiment administratif je n'avais pas vu Chloé plaquée contre un mur, pétrifiée, et deux garçons lui prendre son téléphone, ses sous, et tout ce qu'il y avait d'autre à voler. Et en plus de ça, ils avaient les mains légèrement baladeuses en fouillant Chloé... La rage ne mit même pas une seconde à bouillir dans mes veines. Ma meilleure amie était une fille malheureusement trop timide, et elle n'était pas du genre à se battre. Je redoutais plus que tout depuis toujours que ce genre de choses ne lui arrive, mais je devais avouer que j'étais bien content que ça arrive à ce moment-là, car j'avais la possibilité d'être là pour elle, pour pouvoir m'occuper personnellement de ces fils de rien. Les deux garçons avaient choisi l'endroit le plus abandonné du lycée pour faire leur petite affaire : en plus d'être des crapules, ils étaient lâches. C'était désolant. Je fis glisser mon sac sur mon épaule, et le posai au sol en faisant volontairement du bruit pour révéler ma présence sur les lieux aux deux agresseurs. Ils se retournèrent et un sourire mauvais s'étira lentement sur leur visage. Ils devaient sûrement penser qu'ils ne feraient qu'une bouchée de moi et de mon style de geek avec mes lunettes. L'un ordonna à son camarade de s'occuper de moi tandis qu'il se retournait pour finir ce qu'il avait commencer. Le garçon s'approcha de moi en serrant ses poings, sans la moindre garde. Malheureusement pour lui, j'avais déjà fait de la boxe lorsque j'étais plus jeune : j'armai mon poing et le plantai dans son nez qui se mit à pisser du sang par les narines. Je fus étonné de la force qui se dégageait de mon corps, pourtant plus frêle que celui de mon adversaire, mais je veillais à garder une expression fermée et sérieuse. Il fallait croire que la haine que j'éprouvais à ce moment précis décuplait mes forces – ou alors que je me sous-estimais tout simplement un peu trop. Mon ennemi ne se dégonfla tout de même pas, et après avoir essuyé le sang qui dégoulinait de son visage sur la manche droite de son sweatshirt bleu, il revint à la charge, apparemment furieux de mon premier coup. Je lui en assénai un second, violent, dans les côtes, ce qui finit par l'achever : il était roulé en boule sur le bitume qui devenait rouge sous son visage, et il gémissait de douleur. Le second garçon se rendit compte que son collègue n'était plus sur ses deux jambes. Il laissa alors Chloé tranquille et chercha à m'attaquer. La pauvre, trop choquée par ce qui était en train de se passer sous ses yeux, ne pensa même pas à prendre ses jambes à son cou.
J'aurais pu me faire battre facilement par le mec en face de moi si je n'étais pas tant animé par le dégoût, la terreur, et la colère. J'étais loin d'être un athlète alors mes bras étaient certes pas trop mal sculptés mais mes adversaires étaient largement plus baraqués que moi, il ne fallait pas se leurrer. Toutefois, ce mec mériterait la mort d'avoir oser toucher à ma meilleure amie, mais étant donné que je n'étais pas autorisé à tuer, je me contenterais seulement de lui faire souffrir sa race. Il essaya grossièrement de me mettre un coup de poing mais je l'esquivai, et l'attrapai par la gorge. Je lui écrasai le visage contre le mur, juste à côté de Chloé.
- Qu'est ce qu'on dit maintenant, connard ?
- Pardon..., pleurnichait-il. Pardon ! Je suis désolé !
Je le décollai alors du mur et lui mit un violent coup de genou dans l'estomac. Il se roula en boule par terre, meurtri. Je pris Chloé dans mes bras, toute tremblante.
- Tu n'aurais pas dû... Tu vas être renvoyé Al'..., murmura-t-elle.
- Et alors ? Plutôt aller en prison que de laisser un salopard te toucher !
Je l'embrassai sur la joue et elle posa sa tête sur mon torse, visiblement épuisée d'avoir été agressée. La récréation se finit avec la sonnerie. Et chanceux comme j'étais, précisément au moment où je m'apprêtais à quitter le champ de bataille, le proviseur sortit du bâtiment et se retrouva face au tableau dans lequel j'apparaissais avec ma meilleure amie dans les bras, et deux garçons roulés en boule à mes pieds. Il appela immédiatement les surveillants et toutes les personnes qui pouvaient les emmener aux urgences.
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Ne cherchez pas, ça ne finira pas bien
RomanceAlfonso n'aurait jamais pensé qu'entrer en Première ferait basculer sa vie aussi brutalement. Se retrouvant très vite sans repère, il va devoir faire face sans cesse à de nouvelles épreuves que la vie a posé sur son chemin. Il fera des rencontres, p...