XXII

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Le gardien venait de lui ouvrir la porte suivi de son infirmier de garde qui l’aidait à se déplacer sur sa chaise roulante. Il n’avait pas du tout une bonne mine, l’expression de son visage était mélangé de morosité et d’indigné. Il arriva au salon en visitant des yeux toute la maison qu’il semblait être étranger des lieux. Le décor de la maison a été changé sans être avisé ni être consulté pour son autorisation, son regard se défila en haut du mur mais ne vit plus la photo de sa première femme qui, depuis son mariage, n’avait pas connu de déplacement. Il savait pertinemment l’artisan de cette œuvre incongrue, qui d’autre ferait ça si ce n’est Tabara ? Celle-ci semblait sortir de ses gonds à ce chaque fois qu’il parlait de sa défunte femme ; juste l’entente de son nom semblait la tenailler au plus fond de son être. Au  début elle cachait son dégoût, sa rage la brulait intérieurement mais à la fin elle ne se gênait plus de sortir des insanités quand son mari commençait à se remémorer de Khadija ; Et Mohamed se sentait faible au fond de lui de ne pas trouver la force et les mots pour la défendre. Depuis un moment il est mis en rade, il n’est consulté que pour des signatures de dossiers à part ça il pouvait se considérer moins qu’un meuble. Il entra dans sa chambre et trouva sa femme qui venait de sortir de la douche en passant la serviette sur son corps qui n’arrivait pas à perdre toute sa jeunesse. Elle feignit de ne pas remarquer la présence de son mari qui la lorgnait des yeux.

-Tabara, Tu veux te payer ma tête ou quoi ?

-Ah Mohamed t’es venu ?

-Pourquoi n’es-tu pas venue me récupérer à l’hôpital ?

-Désolé, j’étais un peu prise  par d’autres chats

-Plus important que de venir me prendre à l’hôpital ? Mais qu’est qui ne marche pas chez toi ?

- dafa doy ( Ca suffit )  , dit-elle en se tapant dans les mains . Ce n’est pas assez clair ce que je viens de te dire ? Je n’ai pas eu le temps de venir te prendre, tu veux quoi maintenant ?

-Ça m’intéresserait de savoir qu’est qui t’occuperait ? Tu ne travailles pas, tu ne fais rien dans la vie. Tu n’as pas de gosses à occuper, la seule chose à faire c’est d’être à mon chevet et à mes services.

- La question que tu dois te poser est si je te considère toujours comme mari , khamo seu bop nak .

- Quoi ? cria-t-il … Qu’est-ce que tu viens de me sortir là ?

-Tu m’as bien entendue. Tout ce que tu as besoin là c’est une assistante sociale qui pourrait t’aider à pousser ta chaise et s’occuper éventuellement de toi à la maison de retraite, crois-moi ça te pend au bout du nez.

Il ouvrit la bouche et la referma de suite, des larmes perlèrent ses joues. Il ignorait même la raison de ses larmes, il se sentait juste solitaire et contriste. Tabara se drapa dans un des grands boubous et monta dans la chambre de son fils. Elle le trouva assis sur le lit l’air désorienté en serrant fort son téléphone.

-Toujours aucune nouvelle d’elle ?

-Non maman, la seule chose que j’ai envie en ce moment est qu’on me retrouve Modou et que je le décapite avec mes propres mains. Il me le paiera wAllah .

-J’ignore vraiment la raison pour laquelle Modou s’est donné la peine de l'aider à s'échapper

- Modou a été toujours un fervent disciple de l’argent, ceci maman tu le sais. C’est un sale corrompu, un moins que rien surement elle lui a promis une belle somme si elle l’aide à prendre la poudre d’escampette.

-En tout état de cause, nous courrons un grand risque. Et sa fille kéne, elle est au Sénégal ?

-Non un de mes éléments en France a localisé sa maison, il m’a dit qu’il y ‘a personne là-bas et qu’elle est partie à Dubaï en voyage d’affaires avec son patron.

Elle Croyait Que La Roue Ne Tournait Pas ♡♤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant