21 septembre

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ALFONSO HERRERA

Ce fut le contact de quelqu'un me touchait le pied qui me réveilla.

- Mmhh... Encore deux minutes maman..., je gémis.

Mais ce fut une autre personne rit à sa place. Un homme. Je me rappellai soudainement qu'il n'y avait pas la moindre chance pour que ma mère me réveille à nouveau. Du coup, je n'eus même pas la force d'ouvrir les yeux pour voir le visage taquin de Miguel. Le souvenir de ma mère qui me réveillait venait de me saper le moral pour un moment - du moins c'était ce dont j'étais persuadé à ce moment précis.

- Je suis désolé, je ne suis pas ta mère... Mais si je peux faire quelque chose pour toi, dis-le-moi.

Je sortis la tête de sous la couette et daignai finalement ouvrir les yeux. Je me retrouvai nez à nez avec lui.

- Est-ce que c'est Monsieur Silvestre le proviseur qui parle ou bien c'est Miguel ?

Il me sourit pour toute réponse. Nous avions passé des heures ensemble hier soir, bien qu'on n'aie rien fait d'inavouable même si on en avait eu envie - en tout cas, pour ma part. Après m'avoir allongé dans son lit, nous nous étions longuement et langoureusement embrassés, puis après s'être mis d'accord pour ne pas se précipiter, nous avions regardé deux films, tenté de cuisiner mais nos cupcakes s'étaient avérées immangeables, et puis nous nous étions juste endormis dans son lit. Et maintenant que j'étais bien réveillé, il était toujours allongé à quelques centimètres de moi. Ce n'était donc pas un rêve. J'avais du mal à le croire ; je trouvais ses attentions envers moi surprenantes. En fait, je ne me rappelais même pas qu'un jour quelqu'un se soit intéressé à moi de cette façon - mise à part ma mère évidemment. Et puisqu'un baiser valait bien mille mots, j'en déposai délicatement un sur ses lèvres pour le remercier de s'occuper de moi.

- Il est 7h, si tu te sens d'aller au lycée..., dit-il après s'être très lentement détaché de mes lèvres.

Je rabattis la couette sur mon visage en gémissant, ce qui fit rire Miguel.

- Mais quelle chance j'ai ! Ce mec canon est en réalité une feignasse !

Je sortis mes yeux de la couverture, intrigué, et le vit qui sortait de la chambre en riant ; je me levai d'un bond et parvins à le rejoindre à temps pour le retenir dans la pièce en l'attrapant par le bras.

- J'ai bien entendu "ce mec canon", ou bien mes oreilles me jouent des tours ?

Il sourit, se détacha de moi avec malice, et alla dans la salle de bain. Après avoir secoué la tête tout en le regardant s'éloigner en direction de la salle d'eau, je me rendis compte qu'il y avait un long miroir dans la chambre et je trouvai, en m'y observant, que mon visage avait repris son aspect des bons jours, et j'en étais impressionné : en une soirée, il aurait réussi à faire s'envoler une semaine de nuits blanches et maussades ? Je ramassai mon t-shirt qui gisait à mes pieds, l'enfilai, et ramassai mon sac à dos de cours, posé dans un coin. Je fis les lacets de mes baskets et j'étais enfin prêt quand M. Silvestre revint finalement dans la pièce, très chic. Il portait une chemise blanche qui laissait deviner ses pectoraux, et un costume bleu marine par-dessus. Je sifflai en le voyant passer le pas de la porte.

- Eh bien, eh bien, Monsieur le Proviseur... Vous êtes bien beau ! Puis-je savoir pour qui est cet honneur ?

Il sourit timidement.

- Je dois reconnaître que nous avons de la chance que j'ai refusé le logement de fonction parce que je te vois très mal sortir du bâtiment et te rendre au lycée sous le regard de tout le monde.

Nous riâmes tous les deux en imaginant ce qu'on aurait dû dire si ça avait été le cas. Mais dans le fond ça me rendait un peu triste d'être dans cette situation. Personne n'avait dit que nous formions un couple, je le savais. Nous venions tout juste de nous rencontrer... Mais nous ne pouvions pas nous dévoiler au grand jour. Malgré le siècle auquel nous vivions et les lois qui avaient été mises en place, il ne fallait pas se voiler la face : les gens ne faisaient généralement pas de louanges aux gays... Et je n'aimais pas attirer l'attention sur moi. En plus de ça, il était majeur, et moi mineur. Et pour finir en beauté, il était mon supérieur au bahut. Il risquerait gros si on sortait publiquement ensemble. Il lut sur mon visage que quelque chose me tracassait. Je lui étalai alors mes préoccupations.

Ne cherchez pas, ça ne finira pas bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant