ALFONSO HERRERA
Une fois la fin des cours sonnée à 18h, je sortis du lycée. Mais, contrairement aux autres jours, j'en sortais avec un sourire idiot imprimé sur le visage ; je me dis que bientôt, à ce rythme, ce serait impossible de faire plus sentimental, et ça ne me ressemblait pas vraiment. J'avais de la chance d'être seulement en Première l'année de l'arrivée de Monsieur Silvestre au poste de proviseur : j'allais pouvoir passer 2 ans dans cet établissement avec lui - à conditions que tout se passe comme prévu, mais je ne voyais pas pourquoi ce ne serait pas le cas.
J'avais décidé de prendre de grosses bouffées de bonne humeur avant de rendre visite à Chloé : ma pauvre meilleure amie n'avait pas eu la même chance que moi...
Je préférais me rendre à l'hôpital à pied, ça me permettait de réfléchir.J'arrivai enfin dans le sinistre établissement. Si sa devanture paraissait sombre, l'intérieur était encore pire. Malgré la présence d'imposantes fenêtres, la lumière se faisait rare dans la pièce dans laquelle l'accueil se faisait, à croire que le soleil préservait ses propres rayons de cet endroit. Du coup, la peinture blanche des murs paraissaient plutôt grisâtre, et ce n'était pas très beau. Cet endroit avait l'air sale et déprimant ; je doutai alors de l'aide que procurait cet endroit à mon amie... Je signai mon heure de visite à l'accueil en mentionnant mon nom, et je la vis enfin à travers la petite vitre de la porte qui me séparait encore d'elle. Elle était assise sur un siège, en tailleur, droite, les yeux dans le néant. La pauvre n'avait pas bonne mine. Ses cheveux étaient totalement ébouriffés et emmêlés, signe qu'elle ne se coiffait plus. J'en étais triste, car j'avais l'agréable souvenir qu'elle aimait tant se faire des coiffures extravagantes... Son regard était creusé par des cernes devenus violets. Et puis ses yeux étaient rougis. Je ne saurais même pas dire si cette rougeur et ce gonflement étaient dus à des larmes récentes, ou à de plus anciennes. Sentant probablement mon regard peser sur elle, elle leva les yeux dans ma direction, et lorsqu'elle me vit, j'eus l'impression qu'une nouvelle personne émergeait de cet amas de tristesse : un sourire éclaira son beau visage, reliant ses deux oreilles, comme au bon vieux temps, et ses yeux pétillaient de nouveau. La voilà. Elle me sauta au cou et je la fis tournoyer au milieu de la pièce, jusqu'à ce qu'une infirmière brise notre moment magique en disant que c'était dangereux.
- Alors ?, commença-t-elle en remettant ses vêtements en place toujours avec son beau sourire. Je veux absolument tout savoir !
Je m'assis à côté d'elle, et pendant une bonne heure, je lui parlai des derniers potins, des dernières nouvelles. Tout se passait bien pour la première fois depuis longtemps dans ma vie, j'avais enfin l'impression que tout avait repris son cours... Nous parlâmes comme nous avions toujours parlé, comme si rien n'avait jamais changé, et une pointe de nostalgie s'empara de moi. Lorsque j'eus fini de tout mettre à jour, elle finit par prendre la parole :
- Tu sais, j'ai beaucoup réfléchi depuis que je suis ici et je me rends compte que la vie ne tient réellement qu'à un fil, tu vois. Hier je gambadais dans les prés telle une heureuse écervelée, et aujourd'hui je suis coincée ici et je me pose des tas de questions existentielles. Je pense aujourd'hui qu'il faut vivre la vie à fond et tout faire pour ne pas avoir de regret, alors je souhaiterais te dire une chose. Voilà, je t'aime Al'. Depuis toujours. Notre amitié était ma bouée, un moyen d'être proche de toi en attendant le bon moment. Mais après tout ce qu'on a vécu, je me suis dit qu'il faut tenter le tout pour le tout. Alors voilà...
Elle cherchait à croiser mon regard pour lire dans mes pensées, deviner si ses sentiments étaient partagés, mais je gardais la tête baissée et le regard ancré sur mes baskets. Je m'étais préparé à presque toutes les éventualités avant de lui rendre visite, mais ça... Je ne l'avais pas vu venir. Je cherchai une réponse à lui donner, sans trop la brusquer ; j'avais peur, si j'étais trop direct, de lui infliger une douleur qui briserait notre amitié et la ferait regresser dans ses progrès ici. Je lui pris la main, et acceptai finalement de plonger mon regard au plus profond du sien.
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Ne cherchez pas, ça ne finira pas bien
RomanceAlfonso n'aurait jamais pensé qu'entrer en Première ferait basculer sa vie aussi brutalement. Se retrouvant très vite sans repère, il va devoir faire face sans cesse à de nouvelles épreuves que la vie a posé sur son chemin. Il fera des rencontres, p...